Présidentielle tunisienne : Kaïs Saïed annonce sa candidature

21/07/2024 mis à jour: 18:56
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Le président tunisien, Kaïs Saïed, a fait le choix, dès le début de son premier mandat, de miser sur la Tunisie d’en bas

Comme prévu, l’actuel président tunisien, Kaïs Saïed, a annoncé avant-hier sa candidature à la prochaine présidentielle. Il a fait le choix symbolique de faire l’annonce à partir de Borj El Khadhra, le point le plus éloigné au sud de la Tunisie, pour dire que «la Tunisie est unifiée du nord au sud et de l’est en ouest». Borj El Khadhra représente également le point d’intersection de la Tunisie avec l’Algérie et la Libye, donnant un message clair de la destinée commune des trois pays. 

Dans son allocution de candidature, le président tunisien a insisté sur le fait qu’il s’agit d’une «réponse à l’appel du devoir sacré… pour poursuivre la lutte dans la bataille de libération nationale». Les récents déplacements du président Saïed à Gabès, Jebaniana ou Hammam-Lif s’intègrent tous dans une veillée d’armes avant la campagne électorale officielle. Le président tunisien a retiré hier son imprimé de parrainages auprès de l’ISIE.


Depuis son accession à la présidence de la République, Kaïs Saïed n’a cessé de parler sur le ton d’un messager,  chargé de rétablir l’équité et d’aider les démunis en Tunisie. Il a toujours répété en s’adressant aux citoyens qu’il est là pour réaliser leurs vœux, et ce, lors de ses bains de foule réguliers. Kaïs Saïed a toujours cherché à faire renaître l’espoir chez les populations désespérées de voir réaliser les rêves nés de la chute de Ben Ali un certain 14 janvier 2011. 

Il a constaté à son arrivée au pouvoir en 2019 que les caisses de l’Etat étaient vides et il a promis de lutter contre la corruption, qui s’est amplifiée durant la dernière décennie, afin de trouver les fonds nécessaires pour le développement. Jusque-là, c’est l’unique président tunisien, avec Bourguiba, à se permettre, le long de son mandat de cinq ans, des bains de foule sans se faire chahuter par la population. Pourtant, le pays peine à reprendre son train de croissance économique d’avant 2011 et traverse d’immenses difficultés socioéconomiques. L’équation macroéconomique reste difficile à résoudre en Tunisie malgré l’éloignement du spectre de la faillite, annoncée inévitable en 2022 et 2023. 
 

Bilan et programme

Depuis son coup de force du 25 juillet 2021, Kaïs Saïed a surtout agi au niveau des institutions politiques et des grands choix économiques et financiers du pays. Ainsi, il a organisé un référendum le 25 juillet 2022 pour faire passer une nouvelle Constitution, validée par 94,6% des 2 830 094 votants. La participation populaire a été pratiquement la même que lors des élections législatives de 2019, qui ont vu la participation de 2 946 628 votants. Depuis ce référendum, le président tunisien s’est adjugé les pleins pouvoirs. Il a installé un nouveau gouvernement et ordonné l’organisation des élections pour constituer les deux Chambres du Parlement tunisien, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le Conseil national des régions et des districts. Sur le plan économique, le président Saïed s’est surtout opposé au diktat des institutions financières internationales. Il a refusé les conditions proposées par le Fonds monétaire international pour un accord avec la Tunisie en 2021/22/23. Les gouvernements Bouden et Hachani ont appliqué des directives d’austérité ayant permis d’éviter la faillite annoncée du pays. Toujours sur le plan de la gestion, le président tunisien a lancé une opération mains propres qui n’a pas encore apporté ses fruits. La Tunisie a évité le purgatoire mais le redressement se fait attendre.


Lors de l’élection de 2019, le candidat Saïed n’a pas présenté de programme électoral comme il est d’usage. Il avait alors dit que «c’est le peuple qui établit le programme qu’il veut» et il maintient aujourd’hui la même attitude. Sur le plan pratique, la situation socioéconomique est chancelante avec un taux de croissance à peine supérieur à zéro durant les années post-Covid. 

Le choix du président Saïed de sauvegarder les entreprises publiques crée un besoin d’assurer leur fonctionnement (6% du PIB) aux dépens des encouragements à l’investissement. En plus, le poids de 17% du PIB de la Fonction publique est une lourde tare à ménager. Si l’on ajoute l’impact de la sécheresse sur les rendements agricoles et les problèmes rencontrés par le secteur des phosphates et dérivés, on comprend les raisons du recul du décollage de l’économie tunisienne. 

Les fonds manquent pour redresser l’économie. Le candidat-président Kaïs Saïed est appelé à relever tous ces défis durant la prochaine législature qu’il brigue auprès des Tunisiens, puisqu’il a doté la Tunisie de l’architecture institutionnelle préférable pour lui. Les Tunisiens attendent l’impact des réalisations de Kaïs Saïed sur leur vécu quotidien.
 

Tunis
De notre correspondant  Mourad Sellami

 

 

 

La course aux parrainages

Les potentiels candidats ont jusqu’au 6 août 2024 pour retirer les imprimés des parrainages auprès de l’ISIE, dernier jour de dépôt des candidatures. Le porte-parole de l’ISIE, Mohamed Tlili El Mansri, avait annoncé jeudi dernier que 69 retraits d’imprimés de parrainages avaient été enregistrés jusqu’à la veille, mercredi, en fin de journée. Et comme le président Saïed s’est présenté hier, ainsi que Imed Daïmi, l’ex-député, il y a au moins 71 prétendants en train d’œuvrer pour se porter candidats au scrutin du 6 octobre 2024. Le dépôt des candidatures aura lieu du 29 juillet au 6 août. L’ISIE annoncera la liste préliminaire des candidats retenus le 11 août.  M. Sellami

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