Présidentielle au Guatemala : Ancienne Première dame contre fils de président

27/06/2023 mis à jour: 23:46
AFP
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Une ancienne Première dame, Sandra Torres, contre un fils d’ancien président, Bernardo Arevalo : au Guatemala, deux candidats sociaux-démocrates sont arrivés en tête du premier tour de l’élection présidentielle, selon des résultats quasi définitifs lundi.
Ils devront être départagés le 20 août par les quelque 9,4 millions d’électeurs inscrits. 
 

Sandra Torres, ambitieuse ex-Première Dame  

Arrivée en tête, la candidate de centre gauche, Sandra Torres, 67 ans, a été l’épouse de l’ancien président de gauche Alvaro Colom (2008-2012), décédé cette année. «Plus de papa gouvernement, maintenant le Guatemala va avoir une maman gouvernement», a lancé avant le premier tour celle qui a déjà échoué trois fois à l’élection présidentielle. 

Elle avait été battue au second tour en 2015 et 2019. «Rappelez-vous que nous, les femmes, nous sommes de bonnes gestionnaires. Nous faisons durer l’argent pour pouvoir finir le mois», a ajouté Mme Torres.En 2011, elle avait divorcé de son mari pour contourner l’interdiction faite aux parents proches d’un ancien chef de l’Etat de briguer la présidence. Elle dirige désormais le parti Union nationale de l’éspérance (UNE) qui avait porté son défunt ex-mari au pouvoir.

Mme Torres a focalisé sa campagne sur la lutte contre les bandes criminelles et veut imiter le président salvadorien Nayib Bukele. Elle promet de combattre la pauvreté grâce à des programmes d’aide alimentaire et de formation.

Accusée de financement illégal de sa campagne de 2015 pour laquelle 2,5 millions de dollars n’avaient pas été comptabilisés, les poursuites ont été abandonnées.Divorcée en 2002 d’un premier mari dont elle a eu quatre enfants, elle avait épousé Alvaro Colom l’année suivante. 

Née en 1955 dans la région de Peten (nord), célèbre pour ses vestiges maya, Sandra Torres est diplômée en communications et a travaillé pour une entreprise textile jusqu’à son entrée en politique.Décrite comme autoritaire, les milieux conservateurs l’accusent d’avoir participé à la guérilla marxiste durant la sanglante guerre civile (1960-1996), ce qu’elle a toujours nié. «Elle est tenace et travaille dur», reconnaît son ancien allié, le député Oscar Argueta, qui lui reproche cependant d’être prompte à «écarter» ceux qui «ne lui sont plus utiles».
Bernardo Arevalo, l’outsider 
 

Le député de centre gauche Bernardo Arevalo a créé la surprise en prenant la deuxième place sous la bannière du parti Mouvement Semilla (graine, en espagnol). Il était placé en 8e position avec 2,9% des intentions de vote dans le dernier sondage de l’institut Prodatos. 

Ce sociologue de 64 ans, ancien diplomate de carrière, est le fils de l’ex-président Juan José Arevalo (1945-1951), resté dans la mémoire des Guatémaltèques comme le premier chef de l’Etat démocratiquement élu. Le père du candidat avait mis fin en 1945 à 13 années de dictature de Jorge Ubico, un admirateur d’Adolphe Hitler qui avait imposé le travail forcé à la population autochtone maya.Bernardo Arevalo est né en 1958 dans la capitale uruguayenne, Montevideo, durant l’exil de son père qui avait dû quitter le pays après l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire. 

Un coup d’Etat organisé par les Etats-Unis avait renversé son successeur constitutionnel Jacobo Arbenz. L’exil de sa famille l’a mené ensuite en France et au Mexique, notamment. 

Il a vécu à l’étranger jusqu’à l’âge de 15 ans, quand il a pu enfin s’établir au Guatemala. Entré dans la carrière diplomatique dans les années 1980, il a été vice-ministre des Affaires étrangères en 1994-1995, avant d’être ambassadeur en Espagne jusqu’en 1996, sous le gouvernement du président Ramiro de Leon Carpio.

Durant sa campagne, il a promis de suivre les pas de son père pour améliorer l’éducation et combattre la violence et la misère dont souffrent 59% des 17,6 millions de Guatémaltèques.
 

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