Alors que les médias américains apportent traditionnellement leur soutien aux candidats à la présidentielle depuis plus de cent ans, beaucoup renoncent désormais à prendre position.
À l'approche de l'élection présidentielle américaine, plusieurs grands médias, notamment le *Washington Post* et le *Los Angeles Times*, ont pris une décision surprenante : ils ont annoncé qu'ils ne soutiendraient officiellement aucun candidat. Cette rupture avec la tradition, qui veut que les journaux apportent leur soutien à un candidat à la présidence, a provoqué un vif débat.
Le *Washington Post*, historiquement plutôt aligné à gauche, a déclaré qu'il ne soutiendrait ni Kamala Harris ni Donald Trump, invoquant la nécessité de préserver son indépendance. Cela a provoqué des réactions critiques, notamment de la part d'anciens journalistes de renom du journal, tels que Bob Woodward et Carl Bernstein, qui ont dénoncé cette décision, affirmant que le journal ignore ses propres conclusions journalistiques sur la menace que représente Trump pour la démocratie. Marty Baron, ancien rédacteur en chef du journal, a lui aussi exprimé son désaccord, qualifiant cette décision de « lâcheté ».
La situation est similaire au *Los Angeles Times*, où le propriétaire Patrick Soon-Shiong a bloqué la décision du comité éditorial de soutenir Kamala Harris. Cette intervention a conduit plusieurs employés à démissionner, dont Mariel Garza, la responsable éditoriale, qui a dénoncé le silence de l'entreprise face aux enjeux politiques.
Le refus de ces médias de prendre position, selon certains analystes, pourrait être motivé par des considérations économiques et stratégiques. Certains estiment que ces grands propriétaires de médias ne veulent pas s'aliéner Donald Trump, qui pourrait revenir au pouvoir et avec qui ils pourraient avoir des intérêts financiers.
Cette situation reflète aussi une évolution dans le paysage médiatique américain, où la polarisation politique et la crise économique des médias ont affaibli l'influence des soutiens traditionnels de la presse. Néanmoins, comme le rappelle Jane Hall, professeure en communication à l'American University, ces soutiens demeurent importants, surtout dans un contexte où la liberté de la presse est menacée. Le refus des grands journaux de se positionner envoie un signal inquiétant à leurs propres journalistes et au public quant à l'état de la démocratie et de la liberté de la presse.