«Nous assistons à ce qui pourrait devenir la plus grave crise de réfugiés en Europe de ce siècle», a mis en garde, avant-hier à Genève, Filippo Grandi, le haut commissaire de l’ONU chargé des réfugiés.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a jeté, depuis jeudi dernier, de centaines de milliers de réfugiés ukrainiens sur les routes de l’exil vers les pays voisins. Le nombre de réfugiés a bondi de près de 200 000 ces dernières 24 heures, selon les derniers décomptes de l’ONU publiés hier, portant à 874 000 le nombre de personnes ayant fui depuis le 24 février l’avancée de l’armée russe en Ukraine pour des pays limitrophes. Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) recensait exactement 874 026 réfugiés sur son site internet à midi, soit 196 783 personnes de plus que la veille.
Un exode massif qui témoigne des conséquences humanitaires dramatiques entraînées par l’offensive militaire russe contre son voisin. Les autorités et l’ONU s’attendent à ce que le flot s’intensifie, alors que l’armée russe a concentré ses efforts sur des grandes villes ukrainiennes.
Selon l’ONU, ce sont 4 millions de personnes qui pourraient vouloir quitter le pays pour échapper à la guerre. «Nous assistons à ce qui pourrait devenir la plus grave crise de réfugiés en Europe de ce siècle», a mis en garde, avant-hier à Genève, Filippo Grandi, le haut commissaire de l’ONU chargé des réfugiés. L’ONU et ses organisations partenaires ont lancé un appel d’urgence pour lever 1,7 milliard de dollars, dont 1,1 milliard pour venir en aide aux Ukrainiens qui n’ont pas fui et un peu plus de 550 millions de dollars pour les réfugiés.
L’ONU a estimé à un million le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de l’Ukraine du fait de l’invasion russe, a déclaré Karolina Lindholm Billing, la responsable du HCR pour l’Ukraine. Le HCR s’efforce actuellement d’augmenter son aide à l’intérieur des frontières du pays en guerre.
«Il y a vraiment un besoin humanitaire incommensurable», a-t-elle affirmé, citant notamment le besoin de loger ou de nourrir les déplacés. La Pologne, qui a déclaré son soutien indéfectible à l’Ukraine, accueille de très loin le plus grand nombre de réfugiés qui arrivent depuis le début de l’invasion russe. Au total, ils étaient 453 982, selon le décompte du HCR, soit 51,9% du total. Selon les gardes-frontières polonais, 98 000 personnes sont entrées en Pologne depuis l’Ukraine au cours de la seule journée de mardi.
L’effort de solidarité envers les réfugiés, qui arrivent souvent avec très peu de choses, s’appuie notamment sur les réseaux sociaux, où les gens s’organisent, font des collectes d’argent, de médicaments, offrent des logements, des repas, du travail ou un transport gratuit pour les réfugiés. Avant cette crise, la Pologne abritait déjà environ 1,5 million d’Ukrainiens venus, pour la plupart, travailler dans ce pays membre de l’Union européenne.
De son côté, la Hongrie a accueilli 116 348 réfugiés, selon le HCR. Le pays compte cinq postes-frontières avec l’Ukraine et plusieurs villes frontalières, comme Zahony, ont aménagé des bâtiments publics en centres de secours, où des civils hongrois viennent proposer vivres ou assistance.
En Moldavie, le nombre de réfugiés est passé à 79 315, soit 9,1% du nombre total, contre moins de 40 000 lundi.
En Slovaquie, quelque 67 000 personnes ont fui l’Ukraine et se sont réfugiées dans ce pays, soit 7,7% du total, d’après le HCR. En Roumanie, le HCR comptait 44 540 réfugiés. Les autorités évoquent 118 461 réfugiés qui sont entrés en Roumanie depuis l’invasion, dont quelque 70 000 ont déjà quitté le territoire. Deux camps ont été mis en place, un à Sighetu Marmatiei et l’autre à Siret.
Le HCR a aussi précisé que 69 600 personnes (8% du total) avaient poursuivi leur route, une fois la frontière ukrainienne franchie, vers d’autres pays européens. Ainsi, la République tchèque a accueilli 20 000 réfugiés depuis le début de la guerre, a indiqué le Premier ministre, Petr Fiala. Une porte-parole de la police a indiqué que 14 000 s’étaient enregistrés dans les 72h ayant suivi leur arrivée, comme l’exige la loi.