A quelques jours de la rentrée scolaire, de nombreux parents n’arrivent toujours pas à acheter les fournitures essentielles pour leurs enfants. L’étau financier, avec la hausse des prix, est en train de se resserrer chaque jour davantage sur les familles, depuis le lancement du compte à rebours pour la rentrée.
Pour faire face à cette crise d’inflation lourdement ressentie par la population, les pouvoirs publics ont annoncé l’ouverture des «souks Errahma» voués exclusivement aux fournitures scolaires à l’échelle nationale durant le mois de septembre.
Dans la capitale de l’Est, cette mesure n’était pas vraiment à la hauteur des attentes des Constantinois.Non seulement sur tout le territoire de la wilaya il n’y a que deux marchés. Un, comptant une vingtaine de stands, a été organisé par la direction et la chambre du commerce, en coordination avec la commune de Constantine à la place Ahmed Bey (Dounia Taraif).
Selon des sources bien informées, c’était difficile d’obliger les fournisseurs, les grossistes et les artisans à participer à cette action en vendant des articles aux prix de gros. «Les fournisseurs se sont rapprochés directement des APC, pour obtenir l’agrément. Il y a un autre marché à Ali Mendjeli, d’environ une dizaine de stands. Un autre a obtenu son agrément de la part de la commune d’El Khroub, mais il n’a pas encore ouvert», a déclaré à El Watan le directeur du commerce de la wilaya de Constantine.
Pour ce qui est des prix, la différence n’est pas vraiment remarquable. «Pour les cahiers, vous pouvez trouver ici 10 DA de moins, par rapport aux libraires et détaillants. La différence devient importante, quand un père de famille prend 20 cahiers, il gagne 200 DA», a déclaré un vendeur à la place Ahmed Bey, en insistant sur la hausse du prix du papier. Et d’exprimer sa déception face au manque d’engouement.
Tout un budget
«Plusieurs parents ont déjà acheté le gros auparavant. D’autant plus c’était la période des vacances, il faut attendre la rentrée scolaire pour avoir les listes fournies par les enseignants», a-t-il argué. Une autre femme trouve que les prix ont triplé cette année. Les cahiers de 64 et 96 pages coutent respectivement 55 DA et 80 DA au prix de gros. Les cahiers de 120 jusqu’aux 288 pages sont vendus entre 105 et 270 DA. «L’année passée, on a vendu le cahier de 96 DA à 25 DA au prix de gros», commente le même vendeur.
Rencontrés sur place, des pères de famille considèrent que les prix ne sont pas si accessibles comme cela a été annoncé. «J’ai déjà acheté des tabliers de production locale à 500 DA pour la fille et 750 DA pour le garçon. Ce n’est pas le top, mais la qualité n’est pas si médiocre. Pour la bonne qualité, il faut débourser 2000 DA et plus.
Après plusieurs lavages, je me retrouverai contrainte d’acheter un deuxième tablier pour les deux. Les prix sont pratiquement les mêmes partout», affirme Farid un père de deux gosses, soulignant que ce marché n’a pas vraiment fourni des produits à des prix accessibles en adéquation avec le pouvoir d’achat moyen des Algériens. Une quadragénaire réplique que ce n’est pas évident avec trois enfants, dont deux au primaire et un au collège.
Pour ses deux filles de 2e et 4e année primaire, la maman a dû dépenser 7000 DA, uniquement pour les articles scolaires, y compris les livres.
Pour l’aîné, élève au CEM, notre interlocutrice parle d’un salaire à part, cité l’exemple le prix du registre le moins cher à 450 DA. Pour les sacs à dos, les tenues vestimentaires et les tabliers, la maman accompagnée de ses trois enfants dira en soupirant : «C’est un autre budget ; cette fois on leur a appris à gérer la situation selon les priorités». Plus la liste s’allonge, plus les dépenses augmentent. C’est la raison pour laquelle, nous avons rencontré plusieurs pères de familles qui n’ont rien acheté jusqu’à présent.
Certains nous ont orienté vers l’informel qui a envahi, depuis la fin du mois écoulé, la rue 19 juin (ex-rue de France). Un engouement incroyable des parents, où les articles scolaires se vendent à même le sol. «Même ces marchés Errahma n’étaient pas tous au rendez-vous.
La marge bénéficiaire est plus importante pour les fournisseurs», déplore un citoyen qui s’est interrogé sur la situation pour les autres communes.