Premiers rounds de négociation entre le mouvement Hamas et Israël : Netanyahu tente à nouveau de dynamiter le processus

14/07/2024 mis à jour: 18:24
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Le Hamas accuse Netanyahu de poursuivre sa politique de temporisation pour gagner du temps et faire échouer ce cycle de négociations - Photo : D. R.

Pendant que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, durcit ses engeances pour un accord pour un cessez-le feu durable en contrepartie de la libération des «otages» et de prisonniers palestiniens, Washington libère une cargaison de 1700 bombes, pesant chacune 200 kilogrammes, destinée à l’Etat hébreu, qui s’ajoute à un arsenal de 14 000 bombes de 907,18 kg, 500 bombes de 226,7 kg, 600 bombes de 113,3 kg, 3000 missiles Hellfire et 1000 000 bombes antibunker non spécifiées, livré depuis le début de la guerre contre Ghaza. Ce qui lève le voile sur l’objectif commun des Etats-Unis et d’Israël de poursuivre le génocide, sans se soucier des dizaines de milliers de civils tués, afin de faire plier une résistance encore debout après neuf mois de bombardements.

Les informations fuitées des premiers rounds de la négociation, à Doha et au Caire, entre le Hamas et l’entité sioniste, entamés mercredi dernier pour un accord de cessez-le-feu, continuent d’alimenter le contenu de nombreux médias internationaux. Elles lèvent le voile sur l’intention délibérée et réaffirmée – comme à chaque fois – du premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahu, de dynamiter toute possibilité d’accord. Comment ? En imposant de nouvelles exigences qui rendraient difficile voire impossible à concrétiser un éventuel accord. Cela alors que le Hamas s’est montré plus flexible.

En effet, jeudi dernier alors que le président Biden se déclarait, lors d’une conférence de presse, «confiant» à propos de la conclusion d’un accord, en soulignant qu’«il y a encore des divergences, mais nous progressons et la tendance est positive», et que son conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan lui emboîtait le pas, pour y voir des «signes plus positifs aujourd’hui qu’ils ne l’ont été ces dernières semaines», Netanyahu revient le même jour sur ses propres positions liées à la frontière, en annonçant qu’«Israël gardera le contrôle du territoire (…), le long du corridor de Philadelphie, et du poste frontière de Rafah».

«Tout accord doit permettre à Israël de reprendre les combats à Ghaza jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints. Israël n’acceptera pas le retour des militants armés du Hamas dans le nord de la bande de Ghaza», tout en insistant pour qu’un «nombre maximum d’otages vivants soient libérés» lors de la première phase de l’accord.

Un revirement, précédé par une grande polémique autour du mandat de la délégation des négociateurs constituée, pourtant, par les plus hauts responsables de sécurité, à savoir les patrons du Mossad, David Barnea, du Shin Bet, Ronen Bar, et du chargé des «otages» pour l’armée, Gal Hirsch.

Dès le départ, la délégation avait carte blanche pour négocier l’accord. Cependant, la déclaration de Netanyahu a été une surprise, d’autant que le patron du Shin Bet, selon de nombreux médias israéliens, et son «équipe avaient obtenu un mandat pour négocier». Le cabinet du Premier ministre n’a pas tardé à recadrer les propos du responsable, en déclarant le contraire.

Citant un «haut responsable impliqué dans les négociations» sans l’identifier, la 12e chaîne de télévision israélienne a affirmé que Netanyahu retardait l’accord avec de «nouvelles exigences», avant de reprendre les propos de sa source. «C’est le moment de vérité pour les otages. Nous pouvons parvenir à un accord d’ici deux semaines et ramener les otages chez eux. L’insistance du Premier ministre à mettre en place un mécanisme pour empêcher le mouvement des agents armés va bloquer les négociations pendant des semaines et il se peut qu’il n’y ait plus personne à ramener», a déclaré le «haut responsable».

Les manœuvres dilatoires de Netanyahu

Pour le média électronique israélien Walla, «Netanyahu a soulevé la question lors d’une réunion avec l’équipe de négociation jeudi soir» et que celle-ci avait exprimé son «opposition» à cette nouvelle condition et précisé que «celle-ci n’était pas réalisable. Mais Netanyahu insistait sur ce point (…)». Selon le «haut responsable», cette exigence «ne faisait pas partie de la proposition israélienne du 27 mai. On ne sait pas pourquoi Netanyahu soulève cette exigence maintenant.

Les services de sécurité savent comment gérer le retour des groupes armés dans le nord de Ghaza». «D’autres responsables» abondent dans le même sens, en expliquant que «(…) Netanyahu risquait de perdre sa coalition si l’accord entrait en vigueur, les partis d’extrême droite s’étant engagés à se retirer si l’accord était conclu».

Dans un communiqué, le Hamas accuse l’occupation de «poursuivre sa politique de temporisation pour gagner du temps et faire échouer ce cycle de négociations, comme elle l’a fait lors des cycles précédents». Pourtant, des avancées ont été obtenues puisque l’Egypte a accepté la construction d’un mur souterrain de son côté de la frontière pour bloquer les tunnels avec un financement de l’administration américaine qui avait donné son accord. La question qui reste posée est celle de savoir si réellement Netanyahu souhaite un cessez-le-feu.

La presse américaine, citant des responsables israéliens impliqués dans les négociations, affirme que le Premier ministre israélien «certes souhaite un accord, mais il est prêt à pousser les négociations jusqu’au bout». Il n’est pas exclu que Netanyahu puisse encore opposer son veto sur un autre point, celui lié à la libération de certains prisonniers palestiniens.

Le durcissement des positions de Netanyahu ne connaît pas de fin. Cette position ne semble pas préoccuper outre mesure le président Biden, à l’origine de la dernière mouture de l’accord soumis aux négociations, à la suite d’un travail en coulisses auquel ont pris part le directeur de la CIA, Bill Burns, et le principal conseiller du président Joe Biden pour le Moyen-Orient, Brett McGurk, après de nombreux déplacements au Caire, à Doha et à Tel-Aviv.

Bien au contraire, après le violent réquisitoire de Netanyahu contre Washington pour avoir gelé une cargaison d’armes à destination de l’Etat hébreu fin juin dernier, les relations sont revenues à la normale et la décision de lever l’embargo sur les armes à destruction massive a été prise, malgré cette guerre génocidaire qui a fait près de 39 000 morts. Jeudi dernier, lors de sa conférence de presse, Biden avait pourtant affirmé qu’il ne fournissait pas à l’Etat hébreu les bombes de 2000 (plus de 900 kg) que son armée utilise pour assassiner massivement les Palestiniens.

Mais, un «responsable américain», sous le couvert de l’anonymat, a déclaré à des médias israéliens que «les bombes de 200 kilos étaient en route vers Israël», en précisant que «la principale raison derrière la détention de ces munitions était qu’elles faisaient partie d’une cargaison contenant des bombes plus meurtrières pesant 1000 kilos».

Le responsable a ajouté : «Nous avons clairement fait savoir que notre préoccupation concerne l’utilisation finale des bombes de 1000 kilos, en particulier avant la campagne israélienne sur Rafah, qu’ils ont annoncé être sur le point de terminer (…). En raison de la manière dont ces expéditions sont assemblées, d’autres munitions peuvent parfois être mélangées.

C’est ce qui s’est passé ici avec les bombes de 200 kilos (…). Puisque notre principale préoccupation était et continue d’être l’utilisation potentielle de bombes de 1000 kilos à Rafah et dans d’autres endroits de Ghaza, les bombes de 200 kilos progressent dans le cadre du processus habituel.» Ainsi ces «bombes» qui «ne peuvent pas être utilisées à Ghaza, sans provoquer une grande tragédie humaine et de grands dégâts», selon les propos même de Biden, fin mai dernier, font partie des dernières livraisons vers Israël.

C’est ce qu’a révélé, en fin de semaine, la presse américaine.  Le coup de colère de Netanyahu contre les USA, au mois de juin dernier, a donné ses fruits à moins de deux semaines de son voyage à Washington (22 juillet) à l’invitation du Congrès.

Un voyage qui intervient au moment où ce dernier fait l’objet de poursuite par la Cour internationale de justice (CIJ), la plus haute juridiction de l’Onu, pour «génocide à Ghaza» et par la Cour pénale internationale (CPI), dont le procureur en chef a réclamé des mandats d’arrêt contre Netanyahu et son ministre de la Défense, Yoav Gallant, pour des «crimes de guerre et contre l’humanité». 

 

 

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