Pr Ines Bellil. Directrice de l’incubateur de l’Université Frères Mentouri Constantine 1 : «L’objectif de l’incubateur est la mise en place de projets innovants qui sont des solutions à des thématiques considérées comme des priorités nationales»

10/08/2023 mis à jour: 04:53
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Directrice de l’incubateur de l’Université Frères Mentouri Constantine 1 et membre de la Commission nationale de coordination et de suivi de l’innovation et des incubateurs universitaires chargés de la réalisation des prototypes et des labels, Pr Ines Bellil nous accorde cet entretien, à travers lequel elle présente l’incubateur de l’université, définit ses objectifs et nous expose son bilan après l’application de l’arrêté 1275 du 27 septembre 2022 portant sur le mécanisme «Un diplôme, une start-up».     
 

 

 

Propos recueillis par  Yousra Salem

 

-Pouvez-vous nous présenter l’incubateur des Frères Mentouri, date de sa création et ses missions ?

L’incubateur de l’université Frères Mentouri Constantine 1 est un service commun de recherche tel qu’il est mentionné dans son arrêté de création interministériel du 27 Moharram 1443 correspondant au 5 septembre 2021. La mission principale de l’incubateur est d’accompagner et soutenir les étudiants porteurs d’idées innovantes à les concrétiser et les transformer en entreprises. En effet, l’Etat a mis en œuvre une politique publique coordonnée permettant d’augmenter le nombre de jeunes universitaires entrepreneurs et de stimuler la croissance des entreprises via la création des incubateurs universitaires. Pour toute la communauté universitaire aimant franchir le monde d’entrepreneuriat, la simple évocation de l’incubateur est synonyme d’excellence, d’innovation, d’accompagnement et de suivi commençant de l’idée jusqu’à l’entreprise. Il est aussi et surtout une structure nationale d’appui en ce qui concerne le développement du secteur socioéconomique et la valorisation des produits de la recherche.
 

-Quel est le bilan de ses activités d’accompagnement depuis sa création, notamment durant l’année 2023 ? 

Le bilan des activités d’accompagnement de l’incubateur de l’université en 2023 et avec l’application de l’arrêté 1275 est très positif et riche, notamment en matière de nombre de projets, de qualité des formations et de l’aspect innovant des projets. Pour ce qui est du nombre, l’incubateur de l’Université Frères Mentouri Constantine 1 a enregistré 135 projets dont le groupe de travail compte à partir de 1 jusqu’à 6 étudiants par projet. En ce qui concerne les formations, les étudiants ont suivi plusieurs formations de qualité qui leur donneront des atouts importants pour leur vie professionnelle. Ces formations concernent chaque étape du processus de transformation de l’idée en entreprise. Par ailleurs, et à propos de l’aspect innovant des projets, les étudiants étaient créateurs et les projets répondent à des problématiques diverses qui s’expriment réellement sur le terrain et dans différents domaines, auxquels nos étudiants ont proposé des solutions innovantes qui ont été transformées en prototypes réels à petite échelle. 
 

Ces prototypes sont les éléments clefs pour valider la faisabilité et la viabilité des projets. Et le point le plus important est que derrière ces solutions innovantes, il y a un marché potentiel et un business exponentiel. Tous ces éléments, à savoir une problématique, une solution innovante et un business sont les ingrédients d’une start-up ou d’une PME (Petite et moyenne entreprise). 
 

-Comment évaluez-vous le bilan de l’incubateur ?

Le bilan de l’incubateur de l’université est très positif. Les 135 projets innovants ont été réalisés par des étudiants de master 2, de troisième année licence et même des doctorants dans le cadre de l’arrêté 1275. Nous avons 94 projets soutenus dans la première session, le reste des soutenances est programmé pour le mois de septembre. Nous avons également 70 brevets déposés au niveau de l’Inapi pour la protection des inventions (produits, procédés et utilisations), 2 brevets internationaux déposés, 15 droits d’auteur ont été protégés au niveau de l’Onda pour la protection des œuvres de l’esprit (logiciels, plateformes et applications) et plus de 30 labels déposés sur la plateforme Start-up.dz du ministère de l’Economie, de la Connaissance et des Start-up, dont 9 ont été obtenus. Ces derniers sont une reconnaissance formelle de l’innovation qui vont donner à leurs détenteurs plusieurs avantages, notamment l’obtention d’un local au technopôle de Constantine qui serait au début le siège social de l’entreprise.
 

-Avez-vous rencontré des contraintes ou des difficultés ? 

Oui, au début, il y avait des contraintes rencontrées par l’incubateur de l’université Constantine 1. 
 

-Expliquez-nous quel genre de contrainte et à quel niveau ?

A mon sens, il s’agit des mêmes contraintes que rencontrent tous les incubateurs universitaires. Le problème principal est celui du financement pour le prototypage où certaines matières premières et équipements ne sont pas disponibles au niveau du Fablab ou les laboratoires de l’université. Mais, le ministère de l’Enseignement supérieur a tout fait pour régler ce problème, notamment l’orientation des étudiants vers la plateforme Ibtikar. La tutelle a ajouté tout un chapitre dans le budget de l’université et des facultés pour l’achat des matières premières nécessaires pour la réalisation des prototypes ainsi que pour le paiement des brevets. 
 

-Est-ce que cette mesure prise par le ministère est suffisante ?  
 

Pour le moment, cette mesure est efficace et répond aux besoins actuels de l’incubateur et de l’étudiant.   
 

-Comment avez-vous pu surmonter ces difficultés et convaincre les étudiants à briser la crainte de l’échec, en s’orientant vers l’innovation et par la suite l’entreprenariat ? 

Pour surmonter les difficultés rencontrées, les étudiants ont pu réaliser leurs prototypes après leurs inscriptions sur la plateforme Ibtikar mise en place par la DGRSDT (Direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique) et après leurs orientations au niveau des centres de recherche à l’échelle nationale. Cette plateforme Ibtikar est initialement conçue pour aider les chercheurs à réaliser leurs expérimentations et prototypes au niveau des centres de recherche qui disposent des équipements et des matières premières qui ne sont pas disponibles au niveau de l’université. Il faut mentionner que les étudiants inscrits dans le cadre de l’arrêté 1275 ont été prioritaires pour la réalisation du prototype, après avoir une attestation de domiciliation fournie par l’incubateur.
 

-L’incubateur a-t-il atteint les objectifs tracés ?
 

Les objectifs tracés par l’incubateur de l’Université Frères Mentouri Constantine 1 sont largement atteints, où nous avons pu mettre en œuvre l’arrêté 1275 avec un bilan très positif. Car il faut rappeler que cet arrêté est une concrétisation de l’objectif 41 du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, faisant de l’université le générateur des start-up et des PME et la locomotive du développement économique. Notons que la volonté est de toucher une catégorie plus jeune, particulièrement les jeunes universitaires diplômés. 
 

Le soutien à la création de l’entreprise est un objectif de l’incubateur de l’université et une préoccupation de la nouvelle politique de l’Algérie nouvelle. La communauté universitaire fait de l’esprit d’entrepreneur un défi pour l’Algérie. Avec cette nouvelle mouvance universelle et aussi de l’Algérie nouvelle concernant l’entrepreneuriat, l’incubateur de l’UFMC1 a pu instaurer un nouveau concept au sein de l’université qui est «Learning by Doing». 

Qui veut dire que l’étudiant est acteur de sa formation par son savoir et créateur de son emploi et son entreprise, par son savoir-faire et son innovation. Sachant que le savoir et le savoir-faire sont la clé de la réussite de l’économie nationale. Un autre objectif de l’incubateur est la mise en place de projets innovants qui sont des solutions à des thématiques considérées comme des priorités nationales en l’occurrence les trois «S» (santé du citoyen, sécurité alimentaire et sécurité énergétique), en plus de la gestion de l’eau.
 

-Quels sont ses objectifs pour la prochaine année universitaire ?

Cette année, avec l’application de l’arrêté 1275, était très dense, non seulement en apprentissage, formation mais aussi en émotions fortes. Il y a eu beaucoup de rencontres, des problèmes et des difficultés. Dans cette ambiance de stress, de travail et d’efforts, les responsables de l’incubateur et les autres structures communes (BLEU, CATI et ME) se sont serré les coudes pour faire aboutir les objectifs qui ont été tracés pour notre université Constantine 1. Pour la prochaine année, l’incubateur de l’Université Frères Mentouri compte poursuivre les programmes d’accompagnement mis en veille et qui avaient commencé avant l’apparition de l’arrêté 1275. 
 

Nous comptons également continuer le programme d’accompagnement des étudiants inscrits au niveau de l’incubateur en dehors de l’arrêté 1275 (étudiants de différents niveaux universitaires et Alumni) et aussi commencer un nouveau programme avec les futurs inscrits dans l’arrêté 1275.

-Assure-t-il vraiment les étudiants détenteurs de brevets pour concrétiser leurs projets et dans quelles proportions?

L’incubateur de l’université est mis en place pour assurer, accompagner, soutenir et aider les porteurs de projets, qu’ils soient détenteurs de brevets ou pas, à concrétiser leurs idées et à monter leurs entreprises dans une proportion qui est difficile à définir en matière de quantité ou de nombre. Mais en combinant la nouvelle politique de l’Etat où l’incubation des entreprises est une nouvelle frontière de l’Algérie nouvelle au savoir et savoir-faire de la communauté universitaire, je suis convaincue que nous pouvons faire de l’incubateur de l’UFMC1 un centre d’innovation à partir duquel un nombre important de projets innovants se transformera en start-up et PME qui feront partie du tissu socioéconomique de notre pays.

 

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