- Comment évaluez-vous le traitement des eaux en Algérie ?
Je tiens à préciser qu’en tant que spécialiste en génie chimique, j’ai pris cet axe de recherche, car il est très facile et ne demande pas beaucoup de moyens. Ce que je sais c’est qu’en Algérie, il n’y a aucun problème à signaler dans la production de l’eau potable classique.
Elle est produite selon les normes internationales. Mais il faut soulever le cas des molécules invisibles. Ces molécules proviennent de la pollution invisible émergente actuelle. Cette dernière est composée de pesticides, d’herbicides et de produits pharmaceutiques. C’est une pollution à l’échelle de microgrammes (10-6) et de Nanogrammes (10-9). Donc, elle est difficile à détecter. Il s’agit de molécules stables et très difficiles à éliminer. Il faut trouver des techniques et des procédés qui peuvent affiner ces molécules invisibles. Pour cela, il faut d’abord les mettre en évidence à travers des moyens d’analyse très poussés, permettant d’aller au microgramme et Nanogramme.
- Des moyens d’analyses très poussées, on n’en a pas assez en Algérie ?
Ça manque. Normalement, chaque région doit être dotée d’un laboratoire d’analyses performant, pour mettre en évidence les molécules dont j’ai parlé. Si elles n’existent pas, il n’y a aucun problème. Mais dans le cas contraire, elles deviennent très dangereuses pour l’être humain, pour l’environnement et pour tout ce qui est vivant.
C’est-à-dire tout ce qui est petit et micro-organisme. J’évoque des expériences faites dans ce sens, en injectant à des souris des doses de ces molécules avec une certaine concentration. Le but était d’observer leur effet sur la santé du sujet de l’expérience. Et c’était clair que ces molécules ont provoqué beaucoup d’anomalies de santé. Donc, ici il faut pousser encore le traitement des eaux plus loin pour préserver la santé du citoyen. Ces analyses suivies d’un traitement doivent concerner les eaux souterraines, des eaux de surface, voire les eaux usées qu’on envisage d’utiliser dans l’agriculture.
- Où ces laboratoires spécifiques doivent être installés exactement ?
Nous avons déjà des stations de traitement opérationnelles.
Chacune doit être accompagnée d’une autre petite station dotée d’un laboratoire d’analyses continues des eaux pour suivre l’efficacité de certaines techniques utilisées, ainsi que pour la détection des molécules en question. Et ces analyses concerneront les eaux usées ainsi que les eaux potables.
- Quelle solution pour éliminer ces molécules ?
Le chlore (que nous connaissons sous l’appellation de l’eau de javel) et les rayonnements UV solaires. Ces rayonnements sont gratuits et à la portée de tout le monde. Le chlore est produit en Algérie et ne demande pas une procédure d’importation. Leur utilisation peut affiner ces molécules.
Propos recueillis par Yousra Salem