A l’ombre d’un noble et austère acacia du village perdu de Tin Zouatine, Ramzane Kadirov le Tchétchène s’est lancé dans un grand prêche mêlant religion, anti-impérialisme, traditions, géopolitique et hamburgers, le Ramadhan tirant à sa fin.
Autour de lui écoutant d’une oreille distraite, Brahim le nationaliste, Adhughmas le souriant et bien sûr Poutine, parcourant l’un des derniers journaux algériens qui ne fait pas dans l’apologie du chef. Le président russe a conclu par une phrase :
- L’incompétence, c’est aussi le fait de nommer des incompétents à la tête de ministères.
Brahim l’a entendu :
- Attention, on a mis des gens en prison pour moins que ça.
L’allusion était très claire, Hakim Debbazi, 53 ans et père de 3 enfants, incarcéré en plein Ramadhan, est décédé en prison après avoir été arrêté pour un post Facebook où il rappelait que le hirak est consacré par la Constitution et qu’il est donc interdit d’arrêter quelqu’un qui manifeste le 22 février. Ce détenu d’opinion s’étant vu refuser une liberté provisoire malgré son état de santé, sa mort s’apparente à un crime. Mais va-t-on juger les juges ? L’Algérie officielle a-t-elle un cœur ?
- L’Etat est un monstre froid, a résumé Poutine, citant le philosophe Nietzsche.
Mais Poutine a-t-il un cœur ? On ne sait pas, mais le cœur de la Russie est historiquement en Ukraine, ceci expliquant cela. L’Algérie officielle a-t-elle un cœur, et si oui où ? En tout cas, Poutine a un autre problème, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, GSIM, dernière métastase des djihadistes au Sahara-Sahel, détient un Russe de la force Wagner. Il s’agirait bien sûr pour Poutine d’envahir simplement le Mali et d’en finir, ce qui semble plus simple pour la Russie que pour l’Algérie cernée par ses ennemis, exceptée la France, puisque le président algérien a félicité Macron et l’a invité à dîner à Alger.
- Justement, le président algérien ne devait-il pas venir à Tin Zaouatine rencontrer Poutine ? a demandé Adhughmas.
- Oui.
- Où est-il ?
…à suivre