Malgré l’indignation internationale suscitée par l’effroyable bombardement d’un camp de déplacés à Rafah dimanche dernier, l’armée d’occupation israélienne poursuit sa guerre génocidaire et son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée lancée le 7 mai.
L’armée d’occupation israélienne continue de bombarder le centre et le sud de la bande de Ghaza, contrôlant désormais une zone tampon stratégique entre le territoire palestinien et l’Egypte. Aux premières heures de la journée d’hier, des témoins palestiniens ont rapporté des frappes israéliennes près de Rafah (au sud), nouvel épicentre de la guerre barbare que mène Israël contre les Palestiniens de Ghaza, ainsi que dans la région de Nousseirat (au centre).
La veille au soir, des tirs d’artillerie ont également été signalés à Zeitoun, un quartier de la ville de Ghaza, selon l’agence Wafa. Toujours dans le nord, les forces d’occupation ont visé Beit Lahia et le camp de Jabalia, d’après des témoins.
Hier, l’armée israélienne a annoncé la fin des opérations militaires dans l’Est de Jabalia, le plus grand camp de réfugiés du nord de la bande de Ghaza. Résultat : une destruction totale. «Tout a été détruit, même les rues. Il y a des cadavres partout, des gens tués dans les rues, même des animaux morts. Que dire ?», a déclaré à la presse Atef Hassouna, un Palestinien, en déambulant dans les décombres de Jabalia.
Malgré l’indignation internationale suscitée par l’effroyable bombardement d’un camp de déplacés à Rafah dimanche dernier, l’armée d’occupation israélienne poursuit sa guerre génocidaire et son offensive terrestre dans cette ville surpeuplée, lancée le 7 mai. Le déploiement terrestre à Rafah lui a permis de prendre le contrôle du «couloir de Philadelphie», une zone tampon de 14 kilomètres longeant la frontière égyptienne au sud de la bande de Ghaza.
Cette zone, jadis tracée par l’armée israélienne lors de sa seconde occupation de Ghaza (1967-2005), est parsemée de barbelés. «Le couloir de Philadelphie servait de voie de transit pour le Hamas, permettant l’acheminement régulier d’armes vers Ghaza», a prétendu le porte-parole de l’armée d’occupation israélienne, Daniel Hagari. Cependant, l’Égypte, sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sissi, a nié l’existence de tels tunnels sous la frontière, accusant Israël de chercher à justifier son offensive à Rafah.
L’égypte renvoie la balle à Tel-Aviv
Le Caire et Israël se rejettent également la responsabilité du blocage de l’aide humanitaire au poste-frontière de Rafah, le seul point de passage entre Ghaza et l’Egypte depuis que l’armée israélienne en a pris le contrôle début mai du côté palestinien. L’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où des produits entrent au compte-goutte via d’autres passages.
Jeudi, selon WAFA, 17 camions égyptiens chargés d’aide humanitaire attendaient de traverser le passage de Kerem Shalom. Si le nord de la bande de Ghaza, qui a été l’épicentre des alertes à la famine, «connaît aujourd’hui une amélioration», au centre et au sud de la bande de Ghaza, «les niveaux de faim se détériorent rapidement», a détaillé dans son dernier rapport de situation, le PAM.
L’agence onusienne basée à Rome note que l’offensive de l’armée sioniste à Rafah a un impact dévastateur sur les civils et les opérations humanitaires. «Les adultes et les enfants sont épuisés par les déplacements constants, la faim et la peur», a-t-il souligné, affirmant que «le PAM ne peut pas faire grand-chose à Rafah, les stocks étant très bas et la mobilité très réduite».
En écho à cette alerte du PAM, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA) indique que la réduction de l’aide à Ghaza aggrave le sort des enfants souffrant de «malnutrition aiguë».
Depuis la mi-janvier, plus de 93 000 enfants palestiniens âgés de six mois à moins de cinq ans ont fait l’objet d’un dépistage de la malnutrition. 7280 d’entre eux ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë, dont 1676 comme souffrant de malnutrition aiguë sévère. Selon l’OCHA, la capacité des partenaires nutritionnels à renforcer leur présence opérationnelle et à fournir les services nécessaires a été entravée malgré l’augmentation continue du nombre de cas de malnutrition détectés.
Il est à noter, par ailleurs, qu’un projet de résolution de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la crise sanitaire à Ghaza est resté en suspens après l’adoption d’un amendement israélien exigeant que le texte mentionne les otages détenus par le Hamas.
Présentée mercredi à l’OMS par une coalition de pays arabes, la résolution visait à organiser une conférence de donateurs pour répondre aux besoins sanitaires croissants à Ghaza et dans les Territoires palestiniens, ainsi qu’à rédiger un rapport sur la crise sanitaire et la destruction d’établissements de santé par Israël à Ghaza.
Israël a exigé que le texte inclue un appel à la libération des otages et une condamnation «de la militarisation des hôpitaux ghazaouis par le Hamas», ce qui a conduit la coalition arabe à tenter de retirer la résolution, une action contraire au règlement de l’OMS après qu’un amendement a été voté.
Négociations dans l’impasse
Le fait est que les négociations restent dans l’impasse, le Hamas a annoncé avoir informé les médiateurs de sa disposition à parvenir à une trêve à Ghaza, incluant un «accord global sur un échange» de prisonniers, mais uniquement si Israël cesse ses bombardements. «Nous avons informé les médiateurs aujourd’hui (jeudi) de notre position claire : si l’occupant cesse sa guerre et son agression contre notre peuple à Ghaza, nous sommes prêts à parvenir à un accord complet incluant un échange global de prisonniers», a déclaré le Hamas dans un communiqué.
Le mouvement palestinien et les autres factions refusent toute poursuite des négociations sous un contexte d’agression, de meurtre, de blocus, de famine et de génocide de leur peuple, ajoute le Hamas. «Il n’y aura pas de cessez-le-feu sans accord sur la libération des otages détenus par le Hamas», a rétorqué un membre de l’équipe israélienne de négociation, cité vendredi par la plateforme d’informations Ynet News, coupant net tout espoir de dialogue.
Hier, le gouvernement espagnol s’est opposé à toute «restriction» de l’activité de son consulat à Jérusalem et a demandé à Israël de revenir sur sa décision d’y interdire les services proposés aux Palestiniens, en représailles à la reconnaissance par Madrid de l’Etat de Palestine.
«Ce matin, nous avons envoyé une note verbale au gouvernement israélien dans laquelle nous rejetons toute restriction à l’activité normale du consulat général d’Espagne à Jérusalem car son statut est garanti par le droit international et par la Convention de Vienne», a déclaré le ministre des affaires étrangères, José Manuel Albares, à la radio Onda Cero. «Ce statut ne peut donc pas être changé unilatéralement par Israël (…) Nous avons donc demandé (à Israël) de revenir sur cette décision», a-t-il ajouté.
De son côté, le ministre suédois des Affaires étrangères, Tobias Billstrom, a appelé l’entité sioniste à arrêter immédiatement son offensive militaire contre Rafah et à se conformer aux ordonnances de la Cour internationale de Justice (CIJ). Le Parlement slovène va voter mardi la reconnaissance officielle de l’Etat de Palestine.