Le jeudi 15 août est censé s’ouvrir un nouveau cycle de négociations entre le Hamas et Israël à Doha. Il y a une semaine, les dirigeants des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte, soit les trois pays qui font office de médiateurs dans les pourparlers, avaient invité les deux parties à reprendre les discussions aujourd’hui. Mais ce nouveau cycle semble mal parti, le mouvement de résistance palestinien ayant décidé de ne pas envoyer de délégation au Qatar.
La formation palestinienne désormais dirigée par Yahya Sinwar avait prévenu dès dimanche qu’elle ne voyait pas d’intérêt à de nouvelles discussions après avoir approuvé début juillet le plan Biden, préconisant d’axer les négociations sur le projet d’accord proposé par le président américain, alors qu’Israël est réticent vis-à-vis de ce plan en trois phases. «Le groupe islamiste palestinien Hamas a déclaré mercredi qu’il ne participerait pas à un nouveau cycle de négociations de cessez-le-feu à Ghaza, prévu jeudi au Qatar, atténuant les espoirs d’une trêve négociée qui, selon des sources iraniennes, pourrait freiner une attaque de l’Iran contre Israël», rapporte l’agence Reuters. «Le gouvernement israélien a annoncé qu’il enverrait une délégation aux pourparlers de jeudi, mais le Hamas (…) a demandé un plan réalisable pour mettre en œuvre une proposition qu’il a déjà acceptée, plutôt que de poursuivre les pourparlers», ajoute la même source.
«Nous ne sommes pas opposés au principe de négociation»
Explicitant la position du mouvement palestinien, Sami Abu Zuhri, un porte-parole du Hamas, a déclaré : «Le Hamas est attaché à la proposition qui lui a été présentée le 2 juillet, qui est basée sur la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU et le discours de Biden, et le mouvement est prêt à entamer immédiatement des discussions sur un mécanisme pour la mettre en œuvre.» Et de faire remarquer : «Entamer de nouvelles négociations permet à l’occupation d’imposer de nouvelles conditions et d’utiliser le labyrinthe des négociations pour mener davantage de massacres.»
Le mouvement de résistance palestinien «souhaite un accord pour mettre fin à la guerre et un retrait des forces israéliennes de Ghaza comme condition préalable fondamentale à la libération des otages, tandis que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, affirme qu’il n’acceptera qu’une pause dans les combats pour permettre le retour d’autant d’otages que possible. Il a répété à plusieurs reprises que la guerre ne pourrait prendre fin que lorsque le Hamas sera éradiqué», explique Reuters.
Un autre responsable du mouvement, Ahmad Abdoul Hadi, représentant du Hamas au Liban, a confirmé lui aussi mardi à la chaîne américaine CBS News qu’aucune délégation du groupe de résistance palestinien n’ira à Doha. «Nous ne sommes pas opposés au principe de négociation et nous avons fait preuve de flexibilité lors des cycles précédents», a d’abord tenu à préciser Ahmad Abdoul Hadi, avant de relever : «Mais Netanyahu et son gouvernement ont rejeté (la proposition du 2 juillet), ont posé de nouvelles conditions, ils ont assassiné le chef de notre mouvement», sachant que Haniyeh était le principal négociateur du Hamas dans les pourparlers de cessez-le-feu. «Par conséquent, nous ne participerons pas aux pourparlers du 15 août, et nous retournerons à la case départ», a-t-il tranché. Ahmad Aboul Hadi a fait savoir par ailleurs : «Nous voulons vraiment parvenir à un accord, car il est de notre responsabilité envers notre peuple de mettre fin aux massacres et à la guerre de famine que l’occupation mène contre notre peuple.»
La délégation israélienne et le patron de la CIA iront à Doha
Malgré la probable défection du Hamas, les pourparlers reprendront à Doha, rapporte l’AFP. «Les discussions en vue d’une trêve dans la bande de Ghaza se dérouleront jeudi au Qatar», a annoncé hier l’agence française, en disant tenir cette information de «trois sources proches des négociations», précisant que «la participation du Hamas reste incertaine». Le directeur de la CIA, William Burns, devrait y assister, annonce l’AFP qui cite «une source américaine au fait des discussions». Le porte-parole du département d’Etat Vedant Patel a assuré de son côté que le Premier ministre israélien a confirmé la participation d’Israël. «Le bureau de M. Netanyahu a détaillé mardi ses conditions, incluant un veto sur certains prisonniers palestiniens», a affirmé Vedant Patel.
La délégation israélienne comprendra le chef du Mossad, David Barnea, le patron du Shin Bet (la sécurité intérieure israélienne), Ronen Bar, ainsi qu’un conseiller spécial de Netanyahu. Les Israéliens devraient «venir pour approuver (un accord) ou ne pas venir du tout», a commenté une source proche du Hamas, «sans préciser si le mouvement islamiste palestinien participerait aux pourparlers», indique l’AFP. «Nos partenaires qataris nous ont assuré qu’ils s’efforçaient de faire en sorte que le Hamas soit également représenté», a glissé le porte-parole du département d’Etat à la presse. Cela dit, même s’il ne sera pas présent à Doha, le Hamas «poursuivra ses consultations avec les médiateurs», d’après l’AFP. «Le Hamas veut réellement la fin de la guerre et un accord de cessez-le-feu sur la base du plan Biden», a insisté auprès du même média un autre responsable du mouvement. Dépêché à Beyrouth pour éteindre l’autre brasier déclenché par l’assassinat par Israël le 30 juillet de Fouad Chokr, haut cadre militaire du Hezbollah, l’émissaire américain Amos Hochstein, envoyé spécial du président Biden au Proche-Orient, a souligné hier depuis la capitale libanaise qu’il n’y avait «plus de temps à perdre» pour parvenir à un cessez-le-feu à Ghaza.
M. Hoschstein s’est entretenu avec le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah. Il a briefé le vieux patriarche chiite et chef du mouvement Amal de «l’accord-cadre qui est sur la table pour un cessez-le-feu à Ghaza». «Nous avons convenu qu’il n’y a plus de temps à perdre (...). Nous devons profiter de cette fenêtre pour agir et trouver des solutions diplomatiques», a plaidé le diplomate américain. «L’accord devrait également permettre une résolution diplomatique au Liban, ce qui empêcherait le déclenchement d’une guerre généralisée», a-t-il annoncé.
«Nous continuons de croire qu’une solution diplomatique est possible parce que nous continuons de croire que personne ne souhaite vraiment une guerre totale entre le Liban et Israël», a répété M. Hochstein.
L’émissaire américain a également rencontré Najib Mikati. Le Premier ministre libanais s’est plaint auprès de son hôte du bellicisme sioniste en faisant observer que «l’intransigeance israélienne menaçait les efforts visant à arrêter la guerre». Mustapha Benfodil