Le gouvernement portugais a choisi de renforcer sa politique migratoire en limitant l’entrée des personnes en situation irrégulière et en exigeant que les étrangers obtiennent un permis de travail.
Dorénavant, les détenteurs de visas touristiques ne pourront plus demander à s’installer au Portugal. Depuis 2017, une loi sur les étrangers, approuvée par le gouvernement socialiste d’Antonio Costa, est en vigueur dans le pays, permettant la régularisation des clandestins qui soumettent une déclaration d’intérêt.
Cependant, le nouveau premier ministre, Luís Montenegro, a annoncé un ensemble de 41 mesures, parmi lesquelles figure la suppression immédiate de ce type de régularisation. Le Premier ministre portugais, Luis Montenegro, n’a pas mâché ses mots : «Le fait que nous ayons une procédure permettant qu’une simple manifestation d’intérêt puisse faciliter l’entrée incontrôlée d’immigrants au Portugal doit prendre fin, et c’est ce qui se passera». Parallèlement, le gouvernement portugais a annoncé la création d’une structure dédiée à traiter les quelque 400 000 demandes de résidence en attente.
«Il est crucial de réguler l’immigration pour assurer la dignité des personnes. Le Portugal ne doit pas devenir, et ne deviendra pas, un pays fermé à ceux qui cherchent des opportunités, qui possèdent des qualifications dont nous avons besoin. Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre d’ouvrir nos portes sans contrôle ni accompagnement», a déclaré le chef de file de la coalition de l’Alliance démocratique. Le gouvernement portugais introduit ainsi un changement radical dans la politique migratoire, contrastant avec celle des socialistes qui étaient en vigueur jusqu’à présent et s’aligne sur les politiques que d’autres pays européens commencent également à adopter.
Renforcement budgétaire
Cela diffère de l’Espagne, qui a approuvé en mai la régularisation de 500 000 immigrés clandestins. Le plan d’action en matière de migration présenté par le gouvernement portugais met en avant les citoyens des pays lusophones, ainsi que les profils qualifiés et les étudiants universitaires. Le contrôle des frontières sera assuré par l’unité des étrangers et des frontières récemment créée, qui sera intégrée à la police de sécurité publique.
L’Agence pour l’intégration, la migration et l’asile bénéficiera également de renforts en personnel afin d’accélérer les procédures en cours. Le plan prévoit la mise en place d’une «structure de mission, dotée de ressources humaines, matérielles et financières supplémentaires, rendue possible par des mesures de recrutement extraordinaires, intégrant les employés de l’AIMA, les inspecteurs de l’ancien SEF (service des étrangers et des frontières) et d’autres professionnels à recruter».
Le paquet de mesures prévoit un renforcement budgétaire de 15 millions d’euros pour le secteur, un effort qui sera complété par des revenus propres et des fonds de l’UE, selon le ministre de la Présidence. Cependant, toutes les demandes déjà présentées seront traitées, à condition qu’elles aient été «correctement instruites» ou qu’elles aient «plus d’un an de réductions dans la sécurité sociale». L’abrogation des articles 88 et 89 de la loi sur les étrangers, qui permettait la légalisation des touristes étrangers au Portugal, sera suivie d’une «révision de la loi générale au Parlement » dans les prochains mois.
Ces annonces interviennent quelques jours avant que des millions d’Européens ne se rendent aux urnes pour élire leurs représentants au Parlement européen, dans le cadre d’une élection qui, selon les sondages, devrait faire pencher la politique de l’Union vers la droite.
Espagne
De notre correspondant Ali Ait Mouhoub