Portrait d’une poétesse : Leila Bennini : Voyager avec les mots

11/09/2024 mis à jour: 12:59
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La poétesse Leila Bennini

Née à Ait Mahmoud (Beni Douala), enseignante au lycée Abane Ramdane de Tizi Ouzou, Leila Bennini est de ces poétesses qui écrivent avec un cœur en émoi mais l’esprit toujours apaisé. 


Qu’elle exprime de l’amertume, de la joie ou une autre émotion, elle a toujours «ce petit filtre intérieur» qui régule tout, qui lui dicte le rythme et lui interdit les excès. Derrière son sourire permanent, signe certainement d’un bien-être personnel, se cache une certaine expérience de la vie, une certaine maturité pour ainsi dire, même si, pour le moment, elle n’en est qu’à son premier recueil de poésie. 


Un recueil qu’elle a intitulé Bribes automnales, comme si elle appelait les labours d’automnes ou (les sillons d’octobre), pour reprendre une expression d’Emile Zola ; c’est-à-dire une façon pour elle d’espérer plus de moissons à l’avenir. Ces poèmes qu’elle anime de toutes ses subjectivités lyriques, touchent à de nombreux sujets. 


L’amour, la femme, la solitude, la maladie… Tout ce que son imaginaire sensible pouvait saisir ; des bribes de souvenirs, des ressentis. Dans un de ses poèmes intitulé Parenthèses, elle va jusqu’à souhaiter une place parmi les mots. Une place entre les mots pour pouvoir palabrer sans cesse avec eux ; glisser entre les i et les j ; y surfer sur leurs vagues. 

Dans ce poème teinté d’humour et d’ironie, Leila ne veut pas rester à l’écart des mots qu’elle écrit ; elle ne veut pas contempler de loin leurs voyages voluptueux, mais y être du voyage. Les accompagner dans leurs pérégrinations ; les dompter jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de secret pour elle. Un autre qui s’intitule  Tu nous manques, comme un ciel privé d’étoiles, est un hommage à sa mère disparue. 

Mais si Leila parle de ses douleurs intérieures, de son royaume intime, elle instaure des distances pour éviter aux lecteurs les pesanteurs personnelles, ce côté désagréable qui ferait ressentir à d’autres ses propres douleurs… «Il me faut remettre à l’heure, mes horloges affolées… De ces musiques de l’âme, accorder le tourbillon» … 

Même si la poésie pour elle est presque un acte de foi, Leila va toujours doucement et sûrement ; un peu de rêve, un peu d’innocence mais beaucoup d’harmonie. Ses lectures, (elle aime Paul Éluard et Baudelaire) lui inculquent une certaine éloquence dans l’art. Plus que de visiter ces monuments de la poésie française, elle prend d’eux beaucoup de leçons pour s’en servir à définir un ordre esthétique dans l’écriture de sa propre poésie. Lounès Ghezali

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