Portrait d’un artiste - Mohand Loualitène : Chanter l’inexorable marche du temps

29/08/2024 mis à jour: 18:50
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Le chanteur Mohand Ioualitène - Photo : D. R.

C’est lorsque le silence devient épais que les voix éclatent. Certaines choisissent la voie de l’écriture ou du dessin, d’autres préfèrent suivre celle de la chanson.

Une façon de rendre écho à tous les silences qui hurlent !  Mohand Ioualitène est de ces chanteurs à l’imaginaire riche,  aux paroles agréables à entendre, un peu comme tout poète dont la vie n’a jamais été un long fleuve tranquille et dont l’esprit est irrigué par des émotions enfouies depuis longtemps.

Mais ses chansons ne nous circonscrivent pas dans son monde à lui tout seul. Elles nous renvoient à un large horizon, notamment cet horizon du cœur et, certainement aussi, une façon pour lui de ne pas célébrer la joie ou la tristesse dans la solitude de son lointain exil du Canada.

Sa voix résonne comme dans un gouffre soudain ouvert; fluide et farouche à la fois. Sa musique, qui emprunte au genre chaâbi, est un mélange sonore, éloquemment conçue et arrangée.  L’amour ressuscité le temps d’une chanson.

Le destin implacable qui règne sur nos vies en maître incontestable. La nostalgie de l’ancien temps qui, sans l’opulence de celui d’aujourd’hui, nous donnait de ces joies humbles sans l’aigreur et surtout sans toutes ces plaintes de dégoût, de lassitude, comme celles que nous observons de nos jours.

La disparition d’un proche, comme cet hommage à Moh Saïd Talbi, son beau-frère, emporté par une maladie subite à la fleur de l’âge.

Ou encore cet hommage à un autre artiste Moh Ouali Hakem (Moh Ouali Tizi Temlelt) qui a consacré toute sa vie à l’art et qui a laissé un grand vide dans les cœurs de tous ceux qui l’ont connu. Mohand Ioualitène s’inspire de ce qui le touche, dans la joie ou dans la peine…

Laissez-moi… ( Idjtyi ) est de ces chansons au vocabulaire de dépit. Une façon de demander à toutes ces petites choses qui rythment nos vies, souvent à notre insu, de nous donner du temps pour remplir nos yeux de larmes. Car notre monde d’aujourd’hui est d’une telle fulgurance que, souvent, il ne nous donne même le temps de ressentir ou d’observer la cruauté de notre destin. Zehriw (ma chance) Tu3alin yechban arrwah, Am itlid etc.

Des chansons qui touchent à la solitude, à la déception, à la nostalgie, mais toujours avec ce sourire léger d’une grande âme qui ne murmure jamais le désespoir. Une façon de nous dire que nous n’avons pas d’autre choix que celui d’aimer la vie sans dire pour autant adieu à tout ce que nous laissons derrière nous dans l’inexorable marche du temps. Lounès Ghezali

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