Les œuvres de l’artiste peintre Halima Brihoum ont orné durant deux mois les cimaises du centre culturel Bachir Mentouri à Alger. Des œuvres rivalisant de dextérité et de finesse.
A la fois écrivaine, nouvelliste et poète en langue arabe, la peinture de Halima Brihoum reste assez personnalisée et parfois assez intrigante. En effet, l’artiste peintre a ce don inné de transposer son écriture pour mieux transporter sa peinture. Quand elle est face à son chevalet, elle se met en dialogue avec la peinture pour mieux saisir cette cohésion entre le «dire» et le «voir».
A chaque fois qu’elle le ressent, elle troque sa plume contre son pinceau pour continuer sa quête personnelle : celle de transcrire ses états d’âme du moment. Lors de son exposition au centre culturel Bachir Mentouri à Alger, Halima a exposé une cinquantaine d’œuvres aux dimensions et aux thèmes variés, offrant aussi bien aux esthètes qu’aux profanes un espace de narration bien ficelée. Il ne faut pas omettre de souligner qu’elle a repris son pinceau et son chevalet après trente ans d’interruption.
Pour ceux qui connaissent la belle plume, l’écrivaine et de la poétesse, sa peinture reste indissociable de son écriture. Elle en est d’ailleurs assez fière. Rencontrée au centre culturel Bachir Mentouri à Alger - d’une voix étranglée par l’émotion - la plasticienne nous explique que la poésie et la littérature lui ont permis de s’exprimer sur des sujets démesurés. «La peinture, dit-elle, me permet de dépasser l’expression.
Aucune barrière morale ou ethnique ne s’impose à moi. Je laisse libre cours à ma création du moment, et ce, sans aucune interdiction. Je suis guidée par une force divine qui laisse transparaitre le beau et les joies et les soucis du quotidien». Il faut savoir que Halima Brihoum a réalisé une partie de sa collection intitulée «Les couleurs errantes» pendant la pandémie de la Covid 19. Elle a, d’ailleurs, peint une toile sur la pandémie, pointant des doigts les puissances mondiales qu’elle estime être responsable de cette catastrophe à l’échelle planétaire.
Chaque œuvre se plaît à conter une symphonie musicale, de la joie ou encore des inquiétudes qui touchent tout être humain. Preuve en est avec le tableau intitulé Combustion où l’on découvre des sujets en souffrances extrême. L’embrassement spectaculaire en extérieur laisse ressortir que cette brûlure à ciel ouvert de la nature démontre chez l’individu «un mal intérieur certain dont lui seul connait le secret.
Les idées malsaines sont aussi au rendez-vous dans de pareilles situations», explique la plasticienne. Pour traduire visuellement cette atmosphère d’incendiaire mouvance, l’artiste s’appuie sur la spontanéité, et surtout sur la précision du geste et la fulgurance de l’inspiration.
La peinture de Houria Brihoum dévoile des lignes en cascade et des mouvements enchevêtrés. Elle dessine avec son propre regard, aussi, des signes, des symboles et des caractères arabes aux lignes élégantes et souples dont elle connaît le secret. L’opulence des couleurs contrastées ont ce pouvoir de s’entrechoquer. L’univers pictural de l’artiste n’est pas particulièrement paisible, ni monotone. C’est plutôt un univers mitigé, procurant sérénité et questionnement pluriel.
Dans une autre œuvre intitulé La Chrysalide, le regard est transporté par la transformation de cette chenille en chrysalide. L’artiste donne plutôt une explication assez philosophique à sa production. Elle explique que la technologie a fait que les êtres humains d’aujourd’hui sont viscéralement attachés à leurs portables. «Il s’agit d’une chrysalide électronique», lance-t-elle sur un ton ironique.
Un peu plus, on croise une toile grandeur nature au ciel, tapissée d’étoiles : manière singulière pour Houria Brihoum de faire comprendre aux gens qu’ils peuvent rêver à travers les étoiles. La beauté de la femme algérienne n’est pas en reste. Cette dernière est évoquée à travers la maternité et à travers des portraits parlants où l’habit traditionnel occupe une place de choix. Autre tableau époustouflant Ligne d’or, qui dévoile un coucher de soleil sur les sommets de l’Assekrem à Tamanrasset.
Il est à noter que Halima Brihoum est détentrice d’un diplôme d’arts plastiques en 1987 à l’institut national des cadres de la jeunesse à Tixeraine. Elle a été parallèlement conseillère pédagogique à Adrar durant sept années.
Elle compte, en outre, plusieurs expositions de peinture dont entre autres à Akaba, Antalya, et à Tunis. En sa qualité de romancière, elle a publié entre autres La Nuit et spectre. Ayant plus d’une corde à son arc, elle est aussi membre fondatrice de la revue « Passerelles ».