Les organisations environnementales ont protesté, vendredi, contre l'adoption par le Parlement polonais d'une loi controversée sur la revitalisation du fleuve Oder à la frontière allemande, victime d'une pollution géante l'an dernier.
Le pouvoir «a ignoré la voix du public et des scientifiques et s'est prononcé contre la nature polonaise», a déclaré Greenpeace Pologne sur X (ex-Twitter). «Le projet de loi ne protégera pas l'Oder, le fleuve continuera à être bétonnée et polluée», a ajouté l'organisation environnementale jugeant la loi «néfaste».
La loi a été adoptée jeudi soir par le Parlement polonais contrôlé par les populistes nationalistes du parti Le Droit et Justice (PiS). Le texte prévoit, entre autres, la construction de nouvelles infrastructures, dont des stations d'épuration d'eau ou la modernisation des systèmes d'égouts existants. Le coût est estimé à 9,5 milliards de zlotys (2,13 mds euros).
La nouvelle loi oblige également les grandes installations industrielles, y compris les mines, à réaliser les investissements nécessaires pour réduire les rejets d'eaux salées. Les organisations environnementales soulignent cependant qu'elles n'ont pas été consultées pour ce projet de loi, ni d’ailleurs les autorités locales ou encore les scientifiques.
Les branches polonaise et allemande de World Wild Fund for Nature (WWF) ont critiqué, fin juillet, le texte. «Le projet de loi se concentre sur la poursuite de la régulation de l'Oder (et d'autres rivières), ce qui détruira davantage l'écosystème de l'Oder et sa capacité à s'assainir», a écrit WWF. Une algue toxique est apparue l'été dernier dans l'Oder tuant des centaines de tonnes de poissons.
Des rapports allemand et polonais, publiés en septembre, relevaient une augmentation soudaine de la salinité qui, associée à de hautes températures et des faibles débits d'eau, aurait entraîné la prolifération de cette algue toxique Prymnesium parvum.
Ni Varsovie ni Berlin n'ont accusé les mines polonaises d'être responsables de cette salinité accrue.
Le désastre avait, à l'époque, tendu les relations entre Berlin et Varsovie. L'Allemagne avait accusé la Pologne d'avoir tardé à l'informer de l'étendue de la pollution.
L'Oder, qui coule d'abord en Pologne, puis constitue une frontière naturelle entre la Pologne et l'Allemagne, est considérée comme relativement propre depuis de nombreuses années, abritant une quarantaine d'espèces de poissons, attirant de nombreuses espèces d'oiseaux et animaux. Pour entrer en vigueur, le texte doit être signé par le Président polonais.