Polémique à la prison de Montluc à Lyon : La mémoire bafouée des nationalistes algériens

15/02/2022 mis à jour: 06:07
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Le journal Le Monde a fait état dans une édition récente d’une polémique à Lyon autour des «mémoires de la prison de Montluc» qui a fermé ses portes en 2009. 
 

Sauvé de la destruction, le bâtiment a été inscrit aux «Monuments Historiques». Affectée au ministère des Armées et gérée par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre l’enceinte a été ouverte au public à partir de septembre 2010 en tant que «Mémorial, haut lieu de la mémoire nationale». 
 

Créé afin de rendre hommage aux résistants, juifs et otages, victimes des nazis et de Vichy, en abordant l’étude des politiques de répression et de persécution de 1940 à 1944, le mémorial aborde également les nombreuses autres strates historiques de la prison se succédant de 1921 à 2009.
 

Désormais, un projet propose d’introduire la période de la guerre d’Algérie dans l’exposition permanente du mémorial national, essentiellement consacré aux crimes nazis, nous apprend Le Monde, sachant que durant la guerre d’indépendance, de nombreux nationalistes ont été emprisonnés en ce lieu et onze condamnés à mort exécutés dans sa cour. 
 

La nouvelle muséographie prévoit d’ajouter la période de la guerre d’Algérie dans la frise chronologique composée d’une douzaine de panneaux, dans l’entrée du mémorial.
 

La directrice, Aurélie Dessert, précise sur France 3 Auvergne-Rhône Alpes : «Pendant cette période, Montluc est le quartier des condamnés à mort des prisons de Lyon. Si bien qu’il va y avoir, enfermés ici, des partisans du FLN condamnés. Onze personnes vont être guillotinées dans l’enceinte de la prison, dans l’histoire de Montluc, c’est quelque chose de très fort».
 

DES PROPOS OUTRANCIERS
Plusieurs personnalités et associations dénoncent «une confusion des mémoires» dans des termes inacceptables.
Le plus virulent opposant est Serge Klarsfeld qui en devient outrancier, bafouant les nationalistes algériens incarcérés ou exécutés en cette prison de triste mémoire pour le FLN. Au Monde, il va ainsi jusqu’à dire : «Mêler la Résistance, la déportation, la répression nazie avec la répression pénale des crimes de droit commun ou du terrorisme, c’est une façon inquiétante de brouiller le sens du Mémorial de Montluc auprès des jeunes publics». Le président des fils et filles des déportés juifs de France ne craint pas de proposer «qu’on reconstitue une cellule de Montluc à Alger, cela fait partie de la mémoire algérienne, mais ne mélangeons pas tout».
 

Pour l’ancien maire de Lyon, Michel Noir, «on ne peut pas donner une équivalence à des faits de nature différente. Ce serait entretenir une confusion gravissime, et on risquerait auprès des jeunes publics d’affaiblir la dimension exceptionnelle du crime contre l’humanité. Il faut s’en tenir à l’acte fondateur de ce mémorial».
 

Aurélie Dessert se justifie en confiant au Monde, qu’ «il n’est pas question de juxtaposer d’autres mémoires dans la partie cellulaire sacralisée. Il n’est pas question de minimiser la période de répression du nazisme. Bien au contraire. L’Education nationale est partenaire dans ce projet pour donner un nouveau souffle au mémorial».
 

Antoine Grande, son prédécesseur ajoute qu’«il est indispensable d’évoquer l’emprisonnement des étudiants chinois dans les années 1920, comme celui des militants du FLN détenus entre 1959 et 1961».

 

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