Jamais un sommet n’a eu une importance aussi cruciale comme celui-ci du fait de la guerre en Ukraine, même si l’OTAN n’est pas officiellement en guerre contre la Russie.
Les 32 pays membres de l’alliance Atlantique se rassemblent dans la capitale américaine pour leur 75e année d’existence, avec invitation des pays de l’Asie pacifique (Japon, Corée, Australie, Néo zélandais). En effet, créée dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur demande européenne, cette structure militaire inaugure le début de la guerre froide.
L’OTAN n’est pas une armée à proprement dire, mais une mise à disposition d’unités militaires par les pays membres sous commandement américain, premier contributeur en armement, en ressources humaines et financières. Son objectif principal était de contrer l’avance des troupes soviétiques en Europe et notamment occidentale et devait faire face à une autre alliance militaire antagonique qui était le pacte de Varsovie (Comecon).
Transformations des objectifs et des composantes de l’OTAN
Dès la chute du mur de Berlin et la sortie des ex-pays de l’Est de l’ornière russe, la plupart de ces pays ont rejoint l’OTAN à des dates plus ou moins éloignée, avec deux pays or de l’Europe que sont l’Iran et la Turquie, le premier en sortant après la chute de la dynastie Pahlavi et le second en entrant dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’OTAN est donc constituée d’une majorité des pays européens, de deux pays américains, les USA et du Canada, auquel il faut ajouter un pays asiatique qui est la Turquie. Ses objectifs ne sont plus la défense des pays membres, mais le confinement, voire la dislocation de l’ex-URSS, aujourd’hui la Russie.
Le budget consacré à ces objectifs stratégiques est de plus en plus important (3% du PIB des pays membres) et est couvert essentiellement par les USA. Le potentiel militaire de l’OTAN recouvre les armes conventionnelles et la protection par la dissuasion nucléaire. Le principe fondamental de l’OTAN est que toutes attaques d’un pays membre est considéré comme une attaque contre tous les autres pays membres (article 4).
Particularités de ce sommet
Jamais un sommet n’a eu une importance aussi cruciale comme celui-ci du fait de la guerre en Ukraine, même si l’OTAN n’est pas officiellement en guerre contre la Russie. Cependant, elle prend fait et cause pour l’Ukraine et la dote d’une partie des équipements militaires dont elle dispose ainsi que de la formation de son armée et lui assurant ses moyens satellitaires et de renseignement.
Toute la question est de savoir si les pays membres vont ou non continuer à soutenir l’Ukraine, dans cette guerre ; cette dernière semble avoir déjà perdu. Ou bien est-il possible d’ouvrir des négociations de paix et dans quelles conditions ? L’important étant que «personne ne perde la face».
C’est donc une guerre par procuration contre la Russie que mènent les pays occidentaux, que l’on présidait courte après l’effondrement de la Russie, compte tenu des sanctions multiples et variées décrétées par les pays occidentaux.
L’ombre de l’élection présidentielle américaine
Dans cette «logique et cette rationalité» toute occidentale, un élément perturbateur va s’introduire et mélanger toutes les cartes. Il s’agit du candidat républicain D. Trump qui promet en cas de victoire à l’élection présidentielle de novembre 2024, de mettre fin à cette guerre en «quelques jours», compte tenu des bonnes relations qu’il a tissées avec le président Vladimir Poutine !
En outre, il menace de se retirer de l’OTAN ou d’en réduire le budget si tous les pays membres n’honorent pas leurs engagements en matière de ressources financières et d’achat d’armes en particulier américaines. Cette position explosive va mettre tous les pays européens dans un choix cornélien qui consiste à se demander comment remplacer l’allié américain au cas où il se retire du conflit ?
Ce scénario en fait pose la question lancinante d’une défense européenne indépendante qui n’a pas trouvé de réponse depuis les Accords de Yalta, l’Europe ayant profité des bienfaits de la paix à moindre coût !
Mettre fin à la guerre ukrainienne pour ouvrir le front chinois Mais le véritable enjeu masqué est sans aucun doute la montée en puissance de la Chine et de son impact sur la gestion des relations internationales. Tous les textes doctrinaux américains considèrent que les tensions futures proviendront d’Asie-pacifique et que la Chine est le centre névralgique.
Dès lors, la question qui se pose est de savoir si les Européens accepteront se troque et se laisseront entraîner dans cette logique, toute américaine ? En outre, cette logique a pour conséquence de raffermir les liens, déjà importants, entre la Russie et la Chine et de consolider le Sud global qui s’interdit d’entrer dans ce jeu, entre grandes puissances.
(*) Expert en économie