Les résultats sont tombés hier et ils sont sans appel. La coalition de gauche, le «Nouveau Front populaire», l’emporte très largement sans toutefois atteindre la majorité absolue, contre toute attente.
Le taux de participation a été déterminant et exceptionnellement élevé avec quelque 67%, ce qui a fait basculer les élections en faveur des partis de gauche mais surtout fait barrage à l’extrême-droit du Rassemblement national qui toutefois double sa représentation au parlement.
La configuration parlementaire se dessine autour de trois partis, la gauche et extrême gauche (188 députés), le centre droit du Président (162 députés) et l’extrême droite (125 députés avec 17 députés alliés).
Les médias et les sondages sont décrédibilisés
Alors que tous les médias français donnaient la victoire à l’extrême-droite voire avec la possibilité de la majorité absolue au parlement, ce qui lui aurait ouvert la porte de Matignon, dans la foulée des élections européennes où elle était majoritaire, les premiers résultats démontrent l’inverse ! Même les instituts de sondage ont succombé à cette force d'entraînement insidieuse qui militait en faveur de l’extrême droite.
Sans aucune décence ni retenue et à quelques heures du début du scrutin, les médias et les instituts de sondages claironnaient en cœur une victoire assurée et confortable et opinaient sur la prise de Matignon, siège du Premier ministre ! Il est fort possible que ce battage médiatique ait joué en sens inverse et a mobilisé le peuple de gauche et du centre droit, pour faire barrage à cette victoire programmée de l’extrême-droite !
Le poids des binationaux
Parmi les forces qui ont contribué à ce basculement, il est certain que les binationaux, toutes origines confondues, ont dû jouer un rôle prépondérant même s’il est difficile d’en faire la démonstration statistique.
Mais les thèmes de la campagne électorale de l’extrême droite qui s’en prenaient directement aux binationaux et en particulier ceux d’origine algérienne, ont dû mobiliser cet électorat, ce qui explique le taux de participation exceptionnellement élevées, depuis des décennies. Les slogans racistes et xénophobes de la campagne ont dû faire le reste et permettre une réaction massive qui fera basculer le scrutin dans le camp de ceux que l’on n’attendait pas, du moins à ce niveau.
Cette élection scelle définitivement, dorénavant, le poids des Français d’origine, dans les joutes électorales futures (communale, législative et présidentielle. Cette donnée socio-politique va peser de plus en plus dans la société française, si ce n’est pas déjà le cas.
Le retour à un régime parlementaire
La France, seul régime présidentiel par excellence en Europe, voulu par la Constitution de 1958 du général de Gaule, va basculer dans un régime parlementaire du fait que le président E. Macron ne disposera pas d’une majorité absolue au parlement, construit autour de la coalition présidentielle «Ensemble».
Cette situation inédite depuis la quatrième république, va faire basculer le pouvoir en France de la présidence au parlement, ce qui va nécessairement induire un changement de paradigme politique dans ce pays. Le rapport de force entre l'Elysée et le palais Bourbon va devoir être négocié âprement par cette nouvelle configuration partisane de manière à faire voter les lois, sauf à faire dissoudre une nouvelle fois le parlement, voire à aller vers une élection présidentielle anticipée.
Comment construire une coalition gouvernementale ?
Le pouvoir en France retourne au parlement et aux coalitions à mettre en œuvre, avec les formations politiques qui acceptent d’en faire partie, tout en évitant les extrêmes (droite et gauche) ce qui relève de l’équilibrisme politique précaire. A l’évidence, les surenchères des uns et des autres vont se multiplier, chacun va vouloir obtenir un maximum de dividende personnel mais également se projeter sur les présidentielles de 2027.
En premier lieu, se posera le problème des promesses électorales, issues des programmes de chacun des partis à travers lesquels ils ont fait campagne. Même si les promesses de campagnes sont élastiques, elles ne peuvent être totalement ignorées, ceci d’autant que l’élection présidentielle va démarrer dès 2025.