Durant la colonisation, les politiques coloniales ont dépossédé des gens de leurs biens agricoles pour en profiter à leur aise, ces gens qui vivaient depuis longtemps sur leurs terres. Ces terres qui leur appartenaient et dont ils auraient dû rester propriétaires.
Les politiques coloniales ont exploité sans scrupules la population, l’assujettissant, la soumettant à des lois iniques, la rendant corvéable à merci. Elles ont conduit à la famine une grande partie d’entre elles.
Les politiques coloniales ont manipulé le droit, considérant la population comme «inférieure», des êtres juste bons à nous servir et à travailler pour nous. Nous ne pouvons nous reconnaître en la personne du maréchal Bugeaud, celui qui déclara : «L’armée est tout en Afrique ; elle seule a détruit, elle seule peut édifier. Elle seule a conquis le sol, elle seule le fécondera par la culture et pourra, par les grands travaux publics, le préparer à recevoir une nombreuse population civile.»
Nous condamnons cette politique de terre brûlée mise en œuvre par le maréchal Bugeaud. Pour exemple, ce 18 juin 1845 où celui-ci ordonna au général Pélissier de mater la révolte de la tribu d’Ouled Riah, qui avait trouvé refuge dans les grottes du Dhara, en résistance à l’oppression de l’armée française. La grotte sera bombardée, avec un feu allumé à chaque entrée. Un millier de personnes périront à l’intérieur.
Ou encore ce 4 décembre 1852, pour écraser un autre soulèvement, l’armée coloniale française (6000 hommes), sous le commandement de trois généraux – Yussuf, Bouscaren et le «renommé» Pélissier – assiégera une ville du Sud algérien : Laghouat. Des massacres qui n’épargneront personne : ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards. Les estimations feront état de 2500 morts. Et la ville sera en grande partie rasée.
Nous ne pouvons aujourd’hui nous honorer de tels actes. Nous, nos ancêtres, condamnons les crimes de l’armée de conquête sur la population algérienne durant ces années d’occupation illégitime. Nous condamnons les vols et les abus que nous avons commis.
Et de n’avoir pas su répondre favorablement aux requêtes de Ferhat Abbas, en février 1943, dans son «Manifeste du peuple algérien», ce projet de réformes bloqué par le général Georges Catroux. Nous, nous ne nous reconnaissons dans aucun massacre commis au nom de l’asservissement.
Le 8 mai 1945, à Sétif, Guelma et Kherrata, se tenaient des manifestations où l’on réclamait un peu plus de justice. Là encore, des milliers de victimes : on évoque 45 000 morts.
Pourtant, combien d’Algériens rejoignirent le front pour aider la France à combattre l’Allemagne nazie de l’époque ?
Crimes et injustices furent les conséquences du 1er Novembre 1954, déclenchement de la Guerre de Libération. Les politiques coloniales, elles seules, en sont les responsables.
Au nom des miens, cher peuple algérien, je vous demande pardon.
Par Sandrine Malika Charlemagne
Autrice - réalisatrice avec Jean Asselmeyer de Deux vies pour l’Algérie et tous les damnés de la terre - actuellement diffusé au cinéma par Les Films des deux rives.