La poésie haïku, un genre littéraire d’origine japonaise extrêmement bref, est le «trait d’union entre l’expression spontanée et la condensation sémantique», ont estimé les participants aux Journées nationales de cet art poétique venu de l’Extrême-Orient, organisées samedi à Biskra. Ce genre littéraire, venu du Japon et qui a des similitudes avec les quatrains et tercets arabes, «a pu acquérir une particularité arabe après avoir été enrichi par la langue du Coran», a précisé la chercheuse en littérature et culture Amel Boulahmam, de l’université de Batna, dans son intervention intitulée «L’expérience haïku à travers les clubs électroniques». Pour la chercheuse, «tout a commencé par la méditation en pleine nature et a été imposé par le besoin psychologique de l’homme actuel à s’exprimer dans une époque marquée par la promptitude». La poésie haïku, a-t-elle expliqué, «a la possibilité de résumer des images de la vie au travers des expressions traduisant la profondeur sémantique des significations par des formules spontanées et une économie linguistique». Mme Boulahmam a indiqué que «ce nouveau venu (genre littéraire) s’impose comme style artistique, voyage et se répand grâce à l’espace virtuel». Il s’agit, a-t-elle ajouté, «d’une suggestion esthétique et non pas d’une alternative à la poésie classique». La poésie haïku, a détaillé l’intervenante au cours de la rencontre qui s’est tenue à la salle Ahmed Redha Houhou de Biskra, «s’écrit généralement en trois lignes qui commencent par la liaison entre la description et l’événement. Elle (la poésie) traite de la nature ou une séquence particulière prise de la réalité, ou une image, ou encore une contradiction entre deux images ou des séquences. Cette forme poétique a vu l’adhésion de plusieurs poètes comme Réda Didani, Lakhdar Barak, Mohamed Lakhdari, Maâchou Kerour, Afra Gamir Talbi et Anfouane Fouad, qui ont fait preuve de créativité dans la consolidation de son pouls en Algérie». Pour sa part, la poétesse Samia Benassou a indiqué, dans son intervention intitulée «Haïku et les techniques de son écriture», que «ce genre littéraire est des prises captées par le ‘‘haikist’’ qui prend l’image d’un angle différent suscitant l’étonnement et la surprise chez le récepteur». La poésie haïku est une expression poétique éclair et intensifiée avec un langage simple exprimant la sagesse de l’auteur du poème et se caractérisant par la séquence (le panorama), la continuité et le paradoxe (l’étonnement). Dans son intervention, le poète Lazhar Adjiri a expliqué qu’«en dépit du fait que cette poésie jouit du respect et est présente comme une culture humaine dans le monde car imposée par les réseaux sociaux, elle demeure cependant rejetée par les critiques qui la considèrent comme une intruse, impactant les modèles littéraires originaux». Pour M. Adjiri, «la question qui se pose et dont le futur répondra est : ce nouveau venu résistera-t-il aux critiques ?»
La manifestation culturelle de deux jours, organisée à l’initiative du club Sanabil de la créativité culturelle de Biskra en collaboration avec la direction locale de la culture et des arts et la maison de la culture Ahmed Réda Houhou, sera ponctuée par des lectures poétiques du genre haïku déclamées par des poètes du pays et sera marquée par des interventions suivies de débats pour faire connaître ce genre littéraire, selon le programme.