La criminalité en milieu urbain inquiète sérieusement. Et les criminologues sont formels : jour après jour, la violence confirme son ancrage dans la société algérienne.
En dépit des efforts consentis par les différents services de sécurité, les batailles rangées et les assassinats se multiplient à un rythme alarmant. Illustration : le nombre d’homicides volontaires durant les quatre premiers mois de cette année est de 56. Ils ont été commis par 120 personnes. Quelque 86 parmi elles ont été placées en détention provisoire et 25 autres sous contrôle judiciaire. Choquants, ces chiffres officiels sont communiqués exclusivement à El Watan par la Direction de la police judiciaire (DPJ) relevant de la Direction générale de Sûreté nationale (DGSN).
La criminalité s’est aggravée depuis. C’est du moins ce que confirment les statistiques du 2e trimestre de 2022 de la DGSN : «Dans le cadre des efforts consentis par les forces de police pour lutter contre les différentes formes de criminalité, notamment les bandes de quartiers et le port d’armes blanches, les éléments des brigades de la police judiciaire relevant de la Sûreté nationale ont réussi, durant le 2e trimestre de 2022, à traiter 7723 affaires à travers le territoire national ayant permis l’arrestation de 8117 individus, déférés devant les juridictions compétentes».
Ainsi, plusieurs homicides volontaires par armes à feu ou par armes blanches sont venus depuis se greffer au sinistre bilan des assassinats dont le plus macabre est celui perpétré la semaine dernière à Annaba. Un homme a étranglé à mort sa femme et ses trois enfants. Arrêté après une tentative de suicide, il est actuellement sous haute surveillance à l’hôpital Ibn Rochd de la même ville.
Avant-hier, c’est un jeune de 28 ans qui a perdu la vie après avoir été poignardé lors d’une fête nocturne à Oued Ennil (El Bouni). Il faut dire que la criminalité n’est pas propre à une wilaya. Alger, Boumerdès, Blida, Sétif, Tébessa… ont été aussi le théâtre de crimes durant les derniers jours.
«Les services de la police judiciaire relevant de la sûreté de wilaya de Boumerdès ont arrêté mardi dernier cinq mis en cause dans une fusillade survenue au marché de la ville des Issers le 26 août dernier, et saisi un pistolet automatique, une arme blanche, un masque et deux voitures. Les mis en cause ont été présentés devant le procureur de la République près le tribunal de Bordj Menaïel, pour constitution d’association de malfaiteurs et tentative d’homicide volontaire avec préméditation avec usage d’arme à feu», a indiqué la DGSN.
A Blida, «la police a arrêté cinq individus mis en cause dans le meurtre d’un citoyen à Soumâa et récupéré 10 armes blanches de différents types. L’enquête lancée par les services de la police judiciaire sous la supervision du procureur de la République près le tribunal de Boufarik s’est soldée par l’identification des mis en cause qui ont été arrêtés pour constitution et adhésion à une bande de quartier, agression corporelle, port d’armes blanches et actes de violence ayant entraîné la mort d’une personne», lit-on dans un communiqué de la DGSN.
Des sociologues et d’anciens officiers, spécialisés dans la lutte contre la criminalité, sont unanimes : «C’est dans un état psychologique proche de la démence que l’auteur de l’homicide passe à l’irréparable, motivé par une grande consommation de psychotropes, assortie d’un ingérable excès de colère».
Les criminologues mettent à l’index «la démission collective de la famille, et à travers elle celle de la société. Un relâchement social dû souvent à la paupérisation qui implique directement une progression de la criminalité.
Une conséquence des transmutations sociales dont le background est la décennie noire qui a laissé de graves séquelles que seul le temps pourra effacer».