La population de et de nombreuses autres villes du nord d'Israël vit au son des sirènes, des tirs de missiles et des bombardements par des drones. Un climat de guerre qui a suscité de nouvelles restrictions au nord et au centre du pays, y compris à Tel-Aviv, le nord de la Cisjordanie occupée, où les rassemblements, les activités éducatives et les lieux de travail ont été interdits, et la prière devant le mur des Lamentations, prévue hier en présence de dizaines de milliers de personnes, annulée.
De nombreuses villes du nord d’Israël mais aussi du centre, y compris Tel-Aviv, ont été soumises hier à de nouvelles restrictions militaires annoncées par l’armée, en raison des tirs de missiles et de drones par le mouvement de résistance libanais Hezbollah. Ainsi, les lieux de travail et les écoles sont interdits d’ouverture s’ils ne se trouvent pas à proximité d’un abri, alors que les plages sont carrément fermées au public.
Des restrictions sont également imposées aux rassemblements dans les lieux publics et les enceintes fermées, qui ne doivent pas dépasser les 30 personnes à l’extérieur et 300 à l’intérieur des espaces. Et c’est dans ce cadre que les autorités ont annulé la prière annuelle devant le mur des Lamentations, prévue le soir même et drainant près de 50 000 personnes chaque année, qui coïncide avec le Nouvel An juif.
Les images de villes désertes après les sirènes, les longues files devant les abris et les autoroutes vidées lèvent le voile sur un climat de guerre qui s’est aggravé depuis l’offensive contre le Hezbollah au Sud-Liban, l’assassinat du chef du mouvement, Hassan Nasrallah, par un raid sioniste, dont le successeur a promis vengeance.
Depuis plus de 72 heures, en dépit des raids aériens ininterrompus contre le Sud-Liban et Ghaza, les tirs de missiles et de roquettes contre de nombreuses villes israéliennes n’ont pas arrêté, faisant de nombreux blessés. Hier matin, un de ces missiles a atteint l’autoroute, touchant les rares véhicules en circulation, blessant leurs occupants.
D’autres tirs ont ciblé, selon le Hezbollah, un des sièges du Mossad au nord de Tel-Aviv. «Nous avons tiré quatre obus sur la base 8200 et le siège du Mossad», a déclaré le Hezbollah. Les images diffusées sur la Toile montraient d’immenses incendies pendant que des sirènes retentissaient dans la plaine du nord de Tel-Aviv, dans les villes environnantes et au nord de la Cisjordanie occupée.
D’autres villes, comme Eliât et Jaffa, ont été la cible de drones lancés par les Houthis à partir du Yémen, provoquant des dégâts importants, visibles à travers les immenses incendies qu’ils ont engendrés et dont les images ont été largement diffusées sur la Toile et par la presse locale.
Au même moment, la compagnie aérienne néerlandaise KLM décide de suspendre ses vols vers Israël, «au moins jusqu’à la fin de l’année», a rapporté la presse néerlandaise, «prolongeant ainsi une suspension qui était auparavant fixée jusqu’à la fin de ce mois», en raison du «contexte de tensions croissantes au Moyen-Orient», précisant toutefois qu’elle ne désertera pas la destination Beyrouth.
Désertion des compagnies aériennes
Plusieurs grandes compagnies de transport aérien ont également décidé de maintenir la suspension de leurs vols vers Israël. Ainsi, Air France et Transavia ont prolongé leur décision de ne pas assurer la destination Israël jusqu’au 8 octobre. Lufthansa a elle aussi annoncé, dans un communiqué diffusé hier, son intention de prolonger la suspension de ses liaisons avec l’Etat hébreu jusqu’au 31 du mois en cours.
La même mesure est adoptée par Air Europa (jusqu’au 4 octobre), Iberia, British Airways (7 octobre), Virgin Atlantic (8 octobre), Suiss Air (31 octobre) et Delta Airlines (jusqu’au 31 décembre). Ces décisions ont été précédées par un bulletin émis par la Commission européenne et l’Agence européenne de sécurité aérienne, «recommandant de ne pas opérer à l’intérieur des espaces aériens du Liban et d’Israël, à tous niveaux de vol, et ce, jusqu’au 31 octobre».
Ces mesures ont créé une situation désastreuse au niveau de l’aéroport de Tel-Aviv, où des centaines de voyageurs sont bloqués depuis des jours dans un endroit déjà ciblé par des missiles de la résistance libanaise et des Houthis. La compagnie aérienne israélienne a annoncé qu’elle poursuivra son programme de vols, en précisant cependant qu’elle ne dispose d’aucun siège d’avion de libre.
La guerre que mène Israël depuis une année prend un virage extrêmement dangereux pour toute la région et lui a valu la perte, vendredi dernier et pour la deuxième fois cette année, de deux points dans la notation de sa croissance économique, en raison du «niveau élevé d’incertitude entourant sa sécurité à long terme».
En effet, dans son dernier rapport publié en début de semaine, le bureau de notation Moody’s Investors Service a affirmé que «les principaux facteurs à l’origine de la décision sévère de rabaisser de deux crans la note de crédit d'Israël étaient les risques géopolitiques et politiques intérieurs élevés, tout en suscitant des inquiétudes quant à l’impact à long terme de la guerre prolongée sur l’économie et les finances publiques du pays». le bureau a exprimé sa préoccupation par le fait que l’Etat hébreu «n’ait pas de véritable stratégie de sortie du conflit militaire qui lui permettrait de retrouver un niveau de certitude et de sécurité pour l’avenir».
Il a également critiqué «les choix politiques du gouvernement qui augmentent le risque de restrictions commerciales formelles et informelles, ainsi que le risque de perdre un soutien diplomatique international vital» et déploré la poursuite «de politiques qui ajoutent aux tensions sociales déjà élevées dans le pays, citant comme exemples la violence des colons en Cisjordanie (occupée), considérée par les services de sécurité comme augmentant les risques sécuritaires pour Israël, et la tentative du ministre de la Justice de saper à nouveau l’indépendance et la force du pouvoir judiciaire en retardant des nominations importantes». Pour Moody’s, il est «peu probable» qu’il y ait une amélioration du niveau de sécurité car «les problèmes à long terme auxquels le pays est confronté ne vont pas disparaître».
Selon lui, «il y a des facteurs susceptibles de conduire à de nouvelles dégradations de la note de crédit du pays», comme par exemple, «une escalade plus large du conflit impliquant l’Iran, ou un impact plus grave sur l’économie ou les finances publiques». Jusqu’en fin de la journée d’hier, le nord et le centre d'Israël, notamment la capitale, ont fait l’objet de nombreux tirs de missiles et de roquettes, sous le retentissement des sirènes suivi par des mouvements de foule vers les abris.
A Tel-Aviv, des missiles tirés du Liban ont été interceptés. Les explosions ont provoqué des scènes de panique parmi la population qui courrait vers les refuges. Des scènes qui se sont répétées durant toute la journée d’hier, révélant la grande panique et la terreur auxquelles les Israéliens sont soumis depuis que leur armée a ouvert un autre front, celui du Liban.