Assiégé depuis plus de deux semaines, le camp de réfugiés de la ville de Jabaliya au nord de Ghaza a vécu, encore fois, une nuit d’horreur. Privés d’eau, de nourriture, de médicaments et d’électricité, les 400 000 habitants de cette région sont chaque jour et chaque nuit soumis à d’intensifs bombardements aériens et terrestres.
Au moins 87 Palestiniens ont été tués durant la nuit du samedi à dimanche derniers, plus de 40 autres blessés, alors que des dizaines de personnes sont toujours portées disparues sous les décombres, lors des raids féroces qui ont ciblé de nombreuses zones de Jabaliya. Les images révélant la cruauté de ces attaques, très difficiles à regarder, montrant de nombreux enfants éventrés, le crâne fracassé, les visages ensanglantés, mais aussi des corps se vidant de leur sang, des blessés qui gémissent et des femmes qui crient leur douleur de la perte des membres de leur famille ont fait le tour de la Toile.
D’autres images montrent l’acharnement de l’armée d’occupation qui tire sur les membres de la Défense civile, pour les empêcher d’atteindre les blessés et de leur porter secours. Le cauchemar s’intensifie à Ghaza, où en 24 heures (de samedi à dimanche), 108 personnes ont été tuées par les bombardements, selon les autorités locales, alors que le Nord vit un désastre humanitaire qui risque de s’aggraver, selon Tor Wennesland, coordinateur spécial de l’Onu pour le processus de paix au Moyen-Orient. Rien qu’à Beit Lahia, 73 Palestiniens ont été tués dans la nuit du samedi à dimanche, par des frappes israéliennes ayant ciblé des quartiers résidentiels, pendant que l’artillerie lourde encerclait l’hôpital indonésien dans la région de Sheikh Zayed après avoir détruit une partie de ses murs.
A trois reprises, l’armée sioniste a tenté de démolir les étages supérieurs de l’hôpital Al Awda, alors que l’hôpital Al Yemen Al Saeed, et les réservoirs d’eau de l’hôpital Kamal Adwan étaient la cible des obus tirés par des chars. Durant toute la nuit, les bruits assourdissants des bombardements n’ont pas cessé et les flammes envahissaient des habitations, provoquées par des barils d’explosifs et de robots piégés que l’armée d’occupation utilise pour rendre les destructions plus massives. Dans un communiqué publié hier, le responsable onusien a déclaré qu’«il n’y a aucun endroit sûr à Ghaza… Nous le devons aux familles qui souffrent. La guerre doit cesser immédiatement».
Le signe d’une catastrophe majeure
Les bombardements de la nuit du samedi à dimanche ont été les plus violents et les plus féroces. Ils ont ciblé plusieurs maisons et immeubles résidentiels, situés à Beit Lahia, de 100 000 habitants, où de nombreuses familles ont été décimées, parmi elles, des déplacées de Beit Hanoun, qui avaient fui les bombardements et les ordres d’évacuation israéliens vers le centre de Ghaza.
Les réseaux de communications ont été coupés dans certains quartiers pour les isoler du reste de la ville et en faire un lieu de massacre sans images et sans voix. Malgré la difficulté d’évacuer les blessés, l’hôpital Kamel Adwan, à Jabaliya, baignait dans le sang, en raison du flux massif de corps en lambeaux et de blessés graves saignant abondamment. Selon Mounir Al Bursh, responsable au ministère de la Santé, l’afflux des blessés aggravait «une situation déjà catastrophique pour le système de santé» à Ghaza, alors que les services de Défense civile ont avancé le nombre effarant de 540 corps, récupérés depuis le début de l’offensive sioniste, le 6 octobre dernier.
L’Unrwa a alerté sur la famine qui menace le Nord, en raison du siège imposé sur cette région depuis plus de deux semaines et évoqué des ordres d’évacuation massive donnés aux quelque 400 000 Palestiniens, qui ont refusé de quitter leurs maisons, malgré le blocage de la livraison de nourriture, les frappes contre les infrastructures de base comme les hôpitaux, les sources d’eau potables, les réseaux électriques et même les écoles, dans le seul but de pousser aux déplacements forcés des populations. De nombreux établissements hospitaliers en rupture de carburant qui fait fonctionner ses installations, n’ont pu évacuer leurs patients, alors que certains sont morts faute de soins et d’oxygène.
Pour le directeur des soins infirmiers de l’hôpital Kamel Adwan, «c’est le signe d’une catastrophe majeure, une situation révélatrice du nettoyage ethnique, de l’extermination, de la famine collective et des déplacements forcés en cours». Le responsable a lancé un appel poignant sur les réseaux sociaux «au monde, à toutes les personnes de conscience, à l’OMS, à l’ONU et au Conseil de sécurité. A tous ceux qui ont un brin d’humanité». «Le nord de Ghaza est attaqué. Des dizaines de personnes meurent, des centaines sont blessées. Notre hôpital est débordé, noyé dans le sang.
La salle d’opération est pleine. Nous manquons cruellement de personnel. Nous manquons de ressources et de carburant. La situation est désastreuse. Les blessés affluent dans les rues de Jabaliya, Shujaiya et Fallujah. Des centaines de personnes ont besoin d’aide. Les équipes médicales ne peuvent pas atteindre les victimes dans les rues. Les forces d’occupation commettent des atrocités. Les blessés arrivent en ambulance, à moto, voire à la main. Les gens arrivent blessés. La situation des hôpitaux est critique», écrit-il.
«Le nord est confronté à un génocide»
«Nous lançons un appel urgent à toutes les âmes compatissantes, à toutes les personnes libres : sauvez le nord de Ghaza ! Il est confronté à un génocide. Le bain de sang ne cessera pas. Sauvez le nord de Ghaza, s’il vous plaît ! La paix, la miséricorde et les bénédictions de Dieu soient sur vous.» Une déclaration émouvante, qui a fait le buzz sur la Toile et les plateformes numériques. Sur son compte X, Joyce Msuya, responsable intérimaire pour l’aide humanitaire à l’Onu, a écrit : «Des nouvelles épouvantables en provenance du nord de Ghaza, où les Palestiniens continuent de subir des horreurs indescriptibles sous le siège des forces israéliennes. Ces atrocités doivent cesser.» A Jabaliya, a ajouté la responsable onusienne, «les gens sont coincés sous les décombres et les premiers secours ne peuvent pas les atteindre (…) Des dizaines de milliers de Palestiniens sont déplacés de force. Les biens de première nécessité s’épuisent. Les hôpitaux, submergés de patients, ont été touchés», tout en rappelant le respect du droit international humanitaire qui protège «les civils, blessés ou malades, ainsi que le personnel de santé et leurs installations qui doivent être soient protégés».
Pour l’Unrwa, «20 000 Palestiniens ont été contraints de fuir le camp de Jabaliya, dans le Nord, à la recherche de sécurité, y compris ceux qui se trouvaient dans les abris de l’Unrwa». Dans un communiqué diffusé par son bureau de presse à Ghaza, ajoutant que «les gens ont tout perdu et ils ont besoin de tout, y compris de la nourriture, de l’eau, des couvertures, de la literie... Ce sont les produits de base les plus simples». L’agence onusienne a fait état d’une grave pénurie de carburant et de fournitures médicales signalée dans les derniers hôpitaux restants, et que «la pénurie de carburant affecte également l’accès à l’eau». Soutenue par les USA, l’armée sioniste poursuit sa guerre génocidaire et destructrice à Ghaza, qui a fait grimper le bilan à 42 603 Palestiniens tués et à 99 793 autres blessés alors que des milliers d’autres sont encore sous les décombres. Salima Tlemçani
Plus de 3000 massacres perpétrés depuis le 7 octobre
Plus de 3000 massacres ont été commis par l’entité sioniste depuis le début de sa guerre génocidaire à Ghaza, le 7 octobre 2023, a indiqué hier le bureau des médias de l’enclave palestinienne. Le directeur général du Bureau, Ismail Al Thawabta, a déclaré que «le massacre de Beit Lahia s’inscrit dans le cadre du plan de déplacement du gouvernorat du nord de Ghaza mis en œuvre par les forces d’occupation et est ajouté au dossier de l’occupation, qui a commis plus de 3000 massacres, tuant plus de 17 000 enfants et 11 000 femmes en 380 jours de guerre». Al Thawabta a souligné que l’armée d’occupation sioniste «mène clairement une guerre de nettoyage ethnique contre la population de la bande de Ghaza et une guerre historique complète de génocide contre le peuple palestinien». Les avions militaires des forces d’occupation sioniste ont mené des frappes aériennes meurtrières sur la ville de Beit Lahia, samedi soir, faisant 87 martyrs et détruisant tout un quartier résidentiel. Cette frappe est l’une des plus meurtrières de ces dernières semaines. Des dizaines d’autres personnes seraient coincées sous les décombres, ont indiqué les secouristes à Ghaza.