Moins de vingt-quatre heures après son inscription par l’Onu, sur la liste noire des Etats tueurs d’enfants durant les conflits, Israël a commis, dans la nuit de vendredi à samedi derniers, une horrible boucherie, dans un camp de réfugiés de Nuseirat.
Des corps ensanglantés de femmes et d’enfants, amputés de la tête, des membres ou carrément en lambeaux ont été retirés des décombres du camp de réfugiés de Nuseirat à Ghaza, après des raids intensifs de l’armée sioniste durant la nuit de vendredi à samedi derniers. Retransmises en directe, les premières images sont insoutenables et les premiers bilans présageaient déjà l’ampleur de cette horreur qui s’est abattue sur les centaines de familles réfugiées, qui pensaient être en sécurité après avoir fui les bombardements sionistes au nord de Ghaza.
En moins d’une vingtaine de minutes, les secours ont extrait près d’une centaine de corps inanimés des décombres et transféré des dizaines de blessés vers les hôpitaux Al Aqsa et Al Adwane, submergés par les victimes. Des scènes de chaos et des témoignages glaçants sont diffusés en boucle sur la toile et les médias lourds.
Jusqu’au lever du jour, les bombardements violents n’ont pas cessé. Ils intervenaient moins de vingt-quatre heures, après l’annonce par le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, de la décision prise par l’Onu d’inscrire son pays sur la liste des Etats tueurs d’enfants pendant les crises.
«Les Nations unies se sont mises sur la liste noire de l’histoire en rejoignant les partisans des assassins du Hamas (…)», ajoutant : «L’armée israélienne est l’armée la plus morale du monde, et aucune résolution de l’ONU n’y changera quelque chose.» Depuis l’attaque du 7 octobre, Israël agit en Etat paria, hors-la-loi et en tueur d’enfants, de journalistes et d’humanitaires, malgré les résolutions de la CIJ, lui intimant l’ordre de stopper ses opérations génocidaires, et les résolutions du Conseil de sécurité.
Les bombardements intenses de la nuit de vendredi à de samedi matin, qui ont fait des centaines de morts, ont été exécutés pour couvrir l’opération de récupération de quatre Israéliens, détenus par le Hamas dans deux maisons familiales, situées à proximité du camp de réfugiés.
Selon le journal The Times of Israel, «pendant la période de planification, des renseignements sur l’endroit où se trouvaient les captifs avaient été obtenus et étudiés. Dans le contexte de la guerre, le Hamas n’a cessé de déplacer de manière répétée les otages sur tout le territoire de Ghaza de manière à brouiller les pistes et à tenter de prévenir tout raid de sauvetage de la part de l’armée israélienne».
Cependant, dans les jours ayant précédé l’opération, l’armée israélienne avait lancé un nouveau raid dans les quartiers est de Bureij – à l’est de Nuseirat – et à l’est de Deir El Balah, soit au sud-ouest de l’endroit où les otages étaient détenus en captivité. Des attaques qui avaient apparemment servi à détourner l’attention du Hamas à Nuseirat, où il avait réduit ses défenses en conséquence (…)
Finalement, le raid a été mené dans la matinée de samedi, après que le Shin Bet a estimé que ce moment créerait un effet optimal de surprise chez les ravisseurs en charge des quatre otages détenus dans deux maisons familiales distinctes. «L’opération qui a permis à un des otages de recouvrer la liberté se serait déroulée de manière relativement fluide compte tenu des circonstances», ont indiqué des responsables militaires.
Quel rôle a joué Washington ?
En revanche, des tirs nourris ont éclaté dans l’habitation où se trouvaient les trois autres captifs, entraînant une panne qui les bloqués à Ghaza. Selon la Douzième chaîne de la télévision israélienne, «au moment d’extraire les otages des mains de leurs gardes et lorsqu’un véhicule de secours s’est retrouvé coincé, l’unité spéciale a appelé au renfort de l’armée de l’air et à d’autres troupes présentes dans la région» et The Times of Israel a précisé que les otages et les soldats «se sont enfuis sous de violents bombardements, pour rejoindre un héliport improvisé qui avait été construit à Ghaza».
Le Hamas a, quant à lui, rejeté la version officielle fuitée. «Ce que l'armée d'occupation nazie a annoncé, c'est la libération d'un certain nombre de ses prisonniers à Ghaza, après plus de huit mois d’agression au cours de laquelle elle a utilisé tous les moyens militaires, sécuritaires et technologiques et commis tous les crimes, y compris les massacres, l’extermination, le siège et la famine.
Notre vaillante résistance conserve toujours le plus grand nombre de prisonniers en sa possession et est capable d’augmenter son nombre de prisonniers, comme elle l’a fait lors de la récente opération héroïque de capture qu’elle a menée dans le camp de Jabalia à la fin du mois dernier», a affirmé le Hamas dans un communiqué. Le Djihad islamique a, pour sa part, annoncé la mort de trois otages, dont un Américain, pendant l’opération de libération des quatre récupérés par les forces israéliennes.
Le Hamas a, lui, jeté un pavé dans la mare, en évoquant «le rôle américain» dans l’opération. «Nous affirmons que ce qui a été révélé par les médias américains et hébreux sur la participation américaine à l’opération criminelle menée aujourd’hui prouve une fois de plus le rôle complice de l’administration américaine et sa pleine participation aux crimes de guerre commis dans la bande de Ghaza, ainsi que la fausseté de ses positions déclarées sur la situation humanitaire et son souci de la vie des civils».
En fait, le Hamas n’a fait que reprendre des informations rendues publiques par les médias américains et israéliens en citant des sources officielles ou proches du dossier. Ainsi, le journal américain, New York Times, a affirmé samedi que «le renseignement américain a apporté un soutien essentiel à la libération des captifs israéliens».
Citant un responsable américain sans l’identifier, le média a écrit qu’«une équipe de responsables américains de récupération des otages sur place en Israël, a aidé l’armée dans ses efforts en fournissant du renseignement et d’autres soutiens logistiques», précisant également que «des équipes de collecte de renseignement et d’analyse des USA et du Royaume-Uni sont sur place en Israël depuis le début de la guerre pour aider les services de renseignement israéliens».
Selon la chaîne de télévision américaine, CNN, citant anonymement un responsable américain, «une cellule américaine en Israël a coopéré dans l’opération de libération des quatre otages, soutenu le sauvetage de ces derniers et œuvré avec les forces israéliennes». A ces révélations se sont ajoutées d’autres, accusant «Israël d’avoir utilisé des camions d’aide humanitaire pour le transport de l’unité chargée de l’opération en question et les Américains d’avoir mis le port flottant au service de l’armée israélienne».
«Épicentre du choc sismique»
Sur les réseaux sociaux, des images vidéos montrant des poids lourds desquels débarquent des militaires ou encore l’utilisation par des militaires, du port flottant, fraîchement construit par les Américains pour servir exclusivement au débarquement des aides humanitaire destinées à la population de Ghaza.
Le magazine américain d’information en ligne The Cradle a affirmé que les troupes israéliennes «ont ensuite été évacuées de Ghaza par avion via la jetée construite par les Etats-Unis, qui a été réinstallée sur la côte vendredi après avoir subi des dizaines de millions de dollars de réparations».
Toutes ces informations ont été balayées d’une seule main par Washington. «Le port n’a jamais été utilisé pour la libération des otages. L’armée israélienne a utilisé la zone sud du quai pour transférer les otages», a révélé un responsable américain sous le couvert de l’anonymat à la chaine CBS, en qualifiant les accusations de «mensonge».
Lui emboîtant le pas, CNN, citant elle aussi «un haut responsable» sans l’identifier, a indiqué que «la cellule de renseignement américaine qui a aidé Israël à libérer les otages se trouvait en Israël depuis le 7 octobre dernier. Elle n’est pas entrée à Ghaza dans des camions d’aide humanitaire, ni utilisé le port.
Elle a aidé à localiser les otages et n’a pas pris part à l’opération au sol». Ces réponses n’ont cependant pas dissipé tous les soupçons autour de cette opération de libération des quatre otages israéliens et de la boucherie commise par l’armée sioniste et soutenue par Washington, pour assurer sa réussite. Pendant que les Palestiniens pleuraient leurs nombreux morts, majoritairement des femmes et des enfants, les Israéliens et leurs alliés fêtaient «l’exploit» en éclipsant totalement le prix de ce dernier, à savoir des centaines de victimes.
Si le secrétaire général adjoint des Nations unies aux Affaires humanitaires, Martin Griffiths, estime que «le camp de réfugiés de Nuseirat est devenu l’épicentre du choc sismique dont souffrent encore les civils de Ghaza» en soulignant : «Quand nous voyons des corps au sol, nous nous rappelons qu’il n’y a pas d’endroit sûr à Ghaza».
Et Joseph Borell responsable de la politique de l’UE évoque «un bain de sang» qui «doit cesser», Berlin, Paris et Washington, principaux alliés d'Israël ont détourné le regard de cette boucherie de Nuseirat. Le président américain Joe Biden s’est contenté de réaffirmer son soutien à Tel-Aviv. «Nous ne cesserons pas de travailler jusqu’à ce que tous les otages rentrent chez eux et qu’un cessez-le-feu soit conclu.
Il est essentiel que cela se produise», a-t-il déclaré, lors d’une conférence de presse à Paris, aux côtés du président français Emmanuel Macron, qui a, lui aussi salué l’opération de libération à travers laquelle le chancelier allemand, Olaf Scholz, y voit «un important signe d’espoir», a-t-il écrit sur son compte X (…) «Le Hamas doit enfin libérer tous les otages.
La guerre doit prendre fin». Cette partialité exprimée flagrante a fait réagir le rapporteur spécial de l’ONU sur le droit au logement, Balakrishnan Rajagopal. «Les pays qui célèbrent la libération de quatre otages israéliens sans dire un mot sur les centaines de Palestiniens tués et les milliers de personnes détenues arbitrairement par Israël ont perdu leur crédibilité morale pendant des générations et ne méritent pas de faire partie d’un organe des droits de l’homme de l’ONU», a écrit le responsable onusien.