La contre-offensive de l’armée ukrainienne ne donne pas satisfaction à l’opinion occidentale et l’impatience se fait entendre avec des questionnements sur l’utilité de l’effort de guerre sachant le coût important en argent et surtout en vies humaines.
Il ne s’agit pas de «propagande russe», mais de sons de cloche émis par des médias occidentaux citant des officiels. Le dernier en date est un article du journal allemand Berliner Zeitung qui, dans son édition du lundi, a émis de sérieux doutes sur l’efficacité et l’utilité de la contre-offensive. Sous le titre «L’Ukraine perd du matériel de guerre : tant de Leopard 2 auraient été détruits jusqu’à présent», l’article avance que «l’Ukraine subit des pertes militaires notables au cours de sa contre-offensive qui dure maintenant depuis trois semaines. Entre autres choses, un certain nombre de chars Leopard 2 ont été perdus».
Citant le magazine économique américain Forbes, le Berliner Zeitung rapporte que l’attaque du 8 juin par des Ukrainiens sur un champ de mines russe au sud de Mala Tokmachka a été particulièrement coûteuse. L’information donnée au conditionnel indique qu’en quelques minutes la 33e Brigade mécanisée et la 47e Brigade d’assaut d’Ukraine auraient perdu trois chars Leopard 2A6, 16 véhicules de combat d’infanterie M-2 et trois véhicules du génie Leopard 2 R.
Selon la plateforme néerlandaise «Oryx» qui documente la perte de matériel de guerre des deux côtés, environ 13% des chars de combat principaux ont été détruits jusqu’à présent du côté ukrainien, sachant qu’au total, 54 chars de combat Leopard 2 ont été fournis jusque-là par l’Allemagne, le Canada, l’Espagne, la Norvège, et la Pologne.
L’auteur de l’article n’hésite pas à fixer ces faits dans leur contexte et à dévoiler le contraste entre les espoirs placés d’un côté par l’Occident dans la contre-offensive et l’ensemble de l’investissement aux côtés des Ukrainiens, et d’un autre la réalité des choses au bout de quelques semaines.
Il écrit : « Avec de grandes attentes, les Etats occidentaux ont fourni des chars de combat principaux et des véhicules blindés de transport de troupes à l’Ukraine, dans l’espoir que l’utilisation de ces machines de guerre pourrait faire des gains importants sur le territoire. Environ un mois après le début de l’offensive d’été de l’Ukraine, il y a un peu de désillusion.»
Des résultats qui «donnent à réfléchir»
Tant Kiev que ses alliés occidentaux avaient misé sur le déploiement de ces chars de combat de troisième génération fabriqués par les Allemands, pour réaliser des avantages décisifs sur les champs de bataille dans la contre-offensive lancée il y a un mois.
Mais il s’avère que leur désuétude les rend vulnérables face à l’adversaire russe, ce qui s’ajoute à de nombreuses autres désillusions. Cela a coûté des vies et de l’argent, commente le Berliner Zeitung, rappelant qu’en 2023, le gouvernement allemand a octroyé environ 5,4 milliards d’euros pour soutenir militairement l’Ukraine.
Une enveloppe très généreuse qui s’ajoute aux deux milliards d’euros en 2022, et des crédits d’engagement d’environ 10,5 milliards d’euros pour les années à venir.
La remarque du journaliste vise manifestement à ramener le gouvernement allemand à réfléchir à deux fois avant de céder aux desiderata de l’armée ukrainienne qui par le biais de son vice-ministre des Affaires étrangères, Andriy Melnyk, a demandé il y a deux semaines à Berlin d’envoyer davantage de véhicules de combat.
L’Allemagne se hisse au deuxième rang des pays de l’OTAN fournissant des armes pour soutenir l’effort de guerre des Ukrainiens, en plus de l’implantation du fabricant de véhicules militaires Rheinmetall dans le pays.
Les usines de Rheinmetall sont engagées, en outre, pour la livraison de 14 chars de combat Leopard-2 supplémentaires. Contrat signé en juin et financé par le Danemark et les Pays-Bas, selon le quotidien économique Handelsblatt, citant des sources de l’OTAN. Quelques semaines avant, les Britanniques avaient décidé de livrer des missiles Storm Shadow de longue portée à Kiev.
Mesure qualifiée d’«extrêmement hostile» par Moscou qui a accusé Londres de «viser à inonder davantage l’Ukraine d’armes et à provoquer une aggravation sérieuse de la situation». L’inefficacité de ces équipements militaires entre les mains des forces armées ukrainiennes coûte cher à l’Occident qui a du mal à cacher sa désillusion.
Des représentants de l’administration Biden ont déclaré qu’ils considéraient les résultats des deux premières semaines de la contre-offensive ukrainienne comme «qui donnent à réfléchir». Tendance confirmée par le média américain Bloomberg, selon lequel l’Occident a reconnu les pertes substantielles de l’Ukraine.
De son côté, le journal Politico, citant des sources de l’administration à Washington, a déclaré que l’aide supplémentaire à Kiev dépendrait du succès de la contre-offensive.