Les prix du baril de Brent, référence du pétrole en Europe, et du WTI américain ont bondi hier de plus de 6%, propulsés par le regain de tensions au Moyen-Orient et des pourparlers de paix en Ukraine dans l’impasse. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai prenait 6,41% à 114,85 dollars.
Le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en avril gagnait 6,05% à 111,03 dollars. Les deux références de l’or noir repassent ainsi au-dessus de la barre des 110 dollars le baril (+47% depuis le début de l’année).
L’Arabie Saoudite, premier exportateur de brut au monde, a mis en garde contre le risque d’une baisse de ses approvisionnements en pétrole, en raison des attaques des rebelles du Yémen voisin contre ses installations pétrolières. Le pays avait annoncé dimanche une «réduction temporaire» de sa production de pétrole dans l’une des installations du géant Aramco, touchée par une attaque des rebelles houthis du Yémen. Les Houthis ont lancé plusieurs attaques nocturnes aux drones et aux missiles contre des cibles en Arabie Saoudite, le pays étant à la tête d’une coalition militaire au Yémen qui soutient depuis 2015 le pouvoir face aux Houthis, aidés par l’Iran. «L’Arabie Saoudite n’assumera pas la responsabilité de toute pénurie d’approvisionnement en pétrole sur les marchés mondiaux au regard des attaques sur ses installations pétrolières», a déclaré le ministère des Affaires étrangères.
«L’attaque est un autre rappel regrettable de l’incertitude qui affecte actuellement les marchés pétroliers mondiaux», estime Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, cité par l’AFP. Elle intervient dans un contexte de fortes craintes de perturbations de l’approvisionnement global en brut, aggravées par la guerre en Ukraine, la Russie figurant parmi les plus grands exportateurs de pétrole brut au monde. La guerre en Ukraine et les tensions au Moyen-Orient «exacerbent un déséquilibre existant entre l’offre et la demande sur le marché», souligne Victoria Scholar, analyste chez Interactive Investor. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a appelé hier l’Union européenne à cesser tout «commerce» avec la Russie, et notamment à refuser ses ressources énergétiques, dans une vidéo sur la messagerie Telegram.
Le Kremlin a, quant à lui, averti plus tôt lundi qu’un potentiel embargo européen sur le pétrole russe frapperait «tout le monde», au moment où l’Union européenne doit étudier, lors d’une réunion, la possibilité de nouvelles sanctions contre Moscou. «La possibilité de sanctions supplémentaires contre la Russie, déjà appliquées par les acheteurs occidentaux» constitue «un risque colossal» et pourrait encore doper les cours, confirme Stephen Innes de SPI Asset Management, indique la même source. La semaine dernière, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) disait craindre un «choc» sur l’offre pétrolière mondiale, à la suite des sanctions contre la Russie prises après son invasion de l’Ukraine.