Face à la double menace de la désertification et des incendies de forêt qui ravagent chaque année des pans entiers de végétation, le reboisement se présente comme une alternative indispensable et une véritable exigence. Année après année, des millions d’arbres sont plantés dans des zones rurales, montagneuses ou arides, souvent dans le cadre de grandes campagnes médiatisées.
Sur les réseaux sociaux, des appels à la mobilisation se multiplient à chaque nouvelle initiative, et la plantation d’arbres devient un événement incontournable lors de journées commémoratives, manifestations ou événements sportifs. Cependant, derrière cet élan collectif se cache une question fondamentale. Ces opérations sont-elles réellement suivies d’un entretien durable ou risquent-elles de ne demeurer que des gestes symboliques à l’impact limité ?
Car, planter un arbre, c’est faire une promesse envers l’environnement. Mais cette promesse est trop souvent abandonnée dès les premiers jours. Une fois plantés, les arbres sont fréquemment livrés à eux-mêmes, sans suivi ni programme d’entretien. Pourtant, la survie de ces jeunes plants est loin d’être garantie dans des environnements aussi hostiles que ceux des zones arides ou semi-arides, où l'insuffisance de la pluviométrie aggrave la situation.
Ces régions, exposées à des conditions climatiques extrêmes – sécheresses prolongées, fortes variations de température – nécessitent des soins constants. Irrigation, désherbage, et, parfois, traitements phytosanitaires sont indispensables. Mais, dans la majorité des cas, ces actions essentielles ne sont ni mises en œuvre ni financées. Les arbres meurent alors lentement sous le poids de l’abandon, transformant des campagnes coûteuses en opérations largement inefficaces.
Ce manque de suivi est d’autant plus frappant que dans certains projets, des espaces reboisés entiers sont dépouillés de leurs jeunes arbres, deviennent des terrains vagues ou des zones de pâturage incontrôlé et libre. Une autre faiblesse structurelle de ces initiatives «louables» réside dans leur localisation.
Les campagnes de reboisement se concentrent principalement dans des zones rurales et éloignées, souvent difficilement accessibles. Si ces régions sont importantes pour lutter contre la désertification, l’absence de projets de reboisement dans les espaces urbains et périurbains constitue une lacune stratégique. Les villes, où réside une large part de la population, manquent cruellement d’espaces verts. Pourtant, ces espaces jouent un rôle essentiel dans la régulation de la qualité de l’air, la réduction des îlots de chaleur urbains et l’amélioration du bien-être des habitants. L’enthousiasme suscité par les campagnes de reboisement est indéniable, particulièrement grâce à l’impact des réseaux sociaux.
Cependant, il est nécessaire que la plantation d’arbres ne se transforme pas en un acte ponctuel et symbolique, dénué de vision à long terme. La sensibilisation est indispensable, mais elle doit s’accompagner de mécanismes concrets pour garantir la pérennité des plantations. Sans cela, l’arbre planté aujourd’hui ne survivra pas assez longtemps pour devenir le poumon vert de demain.