La Corée du Nord a tiré hier un missile mer-sol balistique, a annoncé l’état-major de l’armée sud-coréenne, cité par l’AFP. Il s’agit de la 15e démonstration de force cette année pour ce pays doté de l’arme nucléaire, qui a aussi lancé un missile balistique intercontinental pour la première fois depuis 2017.
Ce nouveau lancement intervient avant l’entrée en fonction mardi du nouveau président sud-coréen Yoon Suk-yeol, favorable au rapport de forces avec le Nord.
Le département d’Etat américain a prévenu vendredi qu’un essai nucléaire pourrait avoir lieu «dès ce mois-ci», s’appuyant sur l’imagerie satellite. «Nos militaires ont détecté (…) qu’un missile balistique de courte portée présumé être un SLBM a été tiré depuis la mer au large de Sinpo, Hamgyong du Sud», a déclaré hier l’état-major de l’armée sud-coréenne dans un communiqué. Sinpo est une importante base navale de Corée du Nord.
Des images satellites ont pu y montrer dans le passé la présence de sous-marins. Le missile a parcouru une distance de 600 km à une altitude de 60 km, selon l’armée sud-coréenne, ce qui laisse à penser qu’il s’agissait d’un missile balistique à courte portée.
Il a fini sa course en dehors de la zone économique exclusive du Japon, a annoncé le ministre japonais de la Défense, Nobuo Kishi, ajoutant que la «fréquence extrêmement élevée» des tests cette année est «absolument inacceptable».
Le «développement remarquable de la technologie nucléaire et de la technologie liée aux missiles» par Pyongyang constitue un risque pour la sécurité régionale et mondiale, a-t-il déclaré, ajoutant que le Japon pense également que «la Corée du Nord sera prête à effectuer un essai nucléaire dès ce mois-ci».
En avril, à l’occasion d’un grand défilé militaire, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un s’est engagé à développer ses forces nucléaires «le plus rapidement possible» et a mis en garde contre d’éventuelles frappes «préventives», évoquées par le futur président sud-coréen, Yoon Suk-yeol.
Vendredi, la porte-parole de la diplomatie américaine, Jalina Porter, a prévenu que Pyongyang «prépare le site d’essais de Punggye-ri et pourrait être prêt à y mener un test dès ce mois-ci, ce qui serait son septième essai» nucléaire.
«Cette analyse est cohérente avec les déclarations publiques récentes faites pas la Corée du Nord elle-même», a-t-elle ajouté, assurant que Washington l’a partagée avec ses alliés et compte «poursuivre» son «étroite coordination avec eux».
Le président américain, Joe Biden, doit se rendre ce mois-ci au Japon et en Corée du Sud, où les inquiétudes à propos de Pyongyang seront au menu des discussions. Le dernier tir de missile pourrait être lié à cette visite ou à l’investiture mardi de M. Yoon, qui a promis une ligne inflexible face au Nord.
La Corée du Nord a mené six essais nucléaires avant d’engager une diplomatie de haut rang avec les Etats-Unis, le président américain de l’époque, Donald Trump, ayant rencontré quatre fois Kim Jong-un. La Corée du Sud possède une capacité d’armements conventionnels supérieure à celle de son voisin du Nord et M. Yoon a demandé le déploiement d’un plus grand nombre de moyens militaires américains.
Elle a testé en 2021 son propre missile mer-sol balistique, devenant l’un des rares pays à maîtriser cette technologie. Séoul a aussi dévoilé un missile de croisière supersonique, soulignant une course à l’armement dans la péninsule.
Mercredi, Pyongyang a lancé ce que Séoul et Tokyo ont décrit comme un missile balistique, mais les médias d’Etat nord-coréens, qui rapportent d’ordinaire les essais d’armement, n’en ont pas parlé. Les négociations visant à convaincre Kim Jong-un d’abandonner les armes nucléaires n’ont rien donné.
Pendant cinq ans, le président sud-coréen, Moon Jae-in, a mené une politique de dialogue avec Pyongyang, mais selon son successeur, cette approche «servile» a été un échec patent.