Le projet de la pénétrante autoroutière devant relier Tizi Ouzou à l’autoroute Est-Ouest à Djebahia, dans la wilaya de Bouira, est en attente de livraison. Lancé en 2014, ce projet stratégique devait initialement être achevé en 36 mois, mais il accumule à ce jour près d’une décennie de retards, exacerbés par des contraintes techniques, des oppositions foncières et des défis financiers.
Malgré les nombreuses visites de responsables locaux, de chefs d’exécutif et de responsables de la tutelle visant à booster la cadence des travaux, les promesses de livraison demeurent incertaines, rendant d’autant plus pressant l’achèvement de cette infrastructure vitale. La nature du projet, cependant, a rendu sa réalisation particulièrement complexe. La topographie montagneuse de la région a nécessité la construction de 21 viaducs et de 92 tunnels, dont certains mesurent plus de 900 mètres de long.
Ces ouvrages d’art ont non seulement rallongé les délais de construction, mais ils ont également entraîné des surcoûts importants. Le coût initial de 55,96 milliards de dinars (près de 500 millions d’euros), fixé lors de l’attribution du marché en avril 2013 au groupement algéro-turc composé des entreprises Özgün, Nurol et Engoa, a dû être réévalué à plusieurs reprises pour faire face aux imprévus techniques et aux augmentations des prix des matériaux.
A cela s’ajoutent des oppositions de certains propriétaires fonciers, qui ont retardé l’acquisition des terrains nécessaires au passage de l’autoroute, malgré la déclaration d’utilité publique du projet par décret exécutif en avril 2012.
L’importance stratégique de cette pénétrante autoroutière ne peut être sous-estimée. Traversant les communes de Draâ El Mizan et Aït Yahia Moussa sur une longueur totale de 49 km, la pénétrante en question vise principalement à désenclaver des localités.
En se connectant à l’autoroute Est-Ouest, elle offrira une liaison rapide et sécurisée pour les voyageurs, les transporteurs et les entreprises, stimulant ainsi l’économie locale et facilitant le commerce. La livraison du projet permettra également de détourner une grande partie du trafic lourd, actuellement concentré sur les routes existantes, comme la RN12 et d’autres axes secondaires, qui traversent des zones urbaines denses, telles que Draâ El Mizan.
Progrès significatifs
Cette ville, à l’instar de nombreuses autres localités de la région, subit quotidiennement le passage de milliers de camions et de véhicules lourds, engendrant des embouteillages chroniques, des nuisances sonores et une pollution de l’air exacerbée.
Les infrastructures routières locales, déjà en mauvais état, se détériorent rapidement sous l’effet de ce trafic constant. En offrant une alternative plus directe et adaptée aux besoins des transporteurs, la nouvelle autoroute contribuera à réduire la pression sur ces routes et accroître la sécurité routière.
Les camions de transport de marchandises, en particulier, n’auront plus besoin de traverser les zones urbaines, ce qui devrait significativement diminuer les risques d’accident et les désagréments quotidiens pour les riverains.
Face à ces retards, les pouvoirs publics ont multiplié les visites de chantier et les réunions de coordination pour tenter de redresser la situation. Le wali de Tizi Ouzou, accompagné de son équipe et des responsables de l’Agence algérienne des autoroutes (ANA), a effectué plusieurs visites d’inspection, dont la plus récente date du 5 août 2024.
Lors de cette visite, les représentants des entreprises en charge de la réalisation ont présenté au wali un exposé sur l’état d’avancement des travaux. Les responsables ont souligné que des progrès significatifs avaient été réalisés sur les ouvrages d’art ces dernières semaines, mais ont reconnu que beaucoup restait à faire pour respecter les délais.
Le wali a insisté sur l’importance d’intensifier les efforts, d’augmenter le volume des travaux et d’assurer un suivi régulier sur le terrain, rappelant que toutes les contraintes avaient été prises en charge par l’Etat pour faciliter l’avancement du chantier. Lors de sa visite en février dernier, le ministre des Travaux publics, Lakhdar Rekhroukh, avait lui aussi pressé les responsables du groupement d’entreprises à livrer rapidement les sections les plus avancées du projet.
Il a fixé un nouvel objectif : livrer en premier lieu le tronçon de 19 km entre Draâ El Mizan et Bouira d’ici la fin de l’année 2024, tout en prévoyant l’achèvement complet du projet, incluant la section de 36 km reliant Draâ El Mizan à Tizi Ouzou, pour la fin de l’année 2025. Cependant, les nombreuses promesses de livraisons antérieures qui n’ont pas été tenues alimentent le scepticisme des habitants et des usagers, qui attendent avec impatience la mise en service de cette infrastructure importante et stratégique.
Au-delà des enjeux locaux, la pénétrante autoroutière Tizi Ouzou-Djebahia revêt une importance nationale en tant que composante clé du réseau autoroutier national. Elle vise à réduire les disparités d’accès entre les zones rurales et urbaines et à dynamiser les échanges économiques.
Bouira
De notre bureau Amar Fedjkhi