Pendant que la guerre génocidaire ne connaît pas de répit à Ghaza, en Cisjordanie, la situation explosive, marquée par de violentes incursions militaires, des arrestations brutales, des tueries, les agressions de colons armés sous la protection des forces de sécurité et la destruction des terres agricoles, a transformé le quotidien de la population en un véritable enfer.
Alors que l’armée sioniste intensifie ses raids génocidaires contre Ghaza, la population de Cisjordanie subit, depuis le 7 octobre dernier, une répression sanglante qui a conduit, selon le haut commissaire onusien des droits de l’homme, à la mort de 523 Palestiniens, tués par les forces armées sionistes. Dans un communiqué rendu public mardi en fin de journée, le haut responsable onusien, Volker Turk, a accusé Israël de «recourir souvent à la force létale comme première option dans des cas où les personnes abattues ne représentaient manifestement pas une menace imminente pour la vie des soldats», ajoutant : «La fréquence des décès de Palestiniens atteints dans la partie supérieure du corps, ainsi que le refus systématique de fournir une assistance médicale aux blessés (suggèrent) une intention de tuer en violation du droit à la vie, plutôt qu’une utilisation graduelle de la force et une tentative de désamorcer des situations tendues.»
T. Volker a indiqué en outre que la vérification des décès et le suivi approfondi par le bureau du haut commissaire onusien de plus de 80 cas de Palestiniens tués, «sur les 504 recensés», ont révélé «des violations constantes des lois internationales en matière de droits de l’homme, quant à l’utilisation de la force par les forces armées israéliennes», à travers «un recours injustifié et disproportionné à la force létale et d’une augmentation des exécutions ciblées manifestement planifiées». Ils montrent aussi, a-t-il noté, «le refus systématique ou le retard de l’assistance médicale aux personnes gravement blessées».
Le haut commissaire onusien a par ailleurs souligné que depuis le 7 octobre dernier, «malgré l’absence d’hostilités armées en Cisjordanie occupée», les forces armées sionistes ont «mené au moins 29 opérations militaires, comprenant des frappes aériennes par des drones ou des avions et des tirs de missiles sol-sol sur des camps de réfugiés et d’autres zones densément peuplées». Pour le responsable onusien, «la population de la Cisjordanie occupée est soumise, jour après jour, à une effusion de sang sans précédent», de ce fait, a-t-il souligné «il est inconcevable que tant de vies aient été fauchées de manière aussi gratuite».
Volker a interpellé Israël qui, selon lui, «doit non seulement adopter mais aussi faire respecter des règles d’engagement qui soient pleinement conformes aux normes et standards applicables en matière de droits de l’homme (…), toute allégation d’homicide illégal devait faire l’objet d’une enquête approfondie et indépendante et que les responsables devaient rendre des comptes (…)». Il a averti : «L’impunité généralisée pour de tels crimes est monnaie courante depuis bien trop longtemps en Cisjordanie occupée. Cette impunité a créé un environnement propice à la multiplication des homicides commis par les forces de sécurité israéliennes.»
9040 Palestiniens arrêtés
Le responsable onusien a fait remarquer que «l’ampleur de l’opération en cours des forces de sécurité israéliennes à Jénine, y compris le recours à des frappes aériennes répétées, ainsi que la destruction de biens soulèvent une série de problèmes graves en ce qui concerne les normes et règles internationales relatives aux droits de l’homme, notamment la protection et le respect du droit à la vie (…)». Selon le haut commissaire des droits de l’homme, «dans un contexte d’occupation, les morts résultant de telles frappes aériennes peuvent également constituer des homicides volontaires».
De ce fait, il a averti que «les opérations des forces israéliennes en Cisjordanie occupée doivent respecter les normes internationales des droits de l’homme relatives à l’usage de la force». Lui emboîtant le pas, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’Onu (OCHA) a indiqué qu’«à la suite des opérations aériennes et terrestres qui se déroulaient dans la ville de Cisjordanie, 10 Palestiniens, dont trois enfants, avaient été tués, selon le ministère palestinien de la Santé. Au moins 100 autres personnes ont été blessées, dont 20 seraient dans un état critique».
Abondant dans le même sens, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que «le nombre de blessés met à rude épreuve le système de santé fragile et sous-financé». L’Organisation a affirmé en outre que «des ambulances avec des équipes médicales ont été empêchées d’entrer dans certaines parties du camp de réfugiés et d’atteindre les personnes qui ont été grièvement blessées».
Au moins deux hôpitaux ont également été touchés par des attaques impliquant l’utilisation de munitions et de bonbonnes de gaz. Hier, la situation à Al Qods était à la limite de l’explosion, notamment durant «la marche des drapeaux» à laquelle ont pris part plus d’un millier de colons (dont beaucoup étaient armés) à la Mosquée d’Al Aqsa, sous la protection des forces de l’ordre.
Dans un communiqué commun, rendu public en début d’après-midi, les institutions religieuses d’Al Qods occupée, à savoir «Waqf islamique, le Conseil des affaires et des sanctuaires sacrés, la Commission islamique suprême, la Maison de la fatwa palestinienne, le Département des juges et la Chambre islamique Waqf de Jérusalem», ont mis en garde «contre les incursions, sans précédent dans la mosquée, de groupes juifs extrémistes, dans le cadre des célébrations de la soi-disant ''Unification de Jérusalem'' (…)».
Durant la nuit qui a précédé cette journée explosive, les forces d’occupation israéliennes ont procédé à l’arrestation de 15 Palestiniens de diverses zones de la Cisjordanie occupée, dont l’avocate Nidaa Ali Ahmed Abu Salah, l’épouse du détenu Mohammad Zughaibi, et des prisonniers libérés, ont affirmé la Commission des affaires des prisonniers et des ex-prisonniers et le Club des prisonniers, dans un communiqué commun, précisant que «les forces d’occupation israéliennes continuent de mener de vastes opérations d’arrestation impliquant des raids, des actes de torture, des passages à tabac brutaux, des menaces contre les détenus et leurs familles, des assassinats délibérés et la destruction de maisons civiles». Pour les mêmes sources, «le nombre total des arrestations, depuis le 7 octobre, a dépassé 9040, y compris les personnes arrêtées à leurs domiciles, aux points de contrôle militaire, ceux qui se sont rendus sous la pression et ceux pris en otages par les autorités israéliennes.
Ces arrestations se sont intensifiées d’une manière sans précédent après le 7 octobre, et touchent tous les segments de la société, des enfants, des femmes, des personnes âgées et malades». Dans sa dernière mise à jour, l’Unrwa a indiqué qu’entre «le 27 mai et le 2 juin derniers, au moins 175 opérations de recherche et d’arrestation par les forces de sécurité israéliennes ont été enregistrées en Cisjordanie, y compris à Al Qods. Plus de 135 Palestiniens ont été détenus pendant cette période, dont des réfugiés palestiniens.
Quatre Palestiniens ont été tués, dont deux enfants, abattus par l’armée israélienne, dans le camp d’Aqbat Jabr le 1er juin, au centre de la Cisjordanie. Le 30 mai, l’armée a lancé une opération à Ramallah, qui a provoqué l’incendie du marché aux légumes et fait au moins un blessé. Le 30 mai, au moins six Palestiniens ont été blessés par balles réelles lors d’une opération de l’armée dans le camp et la ville de Jénine.
Au cours de l’opération, les bulldozers de l’armée ont endommagé des véhicules, des routes et les infrastructures du camp. Le 31 mai, une opération de l’armée dans le camp d’Al Fawwar a vu au moins un secouriste de la Société palestinienne du Croissant-Rouge blessé et a fait un usage massif de gaz lacrymogènes». Un état des lieux extrêmement grave qui risque de plonger cette région dans le chaos.