Après la victoire de Pedro Nuno Santos au poste de secrétaire général du Parti socialiste portugais, le parti commençait dès hier à se mettre en ordre de bataille derrière son nouveau leader dans l’objectif des prochaines législatives du 10 mars.
«Ma responsabilité est de présenter un projet ambitieux et réformiste», a déclaré Pedro Nuno Santos, qui a remporté 62% des voix des militants du PS, après l’annonce de sa victoire samedi soir. «Mais il reste encore beaucoup à faire», notamment en matière de logement, d’emploi des jeunes ou de santé, a reconnu celui qui est devenu le neuvième secrétaire général du PS dans son discours de victoire, appelant à l’«unité» du parti avant les prochaines élections législatives.
Au siège du PS à Lisbonne, la transition se préparait dès hier avec un entretien entre le nouveau et l’ancien leaders socialistes. «Nous sommes tous unis pour assurer une continuité après le 10 mars, avec une nouvelle énergie et un nouvel élan», a déclaré, à l’issue de cet entretien, Antonio Costa qui a démissionné, il y a un mois, des postes de Premier ministre et de secrétaire général du PS, après avoir vu son nom impliqué dans une affaire de trafic d’influence. Pedro Nuno Santos, qui a dit compter sur son «expérience», est issu de l’aile gauche du parti. Secrétaire d’Etat aux affaires parlementaires, ministre aux Infrastructures et du Logement, il a exercé plusieurs responsabilités dans les gouvernements de M. Costa qui dirige le pays depuis 2015.
Cet homme politique de 46 ans, aux cheveux et à la barbe poivre et sel, était présenté depuis plusieurs mois comme l’un des prétendants à la succession de M. Costa. En 2015, il avait joué un rôle important auprès des partis de la gauche radicale qui ont permis aux socialistes d’arriver au pouvoir. Cet accord «était solide» et «a bien fonctionné», a souligné samedi M. Nuno Santos qui n’a pas fermé la porte à de nouvelles discussions avec la gauche, après le scrutin du 10 mars.
Cet homme politique, originaire du nord du Portugal, a débuté sa carrière aux jeunesses socialistes, parcours marqué par plusieurs polémiques. Il y a un an, il a été contraint de démissionner de son poste de ministre des Transports, en raison du scandale provoqué par le versement d’une indemnité de départ de 500 000 euros à une administratrice de TAP Air Portugal alors que la compagnie aérienne publique faisait l’objet d’un plan de restructuration.
«Nous apprenons» avec ces affaires, s’est justifié samedi soir M. Nuno Santos interrogé une nouvelle fois sur cette polémique, préférant rappeler que l’intervention dans TAP, pendant la crise sanitaire de la Covid-19, avait permis de sauver la compagnie.
L’adversaire de M. Nuno Santos dans ce scrutin interne du PS, l’actuel ministre de l’Intérieur, José Luis Carneiro, s’est dit disposé à coopérer avec la nouvelle direction. «A partir d’aujourd’hui, nous sommes tous socialistes», a affirmé M. Carneiro, issu du courant centriste du parti qui a obtenu près de 36% des voix.
Le Portugal a plongé dans la crise politique le 7 novembre, après une série d’arrestations et de perquisitions ayant débouché sur la mise en examen du chef de cabinet de M. Costa et de son ministre des Infrastructures, Joao Galamba, pour une affaire de trafic d’influence.
Le Parti socialiste et la principale formation d’opposition, le Parti social-démocrate (PSD, centre droit), apparaissent aujourd’hui au coude-à-coude pour les élections législatives, selon plusieurs sondages. L’ensemble de la droite devrait toutefois obtenir davantage de députés que la gauche, tandis que le parti d’extrême droite, Chega, pourrait réaliser une nouvelle percée électorale, selon ces enquêtes d’opinion.