Patrice Beaumelle. Entraîneur du MC Alger : «Je suis au Mouloudia pour un projet sportif»

07/05/2023 mis à jour: 07:09
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Patrice Beaumelle, l’entraîneur du Mouloudia d’Alger, effectue sa seconde expérience comme coach dans le football algérien. Il est passé par l’USM Alger comme membre du staff dirigé par son compatriote Hervé Renard aux premières années du professionnalisme en Algérie. 

A 45 ans, le natif d’Arles comptabilise un bon paquet d’années d’expérience dans le métier qui l’a conduit de 2005 à nos jours en Zambie, au Maroc et en Côte d’Ivoire comme entraîneur en chef à la tête des 3 sélections. Après le départ du Tunisien Faouzi Benzarti, le MCA s’est tourné vers Patrice Beaumelle, le convainquant de rejoindre le Doyen. Le coach français parle de sa venue au Mouloudia, le projet pour lequel il a accepté de s’engager, sa vision du football, ses attentes et bien d’autres choses.

 

Interview réalisée par  Yazid Ouahib

 

 

-M. Patrice Beaumelle, présentez-vous aux lecteurs.

Patrice Beaumelle, j’ai 45 ans, je suis entraîneur depuis 2005. J’avais 26 ans lorsque j’ai obtenu mes diplômes d’entraîneur. Entraîneur, c’est un sacerdoce. J’étais un jeune joueur en ligue 2 lorsque j’ai commencé à préparer mes diplômes. J’ai même été international en équipe de France Futsal avec qui j’ai participé à l’Euro en 2008 en Belgique. J’ai entraîné 3 sélections africaines (Zambie, Maroc, Côte d’Ivoire).
 

-Votre venue au MCA était programmée en 2022. Cela s’est fait une année plus tard.
 

Le président Abdelhakim Redjam m’a sollicité à l’été 2022. J’avais refusé de venir car depuis de nombreuses années je m’engageais dans des projets de construction et une fois que j’avais mis le projet en place, les coachs qui arrivaient derrière moi bénéficiaient de mon travail. Donc, j’avais dit à l’époque au président que si je venais dans un projet c’était pour exploiter le potentiel et gagner des titres. Le MCA n’était pas prêt et ne l’est toujours pas. Mais j’ai accepté de venir justement pour mettre en place mon projet et gagner dans l’avenir avec le MCA, le Doyen. Donc, si au départ je n’ai pas donné mon accord parce qu’à mes yeux les conditions de la réussite n’étaient pas réunies. A l’époque, j’ai reçu beaucoup de propositions d’Egypte, Zambie et Bénin. Avec le Ahly du Caire, le projet était bien avancé mais ne s’est pas concrétisé. La fédération française m’a sollicité pour entraîner l’équipe de la Ligue nationale de football professionnel (LNFP) composée de joueurs sans club. J’ai accepté. Le MCA m’a relancé et je me suis déplacé à Alger .
 

-Qu’est-ce qui a changé entre la première sollicitation (refusée) et la seconde (acceptée) ?

La première fois, le club n’offrait pas beaucoup de garanties pour mener à bien un projet. Le club était SDF. Aujourd’hui, le club va très bientôt s’installer chez lui à Zéralda et bénéficier des installations du nouveau stade de Douéra. Aujourd’hui, le Mouloudia est en train de se doter de tous les moyens pour réaliser un vrai projet sportif. J’ai adhéré. Je suis là pour accompagner le club. La première fois quand je suis venu et vu ce qu’offrait le Mouloudia, ce n’était pas ce que je voulais et j’attendais pour m’engager dans le projet. J’ai été honnête avec le président. J’ai décliné l’offre. L’outil de travail proposé ne me convenait pas. Par la suite les choses ont évolué positivement. J’ai constaté qu’il y avait matière à relever le défi et mener à terme le projet caressé.
 

- Vous êtes arrivé en milieu de saison. Quel bilan faites-vous des 3 mois de présence à la tête du MCA ?

Je préfère attendre la fin de saison pour parler du bilan de ma présence à la tête de l’équipe. Une fin de saison difficile nous attend. Nous jouerons nos chances à fond. Il y a une place à prendre sur le podium. Tous nos efforts seront concentrés sur cet objectif. Finir la saison le mieux possible est notre objectif prioritaire. Parler du long terme me paraît difficile. On fera le point en fin de saison…
 

-Vous semblez totalement en phase avec le projet du MCA et l’ambition du président.

Tout à fait. Je suis là pour contribuer à la réussite du projet ambitieux du club et l’engagement résolu du président Abdelhakim Redjam qui est constamment à notre écoute. Le projet mis en place, auquel j’ai contribué modestement avec mon vécu et expérience dans le football, avec le centre d’entraînement, le lieu de vie où les joueurs seront présents de manière permanente pour s’entraîner, subir des soins, être suivi sur tous les plans, se reposer dans un cadre qui leur sera totalement dédié permettra à terme au Mouloudia de rayonner en Afrique.

-On dit que vous avez révolutionné la vie en groupe à l’ISRA (Aïn Benian).

Je n’ai rien inventé. Avec le président et les staffs nous avons dressé un plan de situation et dégagé des propositions pour améliorer le travail et les performances. L’organisation mise en place et acceptée par tous consiste à observer une discipline dans le travail qui ne laisse rien au hasard. Le MCA était un club SDF, nous avons décidé de tout faire à l’ISRA qui est devenu notre place d’identité. Je contrôle tout. Les joueurs commencent à assimiler toutes les charges qu’impose leur statut de professionnels.
 

-La programmation des matchs durant le Ramadhan a posé problème ?
 

C’est une question qui appelle quelques clarifications de ma part. C’est vrai, j’ai marqué ma contrariété par rapport au problème évoqué. Le programme de préparation, la charge de travail quotidienne, tiennent compte de la programmation des rencontres de championnat et de la coupe. Deux semaines avant le match à Chlef, j’ai pris connaissance de la programmation de la rencontre face à l’ASO. Elle était programmée à 22h. Nous l’avons préparé en conséquence, c’est-à-dire en soirée. 48 heures avant le match on m’annonce qu’on joue à 15h45. Ce n’est pas la même chose. La preuve, les joueurs des deux équipes ont souffert de la chaleur et qui plus est en plein Ramadhan. J’ai dit, ce n’est pas normal. La ligue m’a convoqué et j’ai été auditionné par le commission de discipline à laquelle j’ai précisé que mes propos n’étaient pas une critique, mais juste un avis personnel. La ligue m’a infligé une amende financière (50 000 DA). Le calendrier pose problème lorsqu’il y a des coupes suivies de reprises »
 

-Comment qualifiez-vous le parcours et le rendement de votre équipe ?

C’est une équipe avec une caractéristique particulière. Elle encaisse peu de buts et ne marque pas beaucoup aussi. Elle est combative. C’est bien. Défensivement, elle est excellente. Son manque d’efficacité offensive lui fait perdre beaucoup sur le plan de la confiance. Devant le but adverse nous souffrons de l’absence d’un tueur. Conséquence, on ne fait pas peur. L’absence de l’avant-centre Merzougui pénalise l’équipe. Le jour où le problème de confiance sera résolu, les joueurs seront libérés et marqueront beaucoup de buts. Cet aspect on le travaille beaucoup à l’entraînement.
 

-Cet aspect psychologique ne se dissipera pas en un claquement des doigts.

Je sais et je m’y emploie avec le staff pour résoudre ce problème. Ne pas prendre de but c’est bien, mais marquer souvent et beaucoup c’est mieux pour tous.
Il y a encore du travail à faire pour être à la hauteur des ambitions d’un club de la dimension du Mouloudia.
Je ne vous le fais pas dire. Les grandes équipes gagnent toujours, ou presque, même lorsqu’elles ne jouent pas bien. C’est la marque de fabrique des grands clubs. Nous nous y employons pour être dans ces standards.

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