Dans son roman Gharib Fi Marsiliya (Un étranger à Marseille), Amira Hassani livre une expérience humaine poignante, empreinte de douleur et de souffrances, dictées par les tourments et l’adversité de la vie sociale, au fil des différentes périodes d’un parcours singulier et éreintant. Roman réaliste, publié en langue arabe aux éditions Casbah, Gharib Fi Marsiliya, déployé en 174 pages dans un élan de grande sensibilité, plonge le lecteur dans la vie de Ahmed, un jeune rêveur issu d’une famille pauvre, vivant un conflit interne et des troubles psychologiques pesants, résultat de traumatismes coloniaux profonds. Ce lourd passé colonial n’étant pas sans incidences sur sa vie familiale, Ahmed subissait quotidiennement les séquelles de tous les traumatismes emmagasinés, voyant se transformer le foyer dans lequel il a grandi, en arène à toutes sortes de conflits, une situation invivable qui va le pousser à quitter le village, et s’inviter à la vie citadine de la capitale Alger, avant de s’exiler à Marseille en France où il va s’essayer au métier de pêcheur. Les événements s’enchaînent dans une narration littérairement plaisante et le jeune homme décide, malgré l’humiliation et le mépris dont il est sujet à bord du bateau de pêche pour le statut qu’on lui a collé d’«étranger qui ne connaît pas le métier», se résilie à «panser ses blessures avec une poignée de sel et apprendre les principes de son nouveau métier», pour réussir un nouveau un nouveau départ. La quête de se reconstruire a donné du courage à Ahmed qui travaillait dur pour réussir sa nouvelle vie et se débarrasser de tous les soucis du passé, projetant même de devenir propriétaire de son propre bateau de pêche. Seul sur la côte marseillaise à travailler comme un forcené, Ahmed souffre de cet isolement qui s’est imposé à lui, le ramenant à de douloureux souvenirs familiaux à bord de son fameux «bateau bleu». Le jeune pêcheur trouvera son salut chez Leila, une jeune Libanaise, qu’il venait de rencontrer. Décidé à épouser Leila en 1983, voilà qu’Ahmed se retrouve, une fois de plus, rattrapé par la détresse et le malheur avec la disparition de sa promise dans un attentat terroriste en France. Pour sa première œuvre de fiction, Amira Hassani, a su mettre en valeur son talent de romancière et faire montre de ses capacités à tisser une belle trame cohérente. Née à Alger en 1997, Amira Fatima-Zahra Hassani est titulaire d’une maîtrise en langue française, option linguistique, obtenue à l’université d’Alger, ainsi que d’un certificat appliqué en comptabilité et finance.