La démission de Charaf Eddine Amara du poste de président de la Fédération algérienne de football (FAF) ne va rien régler. Son départ, acté dès la fin du match Algérie-Cameroun, va maintenir, et pour longtemps, le football algérien dans une zone de turbulences.
La désignation de Mohamed Maouche pour gérer la fédération durant 60 jours, jusqu’à l’élection du nouveau président de la FAF, est une grave entorse à l’article 17 du décret exécutif 14-330 qui précise qu’«en cas de démission, ou de vacance du poste de président de la fédération sportive nationale, le Bureau fédéral doit se réunir en session extraordinaire dans les 15 jours qui suivent pour constater la vacance et désigner un président parmi les vice-présidents, par ordre de préséance charger de gérer transitoirement les affaires de la fédération».
Cet article n’a pas été respecté. Le législateur a bien indiqué qu’il faut observer une période de 15 jours pour constater la vacance du poste et choisir celui qui assurera l’intérim. L’intronisation de Mohamed Maouche est donc entachée d’irrégularité. Tout membre de la fédération peut la contester auprès de qui de droit pour non-respect de l’article 17 du décret exécutif 14-330. Ça commence bien.
La procédure à suivre était la suivante. Après l’annonce de la démission du président, suivi du dépôt de la lettre de démission, celle-ci est enregistrée au niveau du secrétariat général de la FAF. Dans une seconde étape, les membres du Bureau fédéral sont convoqués pour constater la vacance du poste. Un procès-verbal est établi. Un intérimaire est alors désigné pour prendre la relève et convoquer une Assemblée générale élective dans les 60 jours qui suivent.
Ces manquements à l’article 17 du décret 14.330 doivent être sanctionnés.
Par qui ? Par la tutelle, le ministre de la Jeunesse et des Sports à qui l’article 181 de la loi du 23 juillet 2013 a conféré des pouvoirs étendus en matière de contrôle d’application de la loi. Des observateurs ont relevé la passivité et l’absence de réaction du MJS sur la question du non-cumul des fonctions électives allégrement transgressées par des membres du Bureau fédéral actuel depuis 12 mois.
De toute façon, le même article (17) du décret 14-330 du 27 novembre 2014 précise que durant la période transitoire, entre la démission du président et l’élection de son successeur, le ministère de la Jeunesse et des Sports doit être associé à toutes les étapes entreprises par la fédération. Reste le gros morceau de cet épisode.
A savoir, l’avenir des membres du Bureau fédéral après la démission du président Charaf Eddine Amara. Vont-ils rester, partiront-ils ?
C’est le débat de l’heure. Considérant qu’ils faisaient partie d’une même équipe fédérale, élue sur un même programme, qu’ils sont arrivés sur une liste conduite par le président, qu’ils étaient collégialement responsables dans la réussite ou l’échec, scellés à un même programme présenté et voté par l’Assemblée générale, ils ne devraient pas survivre au départ de celui avec qui ils sont arrivés au Bureau fédéral.
C’est une question d’éthique et de morale. Charaf Eddine Amara a été contraint d’écourter sa présence à la tête de la fédération parce que l’équipe nationale ne s’est pas qualifiée à la Coupe du monde 2022. C’était un objectif consigné dans le programme du président et des membres du Bureau fédéral.
C’est un échec collectif. Charaf Eddine Amara ne doit pas assumer seul les conséquences de l’échec. Le Bureau fédéral est une équipe solidaire, engagé collégialement sur un programme, un projet et des objectifs. Personne ne doit survivre à l’échec sportif.
C’est la logique que, à priori, plusieurs membres du Bureau fédéral ne veulent pas en entendre parler. Ils veulent prolonger leur présence à la fédération. Il appartient aux faiseurs de Rois d’agir. Le Bureau fédéral, sous l’ère Charaf Eddine Amara, était en situation d’échec. Il doit en assumer les conséquences collectivement. Alors disons-leur : «Partez, partez tous, partez vite !».