Parmi eux un journaliste, un chercheur canadien et un policier des frontières (paf) : Sept accusés dans l’affaire Amira Bouraoui sous mandat de dépôt

21/02/2023 mis à jour: 01:28
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Tribunal de Constantine

Le magistrat instructeur de la 1re chambre près le pôle judiciaire de Constantine a ordonné, dans la soirée de dimanche à hier, la mise sous mandat de dépôt de sept personnes, citées et arrêtées dans l’affaire de l’activiste Amira Bouraoui. Sa mère, Khadidja Bouraoui, a été placée sous contrôle judiciaire et devra se présenter tous les 15 jours au tribunal de Sidi M’hamed d’Alger. Le parquet du pôle judiciaire de Constantine, par lequel ont transité les accusés, a transmis au juge d’instruction deux dossiers. Dans le premier, quatre personnes ont été placées sous mandat de dépôt. Il s’agit du journaliste Mustapha Bendjama, Yacine Bentayeb, le cousin d’Amira, Miassi Djamel, le chauffeur du taxi, et un policier des frontières qui a apposé le sceau de la date de sortie de la PAF sur le passeport d’Amira Bouraoui au poste-frontière d’Oum Teboul (El Tarf). Citée également dans ce dossier d’«association de malfaiteurs dans le but d’exécuter le crime d’immigration clandestine dans le cadre d’une organisation criminelle», la mère d’Amira s’en est sortie avec un contrôle judiciaire. Quant à la seconde affaire, elle a trait à des accusations graves, dont la «participation à la réception de fonds depuis l’étranger», «réception de fonds depuis l’étranger dans le but d’effectuer des actes attentatoires à l’ordre public» et «publication sur internet d’informations classifiées de l’entreprise Asfertrade (Algérie Part de Abderrahmane Semmar)». Les accusés sont le journaliste Mustapha Bendjama, Raouf Farah chercheur universitaire canado-algérien, résident en Tunisie, et son père Sebti Faraf à Annaba, Habes Mountaha cadre dirigeant au sein de la société Asfertrade, filiale du groupe industriel Asmidal.

Toute cette affaire, qui fait couler beaucoup d’encre, a débuté au lendemain de la fuite d’Amira Bouraoui vers la Tunisie. Frappée d’une interdiction de quitter le territoire national (ISTN), condamnée à deux reprises à la prison ferme, la «fugueuse» a réussi, au début du mois en cours, à traverser la frontière algéro-tunisienne avant d’être exfiltrée vers la France. Une crise s’en est alors suivie entre les deux pays, si bien qu’Alger a rappelé son ambassadeur en France pour consultations. Un séisme diplomatique dont l’épicentre est la wilaya de Annaba.

Smartphones exploités, plusieurs arrestations

Confiée à la section de recherche et d’investigations, cette affaire a pris des dimensions importantes où les arrestations se multiplient jour après jour. En effet, toutes les personnes ayant eu un contact direct ou indirect avec le journaliste Mustapha Bendjama, dont le smartphone, qui a été confisqué lors de son arrestation le 8 février devant le siège de son journal, a été largement exploité. Ce qui a permis aux enquêteurs de la Gendarmerie nationale d’arrêter le journaliste universitaire et chercheur Raouf Farah, le mardi 14 février 2023, à son domicile familial, situé à Séraïdi (Annaba). Son père et sa mère ont été également interpellés puis relâchés, en confisquant aussi leurs téléphones. Le père a été convoqué de nouveau le 16 février 2023 à la brigade de recherche du groupement de la gendarmerie de Annaba, et placé en garde à vue. De nationalité canadienne, collaborateur avec le média algérien Twala.info et chercheur en géopolitique, Raouf Farah travaille également en tant qu’analyste senior pour la «Global Initiative», un centre de réflexion mondial sur le crime organisé. Par ailleurs, en voulant disculper Mustapha Bendjama, Amira Bouraoui a publié depuis la France des échanges de discussion sur un réseau social entre elle et le journaliste de Annaba, au lendemain de son arrivée en Tunisie, mais elle l’a enfoncé davantage. Pis, sa mère, une septuagénaire, a aussi été citée dans cette affaire lorsqu’elle a confirmé qu’elle a utilisé son passeport pour quitter le pays. Situation similaire pour son oncle et le chauffeur de taxi clandestin, tous les deux résidents à Annaba. Quant au policier des frontières qui a validé la procédure de son passage en Tunisie, il a été auditionné à Alger par les enquêteurs de la DGSN avant d’être écroué lui aussi avec les accusés dans ces deux affaires. Rappelons que toutes les personnes accusées dans l’affaire dite Bouraoui ont été placées en garde à vue à Annaba avant d’être transférées le 18 février à Constantine pour être présentées le lendemain, devant le procureur près le pôle judiciaire de Constantine. 

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