Paquebots de croisière : Bouffée d’oxygène pour une Turquie en crise

14/06/2022 mis à jour: 12:51
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Photo : D. R.

Le Costa Venezia, ville flottante de 20 étages, vient d’accoster à Galataport, en plein cœur d’Istanbul. A quai, il déversera jusqu’à 5260 passagers capables, en quelques jours, de dépenser plusieurs milliers d’euros dans la ville.

Galataport, port de croisières inauguré l’an dernier sur la rive européenne du Bosphore, dans le quartier de Karakoy, doit dynamiser le tourisme de luxe en Turquie.

Le pays ne va pas s’en priver : la livre turque se déprécie de jour en jour et l’inflation frôle les 75% sur un an, au plus haut depuis 1998. «Depuis le 1er octobre 2021, les bateaux arrivent les uns après les autres», explique à l’AFP Figen Ayan, responsable du port de Galataport.

«Ça donne une idée de la popularité et de l’importance d’Istanbul comme destination», se félicite-t-elle, soulignant que les premiers paquebots n’ont pas attendu les beaux jours pour accoster.

A Galataport se côtoient restaurants branchés - dont l’un du chef turc et star des réseaux sociaux Nusret Gokce, dit Salt Bae - enseignes turques et internationales et un hôtel chic. Le site offre aussi aux piétons une nouvelle balade avec vue imprenable sur la rive asiatique de la ville.

«400 dollars par jour»

Ce kilomètre le long du Bosphore était inaccessible aux riverains depuis deux siècles, mais des critiques ont souligné que ce projet faisait table rase d’une partie de la mémoire urbaine d’Istanbul et contribuait à la gentrification du quartier, situé non loin de celui de Galata, pris d’assaut par les touristes.

Figen Ayan voit les choses autrement et souligne que Galataport ouvre un nouvel accès au Bosphore et pas seulement aux croisiéristes. «Une première mondiale», assure-t-elle. L’industrie des croisières peine à se remettre à flot après le coup d’arrêt de la pandémie, mais la Turquie, qui voit déjà revenir les flots de touristes, compte sur Galataport pour doper encore les arrivées.

Une trentaine de navires ont jusqu’ici jeté l’ancre à Galataport et 200 autres sont attendus d’ici la fin de l’année, pour un total de 450 000 passagers. L’objectif est d’atteindre 1,5 million de croisiéristes et 25 millions de visiteurs par an.

«Nous pouvons désormais dire que la pandémie est derrière nous et que le secteur des croisières revit», affirme Figen Ayan, qui souligne que les croisiéristes ont un pouvoir d’achat plus élevé que le touriste lambda.

«Là où un touriste ordinaire dépense 62 dollars (58,5 euros) par jour, le passager d’un navire de croisière dépensera 400 dollars (378 euros)», détaille-t-elle.

«Coût environnemental»

Mais comme ailleurs, ce tourisme est très décrié. A l’été 2021, le gouvernement italien a ainsi interdit l’accès du centre historique de Venise aux grands paquebots, accusés de menacer le fragile écosystème de la lagune de la Cité des Doges et les fondations de son centre historique, classé au patrimoine de l’Unesco.

«Le coût environnemental des croisières est sept fois plus élevé que les entrées d’argent qu’elles génèrent», affirme à l’AFP Muharrem Balci, professeur agrégé à l’Université d’Istanbul.

Les paquebots, qui rejettent de larges quantités deau usée, ont un impact sur la vie marine et aggravent la pollution mondiale, souligne M. Balci.

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