Enième appel au secours et interminable incantation sans écho en retour pour que la justice ait droit de cité et que le droit recouvre enfin... ses droits. Le mal, hélas, persiste, incarné par les dérives de l’occupation, sans que l’instance onusienne n’agisse à la hauteur du forfait et de l’affront subis, à travers les «violations israéliennes» à Jérusalem qui ont mis à mal le statu quo international en vigueur. Par-delà les attaques périodiques, d’excités extrémistes sur l’Esplanade, suivies de provocations largement tolérées par la police, voilà une incursion, sur le site, du ministre Ben Gvir, figure de proue de l’extrême droite, accompagné des forces de sécurité, qui paradent sur l’Esplanade des mosquées, située dans la vieille ville de Jérusalem, dans le secteur palestinien occupé depuis 1967 et annexé par l’occupant depuis 1980. Malgré la prise de cette ville par l’armée israélienne en 1967, l’Esplanade reste gérée par le waqf, une fondation islamique, financée et dirigée par la Jordanie. Cette «visite», à forte connotation symbolique, prépare le terrain pour attenter au statu quo sur les lieux saints, en place depuis des années. Le rêve de prier au Mont du Temple mitoyen est toujours d’actualité. Encore une fois, la Palestine spoliée et meurtrie chaque jour appelle au secours. Faut-il encore une fois se condamner à subir le présent et le futur, dans cette tragédie palestinienne en regardant son destin comme une malédiction ? Plus d’un demi-siècle après, on constate que toutes les initiatives destinées à créer les conditions d’une paix juste et durable, reconnaissant les droits légitimes des Palestiniens, étrangers sur leur terre, sont vouées à l’échec. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, on pensait naïvement que d’autres murs, dont celui de la Palestine, allaient aussi tomber. Hélas, l’embellie de Berlin a laissé place à un monde devenu bien plus instable et imprévisible. La radicalisation revient en force à travers l’extrême droite qui essaime un peu partout dans tous les continents. L’arrivée récemment de cette dernière au pouvoir à Tel-Aviv n’est pas un bon signe pour la paix. D’ailleurs, elle n’a pas attendu très longtemps pour manifester ses haines en commettant de graves dérapages qui aggravent davantage les tensions et les antagonismes. De fait, il n’a sans doute jamais été aussi urgent de prendre la mesure du danger qui s’installe insidieusement, d’en comprendre les visées belliqueuses afin de tenter, au plus vite, d’avoir prise sur elles. Invoquer l’organisation des Nations unies, dépositaire de la paix dans le monde n’a pas beaucoup plus de sens que d’en appeler abstraitement à une «communauté internationale», qu’on serait bien en peine d’identifier. Peut-être faudra-t-il changer de fusil d’épaule, et s’adresser au Conseil de sécurité, qui, lui, semble avoir le bras long, en tout cas plus d’impact que l’Assemblée générale, en faisant la pluie et le beau temps, surtout lorsqu’il brandit son joker, c’est-à-dire le veto…, en tenant compte souvent de ses membres influents, puissants de leurs statuts et jaloux de leurs intérêts «L’onu, écrivait Ghassam Salamé, n’est rien d’autre que la fille mal-aimée des Etats, l’onu est à présent le symptôme de leur inquiétante maladie.»