L'assemblée de la province pakistanaise du Khyber Pakhtunkhwa a été dissoute mercredi 10 janvier par le parti de l'ex-Premier ministre Imran Khan, quelques jours après une manœuvre identique dans une autre province, afin de forcer la tenue d'élections anticipées.
L'assemblée provinciale du Pendjabavait également été dissoute samedi par le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI) de M. Khan, avec pour objectif de forcer le gouvernement à convoquer au plus vite des élections.
Dissolution à effet immédiat
Le gouverneur du Khyber Pakhtunkhwa, Haji Ghulam Ali, a signé mercredi une lettre dans laquelle il annonce dissoudre le Parlement régional «avec effet immédiat», à la demande du ministre en chef de la province, un haut responsable du PTI.
Le PTI détenait, seul ou en coalition, la majorité au Khyber Pakhtunkhwa (Nord-Ouest) et au Pendjab (Centre-Est), la province la plus peuplée du pays. De nouvelles élections devront être organisées sous trois mois dans ces deux provinces.
Pression sur la coalition au pouvoir
Les élections législatives doivent avoir lieu d'ici la mi-octobre au plus tard. Le gouvernement du Premier ministre, Shehbaz Sharif, fait tout pour qu'elles n'aient pas lieu plus tôt, afin de se donner une chance de redresser d'ici là l'économie et sa popularité chancelante. Imran Khan, qui avait été évincé en avril par un vote de défiance, continue à jouir d'une solide popularité.
La dissolution des assemblées provinciales fait partie de sa stratégie pour faire pression sur la fragile coalition au pouvoir et accentuer ses difficultés à gérer le pays. Il a aussi organisé depuis avril à cette fin de multiples et vastes rassemblements dans tout le pays.
Crises politique et économique : les Etats-Unis dans le viseur
Le Pakistan est en proie à une crise politique depuis l'éviction de l'ancien champion de cricket qui ne cesse de ressasser sa thèse selon laquelle sa chute aurait été le fruit d'une «conspiration» ourdie par les États-Unis.
Imran Khan était arrivé au pouvoir en 2018, après la victoire aux législatives du PTI, sur une plateforme populiste mêlant promesses de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption. Mais sous son mandat, la situation économique s'est dégradée et il a perdu le soutien de l'armée qui avait été accusée d'avoir contribué à le faire élire.
En novembre, il a été blessé par balle lors d'un rassemblement politique. Il a attribué cette tentative d'assassinat à son successeur et à un officier supérieur des services de renseignement de l'armée, sans fournir de preuves de ses allégations.
Le pays est également aux prises avec une grave crise économique, marquée par la chute de la roupie, une inflation galopante et l'assèchement des réserves de change. La situation a été aggravée par les inondations dévastatrices de l'été dernier.