Pakistan : Pas d’accord avec le FMI pour une aide financière

11/02/2023 mis à jour: 04:00
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Les négociations portent sur la reprise des versements par le FMI d’un prêt échelonné de 6,5 milliards de dollars, dont seulement près de la moitié a pour l’instant été versée. Obtenir le soutien du FMI est vital pour le Pakistan, au moment où ses réserves de change sont au plus bas, faisant peser la menace d’un défaut de paiement. Les discussions avec l’équipe du FMI, qui se sont achevées jeudi soir à Islamabad, ont permis des «progrès considérables (...) sur les mesures politiques pour corriger les déséquilibres internes et externes», a indiqué l’organisation monétaire dans un communiqué. «Des discussions à distance continueront ces prochains jours pour finaliser les détails de la mise en œuvre de ces politiques», a ajouté le FMI. L’économie du cinquième pays, le plus peuplé au monde, s’est effondrée parallèlement à une crise politique latente, avec une chute de la roupie et une inflation qui atteint des niveaux inégalés depuis des décennies, ainsi que des difficultés récurrentes à rembourser sa dette colossale. Les inondations dévastatrices de l’été dernier et une importante pénurie d’énergie ont accentué la pression. Le ministre pakistanais des Finances, Ishaq Dar, a assuré hier que les discussions s’étaient «conclues avec succès» et que l’ébauche d’un protocole d’accord avait été remise au gouvernement par l’équipe du FMI. Aucun accord formel n’a toutefois été annoncé par ni l’une ni l’autre des deux parties. La délégation du FMI était arrivée le 31 janvier pour négocier le versement d’une nouvelle tranche d’aide financière de 1,2 milliard de dollars, en échange de conditions draconiennes, dont le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, a estimé qu’elles «dépassaient l’imagination». Le FMI a notamment demandé de nouvelles hausses du coût de l’essence, du gaz et de l’électricité, pour s’attaquer au problème structurel de la «dette circulaire» du secteur énergétique, la réduction du déficit budgétaire, la fin des exonérations de taxes à l’export et une amélioration du recouvrement de l’impôt, selon une source gouvernementale pakistanaise.

Un accord avec le FMI permettrait ensuite au Pakistan d’obtenir une aide supplémentaire de la part des pays du Golfe ou de la Chine, ainsi que des prêteurs multilatéraux, comme la Banque mondiale. Le FMI a été échaudé par le non-respect par le gouvernement pakistanais de ses engagements passés, celui-ci craignant d’en payer le prix dans les urnes lors des élections législatives prévues en fin d’année. Malgré toutes ses réticences, le gouvernement a finalement lâché du lest fin janvier, en renonçant à ses interventions sur le marché des changes, puis en augmentant le prix de l’essence, deux conditions exigées par le FMI pour la reprise des négociations. Hier, M. Dar a annoncé une hausse supplémentaire d’environ 4% du prix de l’essence et une augmentation des taxes, sans donner plus de détails. Les mesures souhaitées par le FMI pourraient entraîner une nouvelle hausse de l’inflation. En janvier, la hausse des prix a atteint 27,55% sur un an, selon le bureau des statistiques, un pic depuis mai 1975. Les réserves de change de la banque centrale du Pakistan ont encore chuté de 170 millions de dollars en une semaine, s’établissant le 3 février à 2,9 milliards de dollars, selon des chiffres publiés jeudi. Début 2023, elles étaient tombées à moins de 6 milliards de dollars, au plus bas depuis près de neuf ans. En raison de la pénurie de dollars, les banques refusent depuis le début d’année d’ouvrir de nouvelles lettres de crédit pour les importateurs, hormis pour les denrées alimentaires essentielles et les produits médicaux. Des milliers de conteneurs se retrouvent ainsi bloqués dans le port de Karachi. L’industrie a déjà lourdement payé ces blocages. Elle craint que davantage d’usines ne soient contraintes à fermer leurs portes, ce qui aurait des conséquences catastrophiques sur l’emploi. «Le monde des affaires va être déçu. La seule façon de retrouver la stabilité, c’est par l’intermédiaire d’un accord. Le fait que le FMI parte sans accord accroît l’incertitude», a estimé auprès de l’AFP Abid Hasan, un ancien économiste de la Banque mondiale.

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