Paix et sécurité en Afrique : Les recommandations de Tebboune à l’UA

23/07/2024 mis à jour: 14:17
1646
Photo : D. R.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a insisté, dans son discours lu par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, à Accra, sur l’activation des mécanismes et instruments qui permettront à l’Union africaine (UA) de contribuer efficacement au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a appelé à la consécration du principe de solutions africaines aux problèmes africains. Dans un discours lu en son nom par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, lors du 6e sommet semestriel de coordination de l’Union africaine (UA), tenu dimanche dans la capitale ghanéenne Accra, le chef de l’Etat a souligné l’extrême importance de mettre en œuvre de manière concrète ce principe pour pouvoir faire face aux évolutions internationales accélérées et aux crises internes croissantes que connaît le continent.

Il est primordial, selon lui, que les gouvernements africains intensifient leurs «efforts conjoints» et mobilisent leurs «capacités collectives» dans cette direction afin qu’ils hissent cette organisation continentale au niveau des aspirations des peuples africains. Pour le président Tebboune, il ne s’agit pas d’un slogan creux mais d’un objectif «amplement stratégique».

Il relève dans ce sillage l’impératif de renforcer l’architecture continentale de paix et de sécurité à travers «le parachèvement de l’activation de tous ses mécanismes de prévention et de règlement des conflits, en particulier la Force africaine en attente (FAA), en vue de s’en servir, idéalement, face aux défis actuels».

La FAA fait partie des cinq piliers de l’Architecture de paix et de sécurité africaine (APSA). Le principal pilier de cette architecture est le Conseil de paix et de sécurité (CPS). Le Groupe des sages, le Système continental d’alerte rapide (SCAR) et le Fonds pour la paix font aussi partie de cette architecture grâce à laquelle l’UA cherche à promouvoir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent africain.

Le CPS s’appuie également sur les mécanismes régionaux pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits. L’un des objectifs de cette architecture est d’anticiper les différends, les conflits et les politiques susceptibles de conduire à un génocide et à des crimes contre l’humanité.

Le président de la République a insisté dans son discours sur ces mécanismes et instruments qui permettront à l’UA de contribuer efficacement au maintien de la paix et de la sécurité en Afrique. Il a affirmé que l’Algérie, qui assure la présidence de la Capacité régionale de l’Afrique du Nord (NARC), l’un des cinq organes de la Force africaine en attente, «poursuit ses efforts à l’effet de renforcer l’opérationnalisation de ce mécanisme régional».

Opérationnalisation de la NARC

La NARC est l’une des cinq forces régionales sur lesquelles s’appuie la FAA. Sa base logistique est à Jijel. Elle a été créée par l’Algérie, l’Egypte, la Libye et la République arabe sahraouie. Un exercice a été mené en 2023 au niveau de sa base logistique et un autre devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année. Lors de ce sommet, la Commission de l’UA a annoncé la pleine disponibilité de la NARC.

Cette décision est, selon le président Tebboune, le couronnement d’une série de visites d’inspection ayant permis aux experts de l’UA et de l’Organisation des Nations unies de «s’enquérir des capacités militaires, civiles et logistiques que recèle la Capacité régionale de l’Afrique du Nord, l’habilitant, conformément aux normes internationales, à prendre part aux opérations de maintien de la paix au niveau continental».

«Cette annonce est à même d’encourager les pays membres pour poursuivre les préparatifs de l’exercice de simulation d’une opération de déploiement d’une mission de soutien à la paix, prévu fin 2024, dans l’ambition de maintenir un haut niveau de préparation et d’assurer une réponse rapide et efficace aux situations impérieuses et urgentes», a-t-il ajouté.

En tenant compte de ces réalisations, le chef de l’Etat a formulé un certain nombre de recommandations allant dans le sens de l’accélération du processus d’activation de la FAA. Ainsi, il a appelé à accueillir favorablement l’opérationnalisation de la NARC et à assurer «le soutien nécessaire et indispensable au secrétariat exécutif de cette force nord-africaine en vue de la mise en œuvre de l’exercice de simulation programmé, qui constituera une valeur ajoutée pour la préparation de la Force africaine en attente».

Le président Tebboune a également relevé la nécessité d’«accélérer l’adoption du mémorandum d’entente relatif à la Force africaine en attente entre la Commission de l’Union africaine, d’une part, et les Communautés économiques régionales et les mécanismes régionaux, d’autre part».

Une étape extrêmement importante pour que la FAA puisse jouer son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité dans un continent déchiré par des guerres fratricides et des conflits déstabilisateurs.

Mais pas seulement, le président de la République a recommandé à ses pairs africains d’«aller de l’avant dans la révision du concept stratégique de la Force africaine en attente afin de l’adapter davantage à la doctrine de l’Union africaine concernant les opérations de maintien de la paix, tout en lui mobilisant l’appui nécessaire en tant que partie intégrante de l’architecture africaine de la paix et de la sécurité». Le chef de l’Etat a estimé dans ce contexte qu’il était temps que la Force africaine en attente joue pleinement son rôle «pour faire de l’Afrique dont nous aspirons une réalité tangible». «Une Afrique sûre, stable, intégrée et prospère.

Une Afrique qui contribue, avec responsabilité, à relever les défis liés à la paix et la sécurité», a-t-il souligné, tout en réitérant la détermination de l’Algérie à «agir, en sa qualité de membre non permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, pour défendre les intérêts du continent africain, faire entendre sa voix et mobiliser l’appui aux efforts conjoints des pays membres dans l’objectif de permettre au continent de jouer pleinement son rôle dans la préservation de la paix et de la sécurité en Afrique, conformément aux dispositions de la Charte onusienne».

Réformer le Conseil de sécurité de l’ONU

Cela, a-t-il précisé, «en attendant de corriger l’injustice faite au continent africain quant à sa représentativité au niveau du Conseil de sécurité». L’Algérie, faut-il le rappeler, œuvre inlassablement pour la réparation de cette immense injustice à travers la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, conformément à la position commune africaine définie par le consensus d’Ezulwini et qui consiste, entre autres, en l’octroi au continent de deux sièges permanents au Conseil de sécurité.

La réforme de cet organe exécutif des Nations unies est plus que jamais nécessaire dans un contexte international instable, marqué par la recrudescence des foyers de tension, à laquelle s’ajoute l’impuissance de la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour instaurer la paix et la sécurité dans le monde.

«Le génocide barbare commis par les forces de l’occupation à l’encontre du peuple palestinien en est la preuve», a ajouté le président Tebboune, qui a réaffirmé «la solidarité immuable et le soutien indéfectible de l’Algérie au peuple palestinien sans défense jusqu’au recouvrement de tous ses droits légitimes, en tête desquels l’établissement de son Etat indépendant avec pour capitale El Qods».

Il est à souligner que la réunion de coordination entre l’UA et les communautés économiques régionales (CER) a été instaurée en 2017 en remplacement du second sommet annuel que l’organisation panafricaine tenait autrefois en juin de chaque année. L’un des principaux objectifs de ce sommet semestriel est de se pencher sur l’état d’avancement de la mise en œuvre par les CER des politiques définies par l’UA, notamment en matière d’intégration économique.

La réunion d’Accra a été l’occasion pour les différents participants d’établir des constats sur l’aptitude des Etats et des communautés régionales à se conformer aux priorités définies par l’UA et à s’approprier les mécanismes et les instruments adossés à cette organisation continentale. Il a été également question, lors de ce sommet, de l’autonomie financière et politique de l’Afrique.

Cette autonomie financière, si nécessaire à l’indépendance décisionnelle de l’organisation continentale, passe impérativement par le paiement régulier des cotisations de ses Etats membres, comme l’exigent leurs obligations statutaires.

 

 

Copyright 2024 . All Rights Reserved.