La Côte d’Ivoire s’apprête à accueillir la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations qui débute aujourd’hui, de quoi réjouir les nombreux fans de football réputés pour leur ferveur dans ce pays qui espérait organiser de nouveau l’évènement depuis 40 ans.
Au marché de Cocody, dans le centre de la capitale économique Abidjan, des commerçants maliens, sénégalais et ivoiriens se chambrent, convaincus des chances de leurs sélections respectives. «La Côte d’Ivoire battra le Mali en finale !», dit l’un. «Impossible, ce sera le Sénégal !», répond l’autre. Avant le match d’ouverture de samedi entre le pays hôte et la Guinée-Bissau, l’ambiance monte peu à peu.
Et si beaucoup d’Abidjanais craignent les embouteillages les jours de matchs dans une ville habituellement déjà congestionnée, la tendance est plutôt à l’enthousiasme parmi la population. «Ce sera une ambiance de fou parce que tout le monde connaît la Côte d’Ivoire, un pays de gaieté et de joie !», prédit Lassina Kanta, un supporter de 21 ans qui espère aller au stade pour le match d’ouverture.
«Comme des petits pains !»
L’engouement dépasse les limites d’Abidjan. «Je n’ai jamais eu la chance d’assister à une Coupe d’Afrique. Je suis un homme heureux aujourd’hui et je ne manquerai aucun match au stade», assure à l’AFP Oumar Doumbia, mécanicien à Bouaké (centre) où le Burkina Faso et l’Algérie vont notamment jouer.
La Côte d’Ivoire n’a organisé qu’une seule fois la CAN, en 1984, une autre époque : seules huit équipes étaient alignées, contre 24 aujourd’hui. Dans la capitale économique, des ballons blancs siglés «Akwaba» (bienvenue» en langue akan, parsèment le pont qui mène au quartier du Plateau et les panneaux publicitaires aux couleurs de la sélection des Éléphants pullulent. Sur les marchés, les commerçants, habitués à écouler statuettes, masques et tissus, ont ajouté ces derniers jours les répliques du maillot officiel, vendu une dizaine d’euros, à leurs articles.
«Les maillots se vendent comme des petits pains ! Il y a des gens qui deviennent commerçants juste pour vendre les maillots», explique l’un d’eux, Lamine Koné. Les 24 sélections sont attendues dans cinq villes : outre Abidjan et ses deux stades, les équipes seront réparties entre la capitale politique Yamoussoukro, la grande ville de Bouaké, le port de San Pedro (sud-ouest) et Korogo (nord). «Mobilisons-nous pour faire de cette CAN une grande fête de la jeunesse, de l’hospitalité ivoirienne et de la fraternité africaine», a déclaré le président Alassane Ouattara lors de son discours à l’occasion du Nouvel an.
La réussite de cette CAN est en effet devenue une priorité absolue pour les autorités qui espèrent mettre à profit la compétition comme une vitrine du développement du pays. Car le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens pour s’assurer du succès de l’évènement : 1,5 milliard de dollars ont été investis au total. 1,5 million de visiteurs attendus. Outre les six stades construits ou rénovés, des ponts, des routes, des hôtels, des cités CAN pour loger les équipes, sont sortis de terre ces dernières années.
Avec un net coup d’accélérateur fin 2023. Robert Beugré Mambé, le nouveau chef du gouvernement nommé en octobre --qui a aussi hérité du portefeuille des Sports--, a multiplié les déplacements dans les villes hôtes pour mettre la pression sur les derniers chantiers.
Jeudi, à l’occasion du Conseil des ministres, il a assuré que la Côte d’Ivoire était prête à tous les niveaux : «Infrastructures sportives, dispositif pour l’accueil, transport et mobilité».
Les autorités veulent définitivement tourner la page du fiasco du 12 septembre lorsque le match amical Côte d’Ivoire-Mali avait été interrompu en raison de la pelouse détrempée par un orage, au stade d’Ebimpé en banlieue d’Abidjan.
Quelque 20000 jeunes bénévoles, 17000 membres des forces de l’ordre et 2500 stadiers seront mobilisés pour cette compétition durant laquelle les organisateurs attendent jusqu’à 1,5 million de visiteurs, notamment des pays voisins qualifiés comme le Mali, le Burkina, la Guinée et le Ghana. Jusqu’à la finale du 11 février, la compétition, remportée en 2021 par le Sénégal, est très ouverte. Les Éléphants de Côte d’Ivoire l’ont gagnée deux fois, en 1992 et 2015.
La CAN-2023 en chiffres :
Groupe A
Côte d’ivoire : 4% local et 96 évoluent à l’étranger
Guinée équatoriale : 4% local et 96 évoluent à l’étranger
Guinée-Bissau : 100% des joueurs évoluent à l’étranger
Nigeria : 9% local et 91% évoluent à l’étranger
Groupe B
Cap-Vert : 4% des joueurs issus du championnat local et 96% évoluent à l’étranger
Ghana : 11% des joueurs issus du championnat local et 89% évoluent à l’étranger
Égypte : 70% des joueurs issus du championnat local et 30% évoluent à l’étranger
Mozambique : 50% des joueurs issus du championnat local et 50% évoluent à l’étranger
Groupe C
Cameroun : 4% des joueurs issus du championnat local et 96% évoluent à l’étranger
Sénégal : 100% des joueurs évoluent à l’étranger
Guinée : 4% des joueurs issus du championnat local et 96% évoluent à l’étranger
Gambie : 86% des joueurs issus du championnat local et 7% évoluent à l’étranger et 7% sans club
Groupe D
Algérie : 16% des joueurs issus du championnat local et 84% évoluent à l’étranger
Angola : 23% des joueurs issus du championnat local et 77% évoluent à l’étranger
Burkina Faso : 100% évoluent à l’étranger
Mauritanie : 27% des joueurs issus du championnat local, 70% évoluent à l’étranger et 3% sans club
Groupe E
Mali : 4% des joueurs issus du championnat local et 96% évoluent à l’étranger
Namibie : 25% des joueurs issus du championnat local et 75% évoluent à l’étranger
Afrique du Sud : 87% des joueurs issus du championnat local et 13% évoluent à l’étranger
Tunisie : 30% des joueurs issus du championnat local et 70% évoluent à l’étranger
Groupe F
RDC : 4% des joueurs issus du championnat local et 96% évoluent à l’étranger
Maroc : 7% des joueurs issus du championnat local et 93% évoluent à l’étranger
Tanzanie : 60% des joueurs issus du championnat local et 40% évoluent à l’étranger
Zambie : 30% des joueurs issus du championnat local et 70% évoluent à l’étranger