Le parlement hongrois a ratifié hier l’adhésion de la Suède à l’Otan, ultime étape pour le pays nordique désireux de rejoindre l’Alliance atlantique depuis l’intervention russe en Ukraine, rapporte l’AFP.
La candidature de Stockholm a été approuvée à une écrasante majorité des députés (188 voix sur 199 sièges), après quasiment deux ans d’attente : aux tractations avec la Turquie, conclues par un vote positif en janvier, se sont ajoutés les atermoiements du dirigeant nationaliste hongrois, Viktor Orban, dernier réfractaire.
A l’ouverture de la session parlementaire, il a salué la récente visite de son homologue suédois Ulf Kristersson, étape essentielle pour bâtir «une relation juste et respectueuse entre les deux pays », au-delà des «divergences d’opinion». «L’entrée de la Suède dans l’Otan va renforcer la sécurité de la Hongrie», a-t-il ajouté, appelant les députés à procéder à la ratification.
Victor Orban a certes donné de longue date son accord de principe mais avant de boucler le processus, il exigeait du «respect» de Stockholm, après des années de «dénigrement» de sa politique.
Pour sceller cette nouvelle coopération, la Hongrie a annoncé vendredi l’achat de quatre avions de combat à la Suède venant renforcer sa flotte actuelle de 14 appareils Gripen. Le protocole d’adhésion de la Suède à l’Otan, qui requiert l’unanimité des membres de l’Alliance atlantique, est en suspens depuis mai 2022. Stockholm a annoncé sa candidature dans la foulée de l’offensive du Kremlin en Ukraine, en même temps que Helsinki.
Le pays a ainsi rompu avec sa politique de neutralité adoptée après la fin des guerres napoléoniennes au XIXe siècle, puis de non-alignement militaire depuis la fin de la guerre froide. Au fil des mois, la Hongrie n’a cessé de retarder l’échéance, invoquant à chaque fois des prétextes différents. Certains experts y ont vu une stratégie de chantage pour obtenir des concessions de l’UE et le déblocage de milliards d’euros de fonds actuellement gelés, d’autres le signe de la proximité de Viktor Orban avec le président russe Vladimir Poutine et le chef d’Etat turc Recep Tayyip Erdogan.
Mais pour l’analyste Mate Szalai, le Premier ministre hongrois privilégie avant tout les intérêts nationaux. «Il est allé aussi loin que possible», s’arrêtant juste à temps «pour ne pas causer de graves problèmes à la communauté transatlantique» , a-t-il affirmé. Tout comme il a bloqué pendant des mois une aide cruciale à l’Ukraine avant de céder début février sous la pression de ses partenaires de l’UE.
En adoptant une telle posture, il veut prouver que son petit pays de moins de 10 millions d’habitants compte et «ne doit pas être sous-estimé», a estimé le chercheur de l’université Ca’ Foscari de Venise. Il n’en récolte «pas de résultats tangibles en termes de politique étrangères», mais cette attitude de «confrontation» sur la scène internationale lui sert à «maintenir sa popularité à domicile».
Au risque d’être pris à son propre jeu : si la Hongrie a ratifié l’adhésion finlandaise trois jours avant la Turquie, elle est cette fois la dernière, malgré ses promesses.