Organe placé sous l’autorité du président de la République : L’Inspection générale des services de l’Etat enquête au groupe Sider

15/07/2023 mis à jour: 15:36
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Les opérations d’investissement concernant Sider El Hadjar n’ont pas donné les résultats escomptés

Quatre inspecteurs relevant de l’Inspection générale des services de l’Etat et des collectivités locales, organe placé sous l’autorité du président de la République, ont été dépêchés mercredi au groupe Sider de Annaba. Ils sont chargés d’éplucher, entre autres, les dossiers de l’investissement, du patrimoine et des finances.

C’est ce qu’a appris, hier, El Watan de ses sources. Des dossiers inextricablement mêlés que ces limiers de la Présidence ont la mission de défaire, sachant que le PDG de ce groupe est en prison depuis avril 2023 au terme d’une mission d’enquête menée par des éléments de cette même inspection. Il faut savoir que pratiquement toutes les opérations d’investissement qui ont concerné Sider El Hadjar n’ont pas donné les résultats escomptés.

Des centaines de millions de dollars qui ont profité maladroitement à des entreprises étrangères et nationales, privées et publiques de sous-traitance sans que la production de ce complexe ne soit augmentée. A cela il faut ajouter la corruption et la dilapidation des biens publics, encouragées par l’impunité.

«Pour la première phase de son plan de développement (matière première et le haut-fourneau) Sider El Hadjar s’est vu allouer une enveloppe financière estimée à 720 millions de dollars (environ 60 milliards de dinars). On aurait fait mieux si on avait acheté un complexe sidérugique clé en main. 

Des enveloppes qui ont été octroyées à Sider El Hadjar notamment à l’époque de l’ancien ministre de l’Industrie Bouchouareb, actuellement en fuite à l’étranger et les responsable du groupe Sider et l’usine d’El Hadjar de l’époque. La réhabilitation de la PMA et du haut-fourneau n°2 sont entre autres opérations qui ont siphonné des centaines de millions de dollars, vainement», ont dénoncé plusieurs cadres. 

Rappelons qu’une enquête avait été ouverte en octobre 2018, portant sur sept dossiers ayant trait à la gestion et aux marchés au complexe sidérurgique. Il s’agit en particulier de «marchés conclus de gré à gré, de paiements préalables de marchés avant leur achèvement, trafic de sable, achat d’équipements obsolètes, etc.» Ainsi, concernant un marché signé de gré à gré et portant sur la location de matériel de manutention, dont le montant est de 100 milliards de dinars, le PDG de l’époque avait indiqué à El Watan que «Sider El Hadjar n’est pas soumise au code des marchés».

Un marché conclu en 2016 pour l’achat de poches tonneaux, pour un montant de plus de trois millions de dollars, n’avait pas permis l’exploitation du matériel pour des «raisons techniques et de sécurité». A l’occasion de sa prise de fonction en avril 2020, Redha Belhadj, l’ancien directeur général de Sider El Hadjar, avait indiqué que «la situation financière du complexe est très difficile et exige la conjugaison des efforts de tous les partenaires pour relever le défi».

Il avait souligné l’importance de «poursuivre la concrétisation des projets du plan d’investissement aux-quels les pouvoirs publics ont affecté d’immenses ressources financières» pour, à horizon 2022, être en mesure de «fabriquer des produits ferreux conformes aux normes de compétitivité mondiale». En 2023, le complexe Sider El Hadjar est toujours agonisant malgré les efforts de quelques bonnes volontés qui tentent de maintenir sa flamme allumée.

Saisie conservatoire de 90 bus

Le pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed d’Alger a ordonné, encore une fois, la saisie conservatoire de 90 bus appartenant à deux entreprises privées, spécialisées dans le transport du personnel de Sider El Hadjar et de l’université de Annaba. Il s’agit des entreprises Ouled Rabia Tansport SNC et Soumamel SNC. 

Désormais, les bus de ces dernières sont sous la main de la justice en attentant un jugement exécutoire qui confirmera si ces biens sont issus d’un crime ou d’une infraction liée à la corruption, avons-nous appris de sources concordantes. «Même si la flotte et les chauffeurs des deux entreprises concernées par cette mesure judiciaire conservatoire continueront à assurer le transport du personnel de plusieurs entreprises implantées à Sider El Hadjar et l’université Badji Mokhtar de Annaba, l’administration de Sider El Hadjar a engagé de son côté des consultations avec des transporteurs pour parer à toute éventualité», prévoient nos sources. 

En effet, les bus destinés au transport du personnel de Sider El Hadjar, dont les propriétaires sont mis en cause dans le dossier du groupe Imetal, vont être remplacés sur ordre de la justice par ceux de deux entreprises publiques.

En effet, objet de saisie conservatoire en avril et juillet 2023, sur ordre du pôle pénal économique et financier de Sidi M’hamed d’Alger, ils seront bientôt retirés de l’entreprise sur ordre du magistrat instructeur.

Les deux entreprises publiques sont Transport Voyageurs Est (TVE) et l’Etablissement public de transport urbain et suburbain de Annaba (Etusa). 

Selon des cadres de ces deux entreprises publiques : «Les offres de TVE et Etusa sont sur le bureau du président-directeur général (PDG) de Sider El Hadjar. Nous attendons son accord afin de prendre en charge les circuits habituels pour le transport du personnel de l’entreprise.»

Cependant, abonde une source de TVE (ex-SNTV), «pour couvrir totalement les besoins de l’entreprise en matière de transport du personnel, Sider El hadjar doit s’engager à nous fournir cette prestation au moins pour les cinq années à venir, à l’effet d’amortir notre investissement qui consiste en la mobilisation de plusieurs bus selon le besoin affiché».

Une condition que Sider El Hadjar ne rejettera vraisemblablement pas, sachant que la qualité de prestation et celle des bus récents de l’entreprise TVE sont irréprochables. 

Ainsi, Sider El Hadjar et les deux transporteurs publics attendent, actuellement, le feu vert de la justice pour procéder au remplacement des entreprises privées mises en cause. 

Rappelons que le choix de ces deux entreprises publiques spécialisées dans le transport a été effectué par l’administration de Sider El Hadjar, qui a engagé fin avril dernier des consultations avec des transporteurs, notamment les sociétés étatiques citées. 

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