L’importance de la prévention dans le système de santé a été soulignée, mardi dernier, lors de l’annonce d’un prochain accord de partenariat entre l’Institut Pasteur à Alger et le groupe public Saidal pour la production de vaccins.
Le processus devra débuter par la fabrication du vaccin antigrippal, avant d’entamer celle des vaccins pour enfants. La couverture des besoins nationaux en la matière atteindra les 50%, selon les assurances des responsables présents à la cérémonie.
«Nous avons toutes les possibilités, c’est une question de volonté», a déclaré, à cette occasion, le ministre de la Santé. Même si elle n'apparaît pas pour la première fois dans le discours et dans l’agenda officiel, cette perspective répond à de nombreuses exigences et attentes aussi lancinantes que vitales. L’incidence première est de réduire sinon de lever les épreuves subies chaque année par les franges de la population auxquelles le vaccin contre la grippe saisonnière est prioritairement indiqué.
Des tensions ont été vécues par le passé quand ce produit importé était distribué parcimonieusement dans les structures publiques de santé. Comme dans toutes les situations de pénurie, les indications et les priorités sont alors inversées et ce ne sont pas les personnes les plus vulnérables qui avaient accès à la vaccination, en raison de la déficience de la communication accompagnant le dispositif.
Ces lacunes ont été largement comblées ces dernières années, tant sur le plan quantitatif qu’en matière de distribution et d’information, mais la dépendance à l’importation, prêtant le flanc aux contingences et aux fluctuations mondiales, est une véritable hypothèque sur la santé publique.
«Nous avons les ressources, l’expertise et l’intelligence nécessaires pour relever ce défi», ont réitéré les représentants des institutions et des organismes ayant joint leur voix et leur contribution à ce projet fort ambitieux de consacrer la production locale des vaccins. En renforçant la stratégie de prévention, le système de santé gagnera en efficience et cela au grand bénéfice de la population qui porte un intérêt particulier à ce secteur névralgique.
Les professionnels de la santé n’ont eu de cesse également d’appeler à une consolidation de la politique préventive qui, comme dans tous les autres secteurs et aspects de la vie nationale, est plus simple à mettre en œuvre que les réponses à adopter lorsque les maux et les pathologies ont atteint des stades avancés. Un lourd taux de mortalité est dû aux diverses complications induites par des affections virales ayant attaqué les systèmes immunitaires.
Par un investissement en amont de la chaîne sanitaire, il est possible de faire l’économie de la fabrication et de l’écoulement de grandes quantités d’antibiotiques et de traitements symptomatiques dont l’effet n’est notoirement pas bénin pour les fonctions vitales de l’organisme. La réhabilitation des sciences dans le système de formation et les cursus universitaires est enfin la dimension notable que revêt l’option engagée par les autorités centrales du pays.
Quand le monde était pétrifié par la pandémie de la Covid-19, tous les regards étaient braqués sur deux ou trois chercheurs qui œuvraient dans leurs laboratoires à la mise au point d’un vaccin. Passés, présents et à venir, les hommes de science doivent être le repère permanent pour les générations, leur parcours enseigné et leur message vulgarisé.
Le biologiste qui inventa le vaccin antigrippal, il y a quatre-vingts ans, puis celui contre la poliomyélite, refusait de faire breveter ses découvertes, afin d’en faire bénéficier le plus grand nombre à travers le monde.