La treizième Conférence ministérielle (CM13) de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’est ouverte hier à Abou Dhabi (Emirats arabes unis) pour se poursuivre jusqu’au 29 février.
La réunion se penche sur le fonctionnement du système commercial multilatéral, dont la réforme est l’une des priorités de l’OMC. Ce qui a été souligné hier à l’ouverture de la réunion, même si aucune avancée majeure n’est attendue en raison des divergences entre les principaux pays membres de l’Organisation sur cette question.
Face à un multilatéralisme «attaqué de toutes parts», la directrice générale de l’OMC, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, a appelé la communauté internationale à une plus grande «coopération» et à «réformer le système commercial international». «L’incertitude et l’instabilité sont omniprésentes», a-t-elle déclaré à l’ouverture de la conférence.
Et de réitérer sa mise en garde contre une «fragmentation» du commerce international, menacé par les tensions géopolitiques. La représentante de l’Organisation, citée par l’AFP, s’attend d’ailleurs à un abaissement des prévisions de l’OMC pour le commerce mondial de marchandises.
Initialement, l’OMC s’attendait à un rebond à 3,3%. Ouvrant la conférence, le ministre d’Etat émirati au Commerce extérieur, Thani Al Zeyoudi, a de son côté émis le vœu que la réunion soit «une rampe de lancement (...) pour la réforme de l’OMC».
L’OMC «doit rétablir un système de règlement des différends pleinement opérationnel et qui fonctionne bien afin de préserver le droit des membres à défendre leurs propres intérêts», a lancé par ailleurs le ministre du Commerce chinois, Wang Wentao, dans son message vidéo.
Cette rencontre ministérielle est en effet vue comme la dernière possibilité pour faire avancer les discussions sur la réforme avant une possible nouvelle élection de Donald Trump qui, durant son premier mandat, avait, pour rappel, lancé une guerre commerciale avec la Chine, bloqué la capacité de l’Organisation à trancher les litiges commerciaux. Il avait même menacé de la quitter.
En somme, les pays espèrent qu’Abou Dhabi puisse élaborer une feuille de route pour la réforme. Un réforme dont la volonté est née il y a deux ans pour ce qui notamment des accords sur la pêche et des brevets des vaccins anti-Covid.
Les 164 membres de l’OMC avaient décidé d’entamer des discussions pour réformer l’Organisation, afin d’améliorer son efficacité et remettre en état de marche, avant la fin 2024, son système de règlement des conflits commerciaux. Justement, la directrice de l’OMC a appelé les pays à reproduire ce «miracle» malgré les nombreux «vents contraires» économiques et politiques.
Des «vents» qui touchent notamment le volet agricole. En effet, la mise à jour des règles régissant le commerce mondial des produits alimentaires et agricoles est une priorité absolue pour les membres de l’OMC dans le cadre des négociations dont le début remonte à l’an 2000.
Les conférences ministérielles de 2015 et de 2013 ont donné de premiers résultats et la conférence la plus récente, en 2022, a abouti à une déclaration sur la sécurité alimentaire et à une décision sur l’aide alimentaire humanitaire dans le cadre d’un ensemble de résultats convenu par les membres.
Cependant, les négociateurs n’ont pas encore trouvé d’accord sur plusieurs questions non résolues relatives au programme de réforme, comme c’est le cas pour d’autres sujets majeurs.