Offensive du 20 août 1955 : Un impact décisif, des représailles à grande échelle

20/08/2022 mis à jour: 01:56
APS
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Les tueries perpétrées au stade de Skikda et les massacres de la population de la localité de Zfizef (wilaya de Skikda) ont atteint le summum de l’horreur des représailles commises par la soldatesque coloniale française et ses milices à la suite de l’offensive du 20 août 1955, a témoigné le moudjahid Moussa Boukhemisse.

L’offensive a été une étape charnière dans l’histoire de la Révolution de libération nationale, compte tenu de son impact politique et diplomatique, de par son écho retentissant ayant révélé au monde entier que la Révolution algérienne était capable, en à peine dix mois, de faire échouer les plans de l’occupant français. Le message adressé à l’occupant était clair : le peuple algérien est déterminé à arracher son indépendance et ne souhaite rien d’autre que l’indépendance. L’offensive fut ainsi un événement majeur à l’origine de multiple acquis pour la Révolution et un coup dur pour le colonialisme français. Le chahid Zighoud Youcef, commandant de la Wilaya II historique et architecte de l’offensive du 20 août 1955, a décidé son lancement en plein jour, à midi, pour montrer au colonisateur et à l’opinion publique internationale que ce qui se passe en Algérie est «une véritable Révolution de libération», a expliqué le moudjahid Boukhemisse. 
 

Dans un entretien à l’APS à son domicile, sis dans la commune d’Emdjez Edchich, le moudjahid a indiqué avoir rejoint le maquis en tant que simple djoundi dans la région de Sidi Mezghiche, quelques semaines avant l’offensive, alors qu’il était âgé de 17 ans. Il s’est remémoré que les djounoud avaient été réunis à la veille de l’offensive en groupes de 10. «Je faisais partie de celui de la mechta El Hamri dans la commune de Sidi Mezghiche», se souvient-il. «Le 19 août 1955, nous avons été regroupés dans une maison par nos responsables qui nous avaient interdit de sortir, en prenant soin de fermer les portes sans nous donner plus d’informations», a poursuivi le moudjahid, qui a enchaîné qu’«en début de la matinée du 22 août 1955, on ne savait toujours rien de l’offensive». Et d’affirmer : «Ce n’est qu’à 11h30 qu’il a été demandé à mon groupe de prendre le déjeuner et de se diriger aussitôt après vers Sidi Mezghiche pour lancer un assaut contre la caserne de la gendarmerie française dans la mechta El Hamri.» 
«Après avoir reçu l’ordre, mes camarades et moi nous nous sommes lancés pour accomplir la mission, mais en chemin, nous nous sommes aperçus que les forces coloniales étaient préparées à l’attaque et que la région était encerclée», a poursuivi Moussa Boukhemisse, expliquant que des citoyens munis d’armes blanches s’étaient rendus, un peu plus tôt dans la matinée, vers le centre de Sidi Mezghiche, ce qui a suscité les soupçons de l’occupant qu’une opération était en cours, notamment après les coups de feu tirés au lieu-dit Boussator causant la mort d’un nombre de citoyens. «Malgré cela, nous étions déterminés à poursuivre notre avancée vers la caserne qui était encerclée par des soldats français sur-armés», a-t-il déclaré, relevant : «Les moudjahidine ont donné l’assaut, mais de manière aléatoire.» Et d’enchaîner : «J’étais armé d’un pistolet et je voulais ardemment, comme mes camarades, atteindre un des soldats français. Hélas, nous nous sommes retrouvés encerclés et, pour notre survie, nous avons dû mettre le feu aux bottes de foin afin de provoquer une intense fumée et réduire la visibilité à l’ennemi pour couvrir notre retraite.»


Le groupe du moudjahid Boukhemisse s’est rendu par la suite dans la région d’El Kherba pour évaluer avec leurs responsables l’opération de Sidi Mezghiche. 


Pour sa part, Toufik Salhi, enseignant d’histoire à l’université 20 Août 1955 de Skikda et président du conseil scientifique du Musée régional du moudjahid colonel Ali Kafi de Skikda, a considéré que l’offensive est venue à un moment où la Révolution faisait face à de nombreux défis dus notamment au blocus imposé à la Wilaya I historique (Aurès), la faible coordination entre les chefs de la Révolution et le manque d’armes. 

Selon l’historien, l’offensive du 20 Août 1955, qui avait duré plusieurs jours, a porté à l’ennemi plusieurs coups audacieux à la faveur de la minutie de la planification et de l’exécution de ces actions. Les objectifs tracés pour cette offensive ont été atteints, consolidant la confiance et la détermination des moudjahidine à poursuivre la lutte armée jusqu’à l’indépendance, a-t-il noté. 

Ces opérations ont permis aussi à la Révolution de gagner la solidarité des pays arabes et de montrer à la communauté internationale la justesse de la cause nationale et l’implication entière du peuple algérien dans la lutte armée pour l’indépendance, a relevé le Pr Salhi. L’offensive avait amené beaucoup de responsables français à réviser leur politique coloniale en Algérie et fait échouer les manœuvres ourdies par l’administration coloniale, a ajouté l’universitaire. 

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