La numérisation du secteur des finances, outil indispensable d’aide à la décision, se révèle être un enjeu majeur et une préoccupation pressante pour le gouvernement.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, fixe un délai de six mois, «au maximum», à ses ministres pour la numérisation du secteur des finances, et ce, à titre de première phase avant la numérisation globale. Présidant dimanche un Conseil des ministres, le chef de l’Etat a, en effet, donné instruction à l’effet de «concrétiser le projet de numérisation des Domaines, des Impôts et des Douanes, dans un délai de six mois au maximum», indique un communiqué de la Présidence.
Une mission dévolue, selon le communiqué, à deux départements ministériels : le ministère des Finances et celui de la Numérisation et des Statistiques, qui auront la lourde charge d’atteindre cet objectif. «Un objectif vital pour l’Etat», a affirmé M. Tebboune, tout en enjoignant au gouvernement de recourir aux «meilleurs experts, compétences nationales et bureaux d’études internationaux», outre «la mise en place d’une banque de données» pour la concrétisation de cet objectif.
Aux yeux du chef de l’Etat, la numérisation relève de la «sécurité nationale». «L’objectif de la numérisation n’est pas seulement de moderniser les transactions administratives, mais relève de la sécurité nationale et vise à servir le citoyen, notamment à travers la définition exacte des biens de l’Etat et des individus», précise le communiqué.
S’il est vrai que des avancées notables ont été accomplies dans différents ministères, en particulier celui de l’Intérieur, il n’en demeure pas moins que la cadence imposée au processus de numérisation en Algérie ne suit pas forcément le rythme effréné du changement technologique. Ni les discours, sans cesse répétés, des officiels. L’ancien ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, avait, rappelons-le, déclaré, en mai 2020, que «tous les travaux liés à la numérisation de l'administration du Domaine de l’Etat ont été lancés».
Outil de pilotage
Il a ajouté, lors d’une séance à l’APN, que tout l’«équipement nécessaire avait été acquis pour mener à bien cette opération à laquelle le programme du président de la République accorde un intérêt particulier». A l’occasion du Nouvel An 2022, son prédécesseur, Aïmene Benabderrahmane, actuel Premier ministre, exprimait son attachement à l’«accélération de la numérisation de tous les secteurs, notamment ceux des Impôts, des Douanes et des Domaines».
Malgré cela, les citoyens ne ressentent pas une amélioration significative, tel que souhaité, des normes de gestion et des règles de digitalisation au niveau des services des finances. Et ce, notamment, au niveau local et dans les structures décentralisées du département des finances.
Un département où l’enjeu de la numérisation se situe au-delà de l’aspect purement technique impliquant, entre autres, une mutualisation des ressources informatiques, le développement de plateformes transversales, l’analyse des risques et la définition d’une cartographie des points de résistance dans les secteurs sensibles des Impôts, des Douanes et des Domaines.
L’enjeu consiste plutôt à disposer d’un outil de pilotage efficient à même de permettre d’anticiper sur de futures échéances économiques, politiques et géopolitiques.