Les discussions se poursuivent dans une atmosphère de travail, de franchise et de coopération», a déclaré Rafael Grossi à la mi-journée. A l’issue des autres réunions prévues dans la journée, «j’aurai un meilleur jugement» sur les résultats des discussions, a-t-il ajouté au cours d’une conférence de presse avec Mohammad Eslami, le directeur de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Mais, sans attendre, le chef de l’agence de l’ONU s’est déclaré persuadé que, avec les «discussions constructives» qu’il avait déjà eues, «nous allons ouvrir la voie à des accords importants». Il n’a pas précisé quelles pourraient être ces avancées, mais l’objectif déclaré de cette visite était de «relancer le dialogue» en vue d’une éventuelle relance des négociations sur l’accord conclu en 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances pour limiter les activités nucléaires de l’Iran en échange d’une levée des sanctions internationales contre le pays. Cet accord, connu sous l’acronyme de JCPOA, est moribond depuis le retrait des Etats-Unis, décidé en 2018 par le président Donald Trump, et la République islamique s’est dans la foulée progressivement affranchie de ses engagements.
Après sa réunion avec M. Grossi, M. Eslami a assuré que les autorités iraniennes allaient «continuer à travailler» avec l’AIEA, tout en appelant les autres parties, notamment les trois pays européens (Allemagne, France et Royaume-Uni) à «respecter leurs obligations» dans le cadre du JCPOA. Après M. Aslemi, M. Grossi a rencontré à la mi-journée le chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir Habdollian, qui a récemment affirmé que «la fenêtre» pour relancer le JCPOA était «ouverte» mais qu’elle ne «resterait pas toujours». Une possible rencontre de M. Grossi avec le président Ebrahim Raïssi a été évoquée de sources diplomatiques à Vienne avant la visite, mais elle n’a pas été confirmée à Téhéran. M. Grossi devait faire un bilan de sa visite lors d’une conférence de presse à son retour à Vienne en fin de journée.
Inquiétudes occidentales
Il doit ensuite en présenter les résultats lors d’un conseil des gouverneurs de l’AIEA prévu la semaine prochaine. Selon les avancées obtenues, Washington, Londres, Berlin et Paris décideront de soumettre ou non une proposition de résolution blâmant Téhéran pour les nouvelles évolutions de son programme nucléaire. Leurs inquiétudes ont été récemment renforcées par un rapport confidentiel de l’AIEA, selon lequel des particules d’uranium enrichi à 83,7%, soit un peu moins des 90% nécessaires pour produire une bombe atomique, ont été détectées dans l’usine souterraine de Fordo, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Téhéran. L’Iran, qui nie vouloir se doter de l’arme nucléaire, s’est justifié en faisant état «de fluctuations involontaires» au cours du processus d’enrichissement et en assurant «n’avoir pas fait de tentative pour enrichir au-delà de 60%», comme l’a répété hier M. Eslami. La France a néanmoins jugé jeudi qu’il s’agissait d’«un développement sans précédent et extrêmement grave». M. Grossi n’a pas précisé s’il avait obtenu un accès renforcé au site de Fordo et une augmentation du nombre d’inspections de l’AIEA permises par le gouvernement iranien. Il a indiqué que les discussions se poursuivaient pour résoudre le différend avec Téhéran concernant la découverte l’an dernier de traces d’uranium enrichi sur trois sites non déclarés. L’Iran avait fait l’objet d’un rappel à l’ordre lors de la dernière réunion de l’AIEA, en novembre 2022, pour son manque de coopération sur cette question. Par ailleurs, les Occidentaux s’inquiètent du fait que l’Iran enrichit toujours à des niveaux plus élevés, loin de la limite fixée par l’accord à 3,67% : il dispose ainsi de 434,7 kg d’uranium à 20% (contre 386,4 kg auparavant) et de 87,5 kg à 60% (contre 62,3 kg).