Au centre de la bande de Ghaza, un bombardement israélien a fait huit morts près d’une école abritant des familles déplacées. Au camp de réfugiés d’Al Nuseirat, Mohammed Abd Rabbo, un journaliste palestinien, a péri avec sa sœur suite à un raid contre leur maison située au marché d'Al Nuseirat, a annoncé hier le Syndicat des journalistes palestiniens.
L’armée israélienne a mené hier de nouvelles frappes sur la bande de Ghaza qui ont fait plusieurs morts, tandis que la Cisjordanie connaît un embrasement d’une rare intensité.
Selon l’agence Reuters, les forces d’occupation sionistes «ont envoyé des chars plus profondément dans Khan Younès, dans le sud de la bande de Ghaza, et ont lancé des frappes dans toute l’enclave (…) tuant au moins 34 Palestiniens mercredi, selon des médecins».
D’après des témoignages de citoyens de Khan Younès cités par l’agence britannique, les chars israéliens ont fait hier une incursion surprise dans le centre de cette ville du sud de Ghaza.
L’occupant a ordonné des évacuations des secteurs situés à l’est de la ville, forçant une nouvelle fois de nombreuses familles à fuir pour se mettre en sécurité, tandis que d’autres «étaient coincées chez elles». Selon les autorités sanitaires de la bande de Ghaza, les raids israéliens à Khan Younès ont fait au moins 11 morts.
A Deir Al Balah, au centre de la bande de Ghaza, où au moins un million de personnes se sont réfugiées, un bombardement aérien a tué huit Palestiniens près d’une école abritant des familles déplacées. Selon l’agence Wafa, l’attaque a eu lieu dans le périmètre de l’école Al Manfalouti abritant des déplacés, à l’est de Deir Al Balah.
164 journalistes tués depuis le 7 octobre
Au camp de réfugiés d’Al Nuseirat, toujours dans le centre de l’enclave, un journaliste palestinien, Mohammed Abd Rabbo, a péri avec sa sœur suite à une attaque israélienne contre leur maison située au marché d'Al Nuseirat, a annoncé hier le Syndicat des journalistes palestiniens.
Le syndicat a publié sur les réseaux sociaux une image montrant la dépouille du journaliste, avec, posé sur son buste, un gilet estampillé «Press», devenu en soi le symbole de la résistance de nos confrères et nos consœurs palestiniens à la machine de guerre israélienne.
Ce gilet «Press» exhibé dans toutes les funérailles des confrères tués en Palestine, c’est aussi pour signifier que l’armée israélienne n’hésite pas à tirer sur des reporters qui couvrent l’actualité sanglante à Ghaza, et qui sont clairement identifiés comme tels.
Selon le Syndicat des journalistes palestiniens, 164 reporters et correspondants de presse ont été tués depuis le début de la guerre contre Ghaza, 185 ont été blessés, 50 sont en détention, et 86 entreprises de presse ont été détruites. Devant la situation humanitaire catastrophique que connaît depuis près de 11 mois maintenant la bande de Ghaza, le petit territoire martyrisé est exposé à la propagation de la polio.
Selon ONU-Info, «un premier cas a été confirmé pour la première fois en 25 ans dans l’enclave chez un enfant de 10 mois non vacciné qui a souffert de paralysie». L’OMS, l’Unicef et l’UNRWA «organisent une campagne de vaccination visant à atteindre 645 000 enfants de moins de 10 ans dans la bande de Ghaza», ajoute la même source.
«Plus de 1,2 million de doses de vaccin prélevées sur le stock mondial sont déjà arrivées dans l’enclave et l’équipement de la chaîne du froid est en place», poursuit le document de presse de l’ONU. On apprend par ailleurs qu’en prévision de cette campagne, les agences onusiennes ont organisé une «formation des vaccinateurs» qui vient de s’achever.
«Désinformation»
Si tout est fin prêt, sur le plan logistique, pour lancer la campagne de vaccination, restent les contraintes sécuritaires sur le terrain, du fait du bombardement incessant de Ghaza. «Les modalités d’accès en toute sécurité pour les agents de santé n’ont pas encore été précisées et aucune date n’a été annoncée pour le début de la campagne», signale Onu-Info. L’une des difficultés majeures est la multiplication des ordres d’évacuation qui obligent à chaque fois des centaines de milliers de personnes à migrer d’une région à l’autre.
«Chaque ordre d’évacuation est synonyme de départ de tout le monde», relève Onu-Info. Or «chaque fois qu’un hôpital est quitté, il y a beaucoup de pillage et beaucoup d’équipements – comme les générateurs, l’énergie solaire, toutes les choses que nous avons mis beaucoup de temps à remettre en place – sont pris à chaque fois.
Ce n’est donc pas seulement que l’hôpital lui-même ne fonctionne pas, mais il est souvent très endommagé par l’expérience de l’ordre d’évacuation», souligne Margaret Harris, porte-parole de l’OMS. L’ONU a tenu également à confirmer la «sûreté du vaccin contre la polio qui sera administré à Ghaza».
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, a déploré la «désinformation» qu’il y a eu autour du vaccin. «Je tiens à préciser ce qui suit : le moyen le plus sûr et le plus efficace de protéger les enfants contre le virus de la polio, quel que soit le variant, est de les vacciner», a-t-il insisté lors de son point de presse quotidien, mardi, à New York.
Selon Onu-Info, «plusieurs articles de presse sont apparus en ligne en Israël et aux Etats-Unis, citant deux scientifiques israéliens affirmant à tort que le vaccin contre la polio qui doit être utilisé à Ghaza est ''expérimental'' et constitue un danger pour les citoyens de Palestine et d’Israël».
Abdourrahmane, un bébé qui a l’âge de la guerre et atteint de la polio
Le porte-parole de l’ONU a réitéré son message mercredi : «Ce vaccin est sûr, efficace et offre une protection de qualité supérieure», a-t-il répété. «C’est un vaccin recommandé à l’échelle mondiale par l’Organisation mondiale de la santé pour les épidémies de poliovirus variant de type 2».
Et devant la persistance des frappes israéliennes, faute d’un cessez-le-feu, l’UNRWA a appelé hier à une «pause humanitaire» qui permettrait d’entamer la campagne de vaccination. «Nous travaillons, avec l’Unicef et l’OMS, au lancement au plus vite d’une campagne de vaccination à grande échelle contre la polio à Ghaza. Pour cela, nous avons besoin d’une pause humanitaire», a déclaré l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens via la plateforme X.
«Nous ne pouvons pas vacciner les enfants sous un ciel rempli de bombes et de frappes. Nous avons besoin d’humanité», implore l’UNRWA. Al Jazeera a consacré récemment un reportage au premier enfant qui a attrapé le virus de la polio dans la bande de Ghaza en un quart de siècle. Il s’appelle Abdourrahmane Abou El Jadiane.
Il n’a pas encore fêté son premier anniversaire. Abdourrrahmane a quasiment l’âge de la guerre contre Ghaza. «Il est né avant la guerre d’un mois», précise le reportage. Il n’aura connu que les cris, les larmes et le fracas des bombes. Il est la première victime de la résurgence de la polio et cela est en lien direct avec la situation sanitaire épouvantable à Ghaza.
Sa mère a déclaré à Al Jazeera que son bébé «a souffert d’une forte fièvre il y a quelques semaines, accompagnée de diarrhées et de vomissements», ajoutant qu’il «est resté environ deux semaines au service de pédiatrie de l’hôpital Shuhada Al Aqsa, dans le centre de la bande de Ghaza». La famille de Abdourrahmane est originaire du nord de Ghaza. Elle a dû migrer vers le Sud en quête de sécurité.
Et avec les ordres d’évacuation répétés, elle redoute de ne pas pouvoir vacciner le petit. «Mon enfant jouait et s’amusait. Il se préparait à apprendre à marcher. Il était plein de vitalité. Maintenant il est incapable de bouger. Il a perdu l’appétit et dort tout le temps» témoigne sa maman, la voix étranglée par l’anxiété.
Le président du Conseil européen appelle au «respect du droit international humanitaire»
Le président du Conseil européen, Charles Michel, a appelé hier au respect du droit international dans la bande de Ghaza en précisant que le Conseil cherche à coordonner les efforts avec les pays de la région pour obtenir un cessez-le-feu.
«Nous soutenons l’entrée de produits alimentaires et sanitaires de base dans la bande de Ghaza, et le droit international humanitaire doit être respecté partout», a-t-il insisté selon des propos rapportés par l’APS, soulignant que l’occupation de la Cisjordanie est illégale.
Charles Michel a également indiqué que le Conseil européen soutient les efforts des Nations unies pour faire entrer de l’aide et des vaccins dans la bande de Ghaza.
Il a alerté sur le fait que la situation à Ghaza est «catastrophique». « Nous essayons d’éviter une nouvelle escalade dans la région», a-t-il fait savoir, ajoutant que les dirigeants de l’UE sont unanimes quant à l’urgence d’un cessez-le-feu en Palestine occupée. M. B.
40 534 morts et 93 778 blessés
Le bilan de la guerre menée par les forces d’occupation israéliennes contre la population de Ghaza s’élève jusqu’au 28 août à 40 534 morts et 93 778 blessés, selon le ministère de la Santé du gouvernement Hamas à Ghaza. La même source précise que l’occupant a commis quatre massacres en 24 heures, entre mardi soir et mercredi matin, qui ont fait 58 morts et 131 blessés. M. B.